Chapitre 2

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« La tristesse vient de la solitude du cœur. », Montesquieu.

Sirius avait longtemps attendu avant de se rendre à L'innocent

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Sirius avait longtemps attendu avant de se rendre à L'innocent. Il avait d'ailleurs attendu longtemps avant de se rendre à nouveau parmi les hommes en général. Il avait passé des mois à se tenir à l'écart, à se cacher dans les bois et dans des baraques abandonnées, survivant comme il le pouvait. La présence à l'arrière de sa tête avait gagné en personnalité, la bête en présence. Au début, son corps ne semblait habiter par l'animal que durant les nuits de pleines lunes. Les premières nuits, il s'était réveillé nu et seul, allongé dans la forêt, du sang sur les mains, sans aucun souvenir. Dès ce moment-là, il avait compris que la bête ne prenait pas seulement le contrôle de son corps : elle prenait aussi la vie à ceux qui croisait son chemin. Sirius avait avancé en titubant jusqu'à une rivière, au plus profond de la forêt et avait passé des heures à nettoyer son corps, frottant sa peau encore et encore, même lorsque chaque plus petite trace de sang était parti.

Il avait même voulu mourir.

La bête avait seulement ricané.

Il s'était allongé au sol et n'avait plus bougé, dans l'espoir de dépérir de faim ou de soif, persuadé qu'il devait être puni pour avoir fait du mal à des êtres vivants desquels il ne pouvait même pas se souvenir. La bête ne l'avait pourtant pas laissé. A chaque seconde où il sentait que son cœur allait défaillir, que son corps était trop faible pour continuer et que des larmes silencieuses de soulagement avait coulé sur ses joues, il y avait eu cette présence, cette chose, qui l'avait forcé à survivre.

Sirius avait dû continuer. Il s'était trouvé un endroit pour vivre. Une petite maison cachée entre les arbres. Un large sapin se trouvait à l'arrière et à chaque fois que la pleine lune apparaissait dans le ciel, le jeune homme enchaînait son corps à l'arbre pour empêcher la bête d'agresser des innocents. Mais peu à peu, la bête prenait le contrôle de son corps durant la journée : à chaque émotion forte, son corps semblait soumis à la transformation brutale à laquelle elle l'obligeait. Un jour, Sirius avait osé s'approcher d'un homme passant par hasard dans la forêt pour lui demander s'il avait un morceau de pain : avec ses habits déchirés et son air hagard, l'homme avait dû pour le prendre pour un bandit et n'avait pas tardé à insulter le jeune homme. La colère était rapidement venue et la bête en avait rapidement fini avec le pauvre homme.

Sirius avait été dévasté et s'était réfugié plus loin dans la forêt, cachant son corps tremblant entre les sapins sombres.

Ainsi, il avait été seul pendant des mois. N'osant pas aller parmi les gens. Hanté par des cauchemars où les cadavres des soldats qu'il avait vu mourir dansaient dans sa tête et les cadavres plus récents, morts par les crocs de la bête. Sursautant à chaque bruit ressemblant à une explosion, vivant avec un sentiment de culpabilité perpétuel pour avoir survécu et vivre encore. Tous les soirs, il continuait néanmoins à lire les lettres de la sœur de Valentin. A prétendre que ses mots lui étaient réellement destinés tandis que ses mains tremblaient et que ses yeux brillaient d'une tristesse qu'il ne se permettait pas de sortir. Un matin, la solitude avait été trop étouffante. Même la bête à l'arrière de sa tête semblait souffrante, gémissant violemment. Sirius avait eu besoin de voir quelqu'un, de parler, de toucher un autre être humain pour se sentir lui-même humain à nouveau. Il ne voulait plus être l'ombre d'un homme hanté par une bête étrange qui le terrorisait et contre laquelle il ne pouvait rien faire. Sirius s'était rendu en ville. Il avait tenté de faire la conversation : il avait même acheté des habits et était sorti le soir. Il avait été incapable de réellement rencontrer quelqu'un. Il n'arrivait plus à trouver les bons mots pour discuter convenablement. Les autres le mettait mal à l'aise, les rires forts, l'argent dépensé à flot, les airs heureux et libres sur les visages.

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