❝La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne.❞
Il était une fois, dans un village tout juste sortit d'une guerre féroce, une jeune femme aux longs cheveux qu'on appelait Raiponce. Enfermée pour rembourser la dette de ses parents, elle...
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Il était une fois une petite ville sinistre. Perdue entre la campagne et le front, la guerre avait détruit la plupart des maisons et des champs : le ciel semblait constamment gris et terne. Tout au bout de cette ville, au fond de la dernière rue et entre deux lanternes, se trouvait une maison close. Une maison des plaisirs pour certains, un bordel pour les autres. Un enfer pour Cassiopée. Lorsque la guerre avait commencé et que son frère était déjà parti au front, ses parents avaient perdu la vie dans un bombardement.
Il avait fait nuit et Cassiopée avait été allongé dans son lit trop petit au matelas trop dur, fixant le plafond de sa chambre minuscule. Un sifflement avait retentit et elle avait fermé les yeux. Elle avait l'habitude d'entendre les bombes tomber. Toutes les nuits, des maisons étaient rasées de la surface terrestre, emportant dans leurs débris leurs habitants avec leurs vies et leurs souvenirs. Cette nuit-là, pourtant, le sifflement avait été plus proche que d'habitude. La jeune femme avait espéré, avec honte devant tant d'égoïsme, que ce ne soit pas sa maison mais celle d'à côté qui soit touchée.
Quelques secondes plus tard, sans même qu'elle n'ait réellement le temps de comprendre ce qui était en train de lui arriver, une explosion fracassante avait retentit et murs et sols de la maison de famille ridiculement insignifiante avaient volé en éclat. Cassiopée avait été projetée au sol tandis que tout autour semblait vibrer, trembler et se briser en des milliers de morceau. Elle n'avait même pas eu le temps de crier : un pan de mur l'avait assommé tandis qu'un morceau métallique lui avait transpercé la chair. Son ventre en portait encore la cicatrice.
Lorsque le soleil s'était à nouveau levé derrière l'océan de grisaille, Cassiopée avait été retrouvée vivante. Blessée, mais vivante. Ses parents n'avaient pas eu cette chance. Le père de Cassiopée était allongé sur sa mère, comme s'il avait vainement tenté de protéger le corps frêle de sa femme avec son propre corps trop faible. Les deux visages inertes et les yeux vitreux s'étaient encrés dans la mémoire de la jeune femme.
Ils avaient été enterrés avec d'autres corps, l'après-midi même, sans réel cérémonie et sans réels adieux. Cassiopée n'avait même pas eu le temps de pleurer que déjà on était venu la chercher pour lui annoncer qu'elle devait rembourser les dettes de ses parents décédés.
Elle ne venait pas d'une famille riche : déjà avant la guerre, il avait fallu emprunter de l'argent pour survivre les hivers où la famine rôdait à chaque coin de rue. Cassiopée avait été désespéré. Elle n'avait plus de maison ni biens. Son frère était au front, ses parents sous terre. Elle n'avait pas de diplôme, comme certaines grandes dames de la ville. Les créanciers avaient été de plus en plus menaçants et, désespérée, elle avait fini par se rendre à la maison close, appelait ironiquement L'innocent. Madame Christophe l'avait fait entrer. Sa blessure au ventre avait été soignée et on lui avait donné une chambre. Madame Christophe lui avait dit qu'avec la guerre, elle avait perdu pas mal de filles et que Cassiopée pourrait travailler dès que possible.