XIII - My love

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SAMEDI 29 SEPTEMBRE 2018

- Je ne sais pas pourquoi je ne t'ai jamais posé la question, mais il est où ton père ?

Il y avait des milliers d'étoiles dans le ciel ce soir-là et pourtant, je ne voyais que Jack. On était allongé dans l'herbe, nos deux corps l'un à côté de l'autre. On avait pour habitude de venir dans ce parc après notre premier baiser. Il venait me chercher à mon balcon et je descendais le rejoindre. C'était assez cliché mais vraiment pratique, à recommander.

- Tu es sûre de vouloir entendre ça ? protesta t-il en tournant sa tête vers moi.

- Et toi, t'es sûr de vouloir me le dire ? le remis-je en question.

Il détourna son regard vers le ciel, ouvrit la bouche puis la referma. Pourquoi hésitait-il autant ?

- Je te fais confiance, crois-moi. C'est juste que je ne veux pas que t'aies pitié de moi... avoua t-il.

- Regarde ma vie, pourquoi est-ce que j'aurais pitié de toi, sérieusement ? plaisantais-je.

Il me fixa d'un air amusé. Parfois, il fallait savoir rire de sa situation.

- Au début, on était une famille des plus basiques, mon père était une personne bien et tout le tralala. Mais un soir, il est rentré du travail et depuis ce jour-là, il est devenu distant avec nous. Six mois après, durant une après-midi particulièrement chaude, quelqu'un sonna à la porte alors qu'on n'attendait personne. Enfin du moins, c'est ce que ma mère et moi pensions contrairement à mon père qui s'était précipité pour ouvrir en nous disant qu'il attendait un colis. Jusque là tout semblait normal, puis on a entendu des pleurs de bébé. Intriguée, ma mère s'était approchée de l'entrée où en fait se tenait une femme avec un enfant d'à peine trois mois dans les bras. Cet enfant était mon demi-frère. Oui mon connard de père avait couché avec cette femme et la voilà nous donnant le bébé avant de s'enfuir car elle n'avait pas les moyens de s'en occuper. Toute la soirée mes parents se criaient dessus, beaucoup de verres se sont brisés, ma mère pleurait et moi je restais dans ma chambre pour ne pas voir ça. Le lendemain, mon père était parti avec l'enfant, sans rien nous laisser, pas même une lettre, ni un message. Je ne l'ai plus jamais revu.

Je n'ai plus les mots face à son histoire... Quel père peut abandonner sa famille, comme ça, du jour au lendemain ? Même le mien a été un moins gros connard puisque mes parents se disputaient tout le temps, ils ne s'aimaient plus vraiment alors que là, le sien est parti sans prendre le temps d'affronter la situation. Il a préféré fuir au premier obstacle plutôt que de se battre pour sa famille.

- Et tu avais quel âge ? soufflais-je dans un élan de courage.

- Douze ans, émit-il faiblement.

Ses yeux brillaient et mon coeur se fendit face à cette image. Il avait raison, la pitié était une sensation que l'Homme ressentait inévitablement et que je ressentais à ce moment même. Je déposai un rapide baiser sur sa joue et mis ma tête sur son torse. Il apporta sa main vers mes cheveux et les caressa tendrement comme s'il me consolait alors que ça devrait être l'inverse.

- On pourrait faire un concours de celui qui a la vie la plus nulle, tentais-je de détendre l'atmosphère.

Je sentis son ventre se lever puis s'abaisser car il rigolait.

- Toujours le mot qui convient avec toi, se moqua t-il gentiment.

- Toujours, répétais-je un sourire collé sur le visage.

Une quinzaine de minutes plus tard, un bruit suspicieux se fit entendre. Je me redressai d'un coup, apeurée à l'idée que le gardien du parc soit là.

Le Prince Charmant Est Une Ordure {Terminé}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant