Chapitre 15

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« Les dieux de la vengeance exercent en silence. », Jean-Paul Richter

Un nuage passa dans le ciel et cacha le morceau de soleil visible par le trou dans le mur que contemplait Cassiopée

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Un nuage passa dans le ciel et cacha le morceau de soleil visible par le trou dans le mur que contemplait Cassiopée. Elle cligna des yeux, lentement. Le sel de ses larmes lui collait les cils, elle s'était un peu plus enroulée dans les vestes que Sirius lui avait laissées. Son corps était faible. Presque mort, en fait : la jeune femme était là sans vraiment l'être. Sa fièvre ne baissait pas. Elle n'arrivait pas à manger, arrivait encore avec peine à boire un peu d'eau. Sans arrêt, l'inconscience la submergeait : elle se sentait sombrer dans le noir, parfois elle délirait. Elle voyait des choses, entendait des choses avant de se réveiller brusquement de ces moments de trance, chevrotante, allongée sur la pierre froide et quelques rayons de lumière apitoyés passant par les creux dans le mur froid. Les journées étaient toutes les mêmes, même ses pensées semblaient maintenant se répéter.

Cassiopée se passa une main sur le front en sueur, tremblante, avant de tendre le bras. Dans un coin sombre, elle avait posé un petit carnet que Madame Christophe lui avait apporté lorsqu'elle lui avait demandé. En ricanant, elle lui avait craché à sa figure en disant qu'elle ne l'avait que fait pour respecter les vœux d'une mourante. Elle avait eu avec ça un crayon à papier, une vieille plume et un petit pot d'encre. La jeune femme n'avait au début pas su quoi écrire, quoi mettre sur ces petits rectangles de vide. Un après-midi, absente, elle avait pour la première fois osée poser la mine de son crayon sur le papier.

Lentement, elle avait tenté de dessiner sa mère.

Sa main tremblait, elle n'avait pas vraiment de talent particulier, mais elle avait essayé. Cassiopée savait qu'avec sa mort, le souvenir de ses parents et de sa famille s'étendrait avec elle. Elle s'était alors promis de donner ce carnet à Sirius : ce cahier qui, dans sa cellule misérable et son état maladif, lui servirait de testament.

Sa mère avait eu les cheveux bruns. Toujours en chignon, avec un foulard quand elle allait aux champs. Elle avait eu un de ces visages marqués par la vie, des ridules de rire et d'amertume marquant ses traits doux. Elle avait eu les yeux bleus : un bleu ciel, un bleu azur, qui ressortait particulièrement les jours chauds d'août où sa peau avait pris le soleil et que sa peau prenait un halo doré.

Elle avait tenté de dessiner son père.

C'était un grand homme : sa tête dépassait toujours de la foule. C'était un homme sérieux, calme, qui parlait rarement. Instruit, comme sa mère. Il avait eu les cheveux sombres : des boucles qui avaient doucement blanchies au fil du temps, des yeux gris comme Valentin et Cassiopée. Des yeux couleurs de lune, disait toujours la mère et Valentin avait alors une fois répondu : Est-ce que c'est pour ça que Cassiopée a un nom d'étoile ?

Elle avait tenté de dessiner Valentin. L'air sérieux, comme son père, mais avec cet air rêveur au coin de l'œil. Les yeux gris, les cheveux sombres. Elle l'avait dessiné à la mer.

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