05

193 22 3
                                    

[La porte s'ouvrit brusquement et un garçon blond sortit. Il referma la porte de la même manière et se retourna vers le couloir et donc vers moi, ne dévoilant pas sa tête qui était penchée vers le sol.
Il remarqua ma présence et releva les yeux vers moi.

-Gerard !?]

C'était mon frère. Mikey. Ça faisait plus de deux ans que je ne l'avais pas vu. Que je n'avais eu aucun signe de vie de sa part.
Remarque, je ne lui avais pas envoyé de signes de vie non plus.
Il n'avait pas vraiment changé depuis deux ans. Juste grandi.
Ça faisait bizarre de le voir.

-Mikey ? C'est ta famille d'accueil ?

Je le dévisageai.

-Ouais. Ça fait bizarre de te revoir. T'as changé. Genre... physiquement.

C'est vrai que j'avais vachement maigri en deux ans. Je ne mangeais presque plus au début et malgré mes crises d'hypoglycémie je me foutais de mourir de faim ou pas. Depuis, j'avais généralement décidé de me foutre de tout. J'en avais rien à foutre de ce que les gens pensaient, surtout si ça me concernait. J'en avais rien à foutre des rumeurs qui couraient sur moi, je les laissais passer jusqu'à ce qu'ils oublient. Je ne faisais confiance à personne, de peur de me faire trahir. Ça peut paraître égoïste, mais j'ai trop vécu pour jouer à ça. Je ne me faisais même pas confiance à moi même. J'avais tendance à rester dans mon coin et ne rien dire. Je gardais tout pour moi et ne faisais rien sortir. 2 ans. 2 ans qu'une psychologue me suivait et que je ne lui dévoilais presque rien. Juste un quart de ce que je ressentais vraiment.
La seule personne à qui je faisais confiance était Ray. Et encore. Je le connaissais depuis mes 6 ans. C'était lui qui était venu me réconforter lorsque les autres élèves se foutaient de ma minable gueule pour une raison que j'ignorais encore.
Ray avait toujours été à mes côtés. Je ne lui rendais peut être pas assez. Ray était le genre de mec à tout le temps avoir un sourire débile collé à la figure. Ray était le genre de mec à vous dégoûter avec sa vie trop parfaite.
Mais il voulait tout le temps aider les autres.
Quand ça allait pas pour lui, il le montrait. Il m'appelait et peut importe l'heure je décrochais et essayais de l'aider, mais j'étais nul pour ça. C'était lui qui savait faire.
On était vraiment différents. Je me demandais même parfois comment on faisait pour s'entendre, mais comme tout, au final je m'en foutais.

Je haussais les épaules.

-T'as pas tellement changé, lui fis-je remarquer.

Il haussa les épaules à son tour, fixa le sol et releva la tête brusquemment, comme si quelque chose l'avait frappé.

-Et en fait, pourquoi t'es là ? 'Fin j'veux dire, t'as changé de famille ?

-Ouais. J'ai été déclaré trop violent dans l'ancienne.

Il écarquilla les yeux d'un air étonné.

Ça me saoulait déjà.

Plus les années passaient, moins j'étais patient.

De l'époque où on était pas encore séparés brutalement, on s'entendait plutôt bien. Mais j'avais un mauvais présentiment sur le redémarrage.

-Ouais. Il se passait quelques histoires et j'ai voulu essayer de régler ça.

-Ah je vois. Je te voyais pas comme ça, rit-il.

-Bah j'ai changé écoute.

Son sourire disparu.

Un blanc prit forme.

J'étais peut être un peu froid.

-Euh... On descend ? me coupa-t'il de mes pensées.

Je hochai la tête et nous traversâmes le couloir et descendîmes les escaliers.
Nous allâmes dans le salon. Quand madame Weekes me vit avec Mikey, elle semblait réjouie.

-Ah ! Vous vous êtes retrouvés ! Je voulais attendre que tu reviennes pour te l'annoncer mais bon je suppose que ça n'est plus à faire maintenant.

Elle sourit.

Je hochai la tête.

-Bon très bien. Je vais appeler les autres et te les présenter.

Je ré-hochai la tête et elle s'empressa de filer à l'étage.

Mikey se tourna vers moi.

-Certains sont un peu bizarres mais quand t'apprends à les connaître ils sont sympas.

Je lui lançai un regard septique.

Because the drugs never work (frerard)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant