L'Éternité

Chapitre 1

Magnus est généreux, brave et incertain de la nouvelle décoration de son salon. Il aime d'habitude les tons fauves et l'ambiance exotique des Indes coloniales. Pourtant il claque des doigts une nouvelle fois. Rien ne va, ni la décoration victorienne, ni celle des années cinquante. De toute façon ce n'était pas sa période favorite de l'histoire... Hormis pour les belles robes des femmes et la musique. Oh et les caves aussi ! En fait si... Il devait avouer aimer l'époque de Elvis Presley. Pourtant une fois encore, ce n'était pas satisfaisant. Désespéré par un tel manque d'inspiration Magnus tomba lourdement dans son canapé bleu turquoise. Soyons clair, rien n'est lourd chez Magnus Bane, pourtant aujourd'hui...Ses jambes semblaient trop molles pour le porter.

Alec allait arriver dans peu de temps, il allait arriver avec toute la troupe et le bébé.

Le bébé.

Alec avait un bébé, donc Magnus aussi.

N'est-ce pas ?

Contrairement aux couples qui ont le courage d'adopter, Magnus et Alec avaient trouvé l'enfant. Oui comme dans les contes mondains. Du moins Simon avait trouvé l'enfant sur les marches de l'Académie, l'avait identifié comme un sorcier – ce qui était facile, l'enfant étant bleu – et l'avait porté de la même manière qu'on apporte des fleurs à Magnus.

Et Alec l'avait immédiatement aimé.

Magnus n'était pas contre cette adoption, c'était juste effrayant et rapide. Alec était jeune et Magnus n'avait jamais été jeune ni vieux. Comment pouvaient-ils savoir s'ils seraient de bon père ?

Si le sorcier était honnête, ce n'est pas cette question qu'il se poserait. Il sait qu'Alec serait et est un père merveilleux. Mais Magnus ? Il n'en restait pas moins immature, excentrique et... irresponsable ! Voilà, tout était là : il ne ferait pas un bon père.

Il avait fallu une nuit, une nuit pendant laquelle le sorcier avait consolé le bébé, pour que Magnus ne puisse qu'accepter. Il ne pourrait jamais laisser cet enfant à un autre. Certainement pas en ayant vu Alec lui donner le biberon.

Pourtant Magnus avait peur.

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Ses barrières magiques détectèrent la présence des Lightwood. Alec, son parabatai et sa sœur, arrivaient en grande pompe avec le bébé. L'Institut avait fini par signer les papiers, le bébé rentrait à la maison.

Magnus avait fini par choisir une décoration colorée et enfantine. Un mur blanc zébré d'une peinture violette et à paillette étonna Alec dès son arrivée. Magnus avait du bon goût. Ca, c'était de trop. Magnus les accueillit, portant un gilet qui descendait jusqu'à ses chevilles. Il avait l'air d'un prince et claqua des doigts. Les valises portées par Jace étaient jetées en vrac dans leur chambre.

« C'est différent. » Dit Isabelle en remarquant la moquette épaisse au sol.

« Plus confortable pour un enfant ! » Expliqua à peine Magnus en se dirigeant vers son amant et le bébé bleu qui dormait contre sa poitrine. Il embrassa la joue d'Alec et caressa le front de l'enfant. Son cœur battait si fort dans sa poitrine.

« Vous devriez rentrer, on fera un repas avec Simon et Clary pour fêter l'arrivée de groseille. » Dit Magnus sans plus de cérémonie. Isabelle sembla comprendre la situation et tira son frère blond hors de chez eux.

« Tout va bien ? » Demanda Alec, il appuya sa main sur le bas du dos du sorcier. Il le connaissait trop bien, quelque chose n'allait pas.

« Je voulais juste que ce soit nous trois. » Magnus se détacha lentement de son compagnon mais prit la main d'Alec pour le traîner dans une pièce près de leur chambre. Autrefois le dressing, la pièce était maintenant blanche et n'était habitée que pas un magnifique berceau dont les rideaux était d'une dentelle blanche éclatante.

« J'ai pensé qu'on pourrait peindre la chambre ensemble, c'est ce que font les parents normaux. »

Le déclic vint peut-être de ce mot. La normalité, leur couple n'avait rien de normal et Magnus n'aurait jamais voulu être assimilé à normal. Alec fronça les sourcils et prit le visage du sorcier entre ses mains.

« Magnus. »

« Alexandre. »

Et le bébé babille.

Les deux pères ont un grand sourire, leur bébé bleu a ouvert ses grands yeux et les regarde avec admiration. De temps en temps, il sort sa langue comme s'il cherchait à téter.

« Bientôt le temps du biberon ? »

Alec caresse la joue de l'enfant et celui-ci rit en remuant ses pieds.

« Bah oui tu as faim mon petit ! »

Magnus se sentait tiraillé, son cœur bondissait d'amour mais la peur dévorait le peu d'âme humaine que la génétique lui avait transmise.

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Le couple passa une bonne soirée et la fatigue les fit tomber dans un sommeil léger sur les cousins étalés au sol. Groseille entre eux semblait dormir tout aussi bien jusqu'à ce que l'horloge sonne minuit effrayant le petit. C'est Magnus qui se réveilla le premier et tenta de stopper les chouinements.

« Chut petit chou, ce n'est rien, ce n'est que la vilaine horloge. »

Mais le petit ne cessait de pleurer et de trembler dans ses bras. Magnus paniquait. Et s'il était incapable de soigner un enfant ? De le rendormir ? Peut-être que Magnus n'était pas fait pour être père ? Après tout, les sorciers ne peuvent pas avoir d'enfants. C'est prohibé par leur essence même.

Alec finit par se réveiller et Magnus se précipita pour lui donner l'enfant. Les larmes durèrent encore deux minutes avant d'être avalées par le silence.

C'est Magnus qui pleura en silence lorsqu'Alec se mit à chantonner une berceuse.

Et si l'enfant n'aimait pas Magnus ?