❝La pire souffrance est dans la solitude qui l'accompagne.❞
Il était une fois, dans un village tout juste sortit d'une guerre féroce, une jeune femme aux longs cheveux qu'on appelait Raiponce. Enfermée pour rembourser la dette de ses parents, elle...
« Les cauchemars ne sont en fait que des rêves, en plus réalistes.», Dimitri Vallat.
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Cassiopée attendait calmement sur son lit que Madame Christophe vienne frapper à sa porte pour lui annoncer la venue de Sirius d'un visage morne. Il revenait tous les soirs. Quand tous les autres clients étaient partis et que flottait dans le bordel une odeur lourde et étouffante de plaisir et de fumée mêlées à des accents de parfums trop chers, il entrait silencieusement. Sirius ne parlait jamais beaucoup. Il attendait que la propriétaire arrive avant de demander de sa voix étrange s'il pouvait aller dans la chambre de Raiponce. Cassiopée savait que Madame Christophe commençait à être sceptique.
Elle n'aimait pas les clients qui revenaient trop souvent, les amants trop attachés n'apportaient que des ennuis.
La femme âgée ne pouvait s'empêcher de demander à Sirius s'il ne préférait pas voir une autre des filles plutôt que Raiponce. De plus, Madame Christophe ne pouvait pas comprendre son attachement pour elle – la blessure hideuse de Cassiopée au ventre lui donnait des allures de rescapée de guerre.
Cassiopée soupira et allongea d'une main lente les draps de son lit un peu fripée. Une mèche de cheveux tomba sur son front et elle l'éloigna d'un geste sec. Ses boucles noires étaient encore un peu humides : elle savait que Sirius venait et pour la première fois, la jeune femme tenait à l'accueillir sans que son corps ne soit encore sali par les odeurs des hommes précédents. La journée avait été rude est des bleus avaient commencé à se former sur ses cuisses. Cassiopée s'essuya à nouveau le visage, un air fatigué dans les prunelles grises. Le morceau de tissu qu'elle portait habituellement au ventre avait été remplacé par une nuisette translucide qui masquait la partie enlaidie de ses jambes.
On toqua à sa porte et la jeune femme tourna brusquement la tête.
« Oui ? », demanda-t-elle avant que Madame Christophe n'appuie sur la poignée est ne passe sa tête à l'intérieur. Son visage était dur, ses yeux froids.
« Il est là, Raiponce. Chambre 26, comme d'habitude. Et n'oublie pas de nettoyer lorsqu'il repart. »
Cassiopée hocha la tête et se leva du lit. Elle sortit de sa chambre ridiculement petite et descendit les marches jusqu'au hall d'entrée. Sirius se tenait au milieu, son corps large un peu penché en avant, le regard perdu dans le vide, la flamme des bougies éclairant les murs dansant sur son visage. Elle s'approcha de lui. Le jeune homme releva brusquement la tête et la regarda droit dans les yeux.
Cassiopée se sentit étrangement mal à l'aise et se força à sourire. Le visage du jeune homme resta distant. Son sourire s'effaça.
« Bonjour, Sirius. », dit-elle poliment, papillonnant des yeux comme elle l'avait appris. Elle savait pertinemment que le jeune homme ne venait pas la voir pour s'adonner aux mêmes activités que tous les autres hommes : néanmoins, en prenant le rôle de la prostituée, de la femme frivole et enjôleuse que les clients croyaient qu'elle était, elle se protégeait elle-même en créant une barrière entre l'illusion et la réalité. Elle vit Sirius froncer les sourcils avant d'hocher la tête. Doucement, il tendit ensuite sa main et prit celle de Cassiopée dans la sienne avant qu'ils ne rejoignent la chambre rose.