❝La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne.❞
Il était une fois, dans un village tout juste sortit d'une guerre féroce, une jeune femme aux longs cheveux qu'on appelait Raiponce. Enfermée pour rembourser la dette de ses parents, elle...
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Lentement, Sirius rouvrit les yeux. Il était encore allongé dans le lit chez la comtesse, dénudé, le corps fatigué. Il se força à s'assoir. Ses membres étaient encore lourds, sa peau était striée de griffures, de morsures. La comtesse avait été d'humeur violente et il l'avait laissé faire passivement. Plus il avait été silencieux et immobile, plus elle s'était déchaînée. Une étrange relation s'était instaurée entre eux : elle savait qu'il la haïssait, qu'il la méprisait pour le marché qu'elle l'avait forcé à accepter. D'une certaine façon elle le méprisait en retour, mais plus elle le méprisait, plus elle le désirait. La comtesse était une femme malade. Et Sirius n'avait pas le choix.
Il ne savait pas encore comment il sortirait Cassiopée de L'Innocent mais peu à peu, ses pensées commençaient à former des plans. Si seulement il n'avait qu'un tout petit peu plus de temps. Si Cassiopée n'était pas malade, Madame Christophe pas si cruelle. Il se passa une main dans les cheveux avant de se lever du lit. La chambre au luxe ostentatoire lui semblait étouffante, la myriade de miroirs recouvrant les murs lui renvoyant son propre visage, ses propres yeux encore lourd de fatigue et de désespoir. En face de lui, quelqu'un avait rempli un bol en porcelaine délicat d'eau savonneuse. En titubant, Sirius s'en approcha, pris le linge blanc et odorant, proprement plié, et le trempa dans l'eau avant de se passer sur le corps. La nuque, les épaules. Les bras, la poitrine. Plus bas, plus bas, tentant d'enlever les restes de parfums que la comtesse avait portés et qui était restés sur sa peau.
Pendant un instant, Sirius se demanda comment Cassiopée pouvait supporter son métier. Comment elle arrivait à ne pas devenir folle en enlevant tous les soirs une différente odeur d'homme de son corps frêle. Il se souvint du matin où il l'avait croisé chez la couturière, ses yeux gris bordés de violence, son visage tuméfié. Il cligna des yeux, regarda son propre corps. Il portait des griffures sur le bras et le torse, les cuisses. Des morsures et traces de désirs dans sa nuque. Sirius frotta violemment sa peau sans parvenir à enlever ces marques, sans parvenir à effacer la saleté invisible de sa peau nue. Un bruit impuissant échappa à ses lèvres avant qu'il ne laisse tomber le morceau de tissu imbibé d'eau et de savon au sol. Sirius serra les dents. Il avait envie de jeter le bol au sol, de briser les miroirs, de brûler les draps souillés et le lit. Il avait envie de détruire toutes les traces de cette mascarade, toutes ces richesses délicates que la comtesse exhibait, en cachant sous son masque de fleurs et de dorures toute la noirceur de son âme. Le jeune homme serra les poings, les desserra.
Il avait besoin de partir d'ici.
Lentement, il se retourna et chercha ses habits. Dans un coin, sur une chaise en velours dont les côtés avaient été sculptés en forme de deux angelots, la comtesse avait daigné lui laisser sa chemise, son pantalon et ses chaussures. Sirius s'habilla avec des gestes contrôlés. Derrière la grande fenêtre ornée de rideaux en brocart, le soleil brillait haut dans le ciel, semblant se moquer du jeune homme. Sirius jura violemment avant de sortir à grands pas de la chambre. Le couloir était vide : toute la demeure semblait silencieuse et immobile. Il avança jusqu'à la porte d'entrée. Un majordome était silencieusement debout à côté. Il tenait dans ses mains le manteau de Sirius.