❝La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne.❞
Il était une fois, dans un village tout juste sortit d'une guerre féroce, une jeune femme aux longs cheveux qu'on appelait Raiponce. Enfermée pour rembourser la dette de ses parents, elle...
« L'amour comme un vertige, comme un sacrifice, et comme le dernier mot de tout. », Alain-Fournier
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Sirius resta immobile un instant, une fois que Max l'avait lâché et refermé la porte. Il tituba ensuite en arrière, se rattrapant au mur avant d'être pris par surprise par l'odeur de Madame Christophe. Elle l'observa un instant en silence.
« Quelque chose ne vous a pas convenu ? Vous êtes bien pâle. » Un sourire en coin, mordant et cruel, éclaira le visage de la femme âgée. Sirius serra les poings. Il se força à garder une mine stoïque devant l'ironie de Madame Christophe. Evidemment que quelque chose n'allait pas.
La chambre n'allait pas.
Cassiopée était malade.
Il se sentait pris au piège.
Encore une fois, c'était la vie qui se moquait de lui : comme un serpent, elle s'enroulait autour de lui et l'étouffait petit à petit. Sirius relâcha ses poings.
Sourit.
« C'était parfait, Madame Christophe. », dit-il. La vieille femme sembla soudainement prise de court et ne fit qu'hocher lentement la tête, les pensées tournant rapidement derrière ses yeux de fouine. Sans un mot de plus, Sirius lui tourna le dos. A grands pas, menton levé, il descendit les escaliers de L'Innocent et sortit de la maison close. Dehors, il faisait froid : la lune s'était absentée derrière les nuages. Sirius enfouit ses mains dans ses poches un peu trop petites. Il avança lentement, traversa les petites rues.
Il avait à nouveau baissé la tête. Dévasté. Son corps avait à nouveau perdu la posture d'aristocrate pour laquelle un précepteur avait été engagé dans son enfance. Mais Sirius n'était plus un aristocrate, n'était plus un duc ni même vraiment un soldat. Il était un homme tourmenté par une bête, tourmenté par la vie, un homme au cœur brisé. Il avait juré à Cassiopée de la soigner : seulement n'avait-il pas d'argent et pas le temps.
Sirius exhala avant de rester immobile un instant, sa tête retombant dans sa nuque, les yeux fermés.
Il pouvait retourner chez son père : inventer une excuse pour son absence. Demander de l'argent, même faire appeler un médecin. Mais une fois de retour, son père ne le laisserait plus repartir. Il ne reverrait pas Cassiopée, il serait à nouveau enfermé dans un carcan de normes et de ragots qu'il ne se sentait plus en état d'affronter. La guerre l'avait brisé : tout ceux qu'il avait connu, ses amis, étaient pour la plupart mort : il restait les quelques chanceux qui avaient survécu et ceux qui n'avaient même pas dû partir. L'idée de se retrouver affublé de l'image d'un héros de guerre, de valeureux combattant revenu du combat le rendait malade. Sirius avait tué, inutilement, injustement, comme un crétin lâche : de loin, caché derrière des mottes de terre et les mains tremblantes. Il n'avait pas été courageux et il ne s'était pas battu pour une cause noble, il ne s'était pas sacrifié pour une idée noble : il était parti par fierté et naïveté, avait failli mourir comme les autres et était revenu en lambeaux.