Chapitre 2

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Magnus avait vécu une vie dans le sens biologique, pourtant il pouvait en compter déjà quatre. Parfois il aimait s'imaginer que comme les chats, il en avait neuf. Bref, l'important ici, c'est que Magnus Bane a appris énormément de chose en quatre cent ans de vie. Il est devenu plus clément, plus généreux, plus affirmatif et plus fin psychologue. Pourtant voici qu'une mauvaise habitude reprenait le dessus. Le déni. 

C'est un sentiment courant chez les mortels, surtout après un traumatisme. Cependant Magnus n'avait ni la joie, ni le désarroi de mourir naturellement. Il n'était pas mortel, et il avait supporté le poids de nombreuses morts. Magnus ne niait pas les morts, les moments difficiles. Non, Magnus Bane avait tendance à nier ses peurs, ses craintes. Après tout, si elles n'existent pas, il n'aura pas à les affronter ! C'est pourquoi, le sorcier niait avec véracité ces doutes sur sa paternité et sa légitimité auprès du bébé.

Deux jours. 

Magnus était dépassé, il avait demander à Isabelle de passer aujourd'hui pour qu'elle s'occupe de Myrtille. Il avait prétendu avoir des potions à faire en urgence. Attention, n'ayez pas croire que Magnus n'aime pas ce mini sorcier. Il l'aime et il offrirait le monde à ce nouveau trésor. En revanche savoir s'en occuper, c'était une autre affaire.

Après s'être donc caché dans son bureau alors qu'il entendait Isabelle jouait avec le petit et fit même la sieste auprès de lui, Magnus aurait dû s'y attendre. Vraiment. Alec ne laisserait jamais un tel comportement passer. 

La soirée commença tranquillement, Alec embrassa Magnus et le sorcier approfondit le baiser deux secondes supplémentaires pour se rassurer d'être toujours autant aimé. C'était tout aussi ridicule, bien sûr que son chasseur d'ombres l'aimait. Mais Magnus n'était plus vraiment dans le contrôle, ses émotions le submergeaient et se cacher dans le bureau n'était plus suffisant. Ils commencèrent à faire la cuisine ensemble dans un silence quasi religieux. Ce n'était pas un silence gênant, seulement un moment de paix pendant lequel leurs gestes se complétaient avec harmonie. 

Puis Myrtille pleura.

"Tu devrais y aller." 

C'est Alec qui parla en premier et Magnus... Que pouvait-il dire ? 

Non, c'est toi qui le calme le mieux. 

Le sorcier a obéit, déglutissant bruyamment. Myrtille chouinait dans un berceau en bois acheté dans un magasin de luxe par Magnus - le bébé méritait le meilleur - et tendait ses petites mains vers le haut. Alors Magnus le prit et cessa de respirer. Il berça lentement l'enfant, entonnant une prière silencieuse. Myrtille pleura encore et se mit à se secouer dans ses bras comme s'il exigeait de sortir de l'emprise de Magnus. 

C'est seulement lorsqu'il sentit les mains d'Alexander sur sa taille qu'il reprit conscience de lui-même et de ses larmes qui, lentement, glissaient sur sa peau. Il releva les yeux vers son amant et pria pour qu'il prenne le bébé, qu'il fasse taire ses pleurs. Magnus n'en était pas capable.

"Il sent que tu es malheureux." 

Alec parla doucement et essuya les larmes sur les joues de Magnus, il embrassa sa tempe et l'attira sur le canapé. Alec entoura l'enfant et le récent père de ses longs bras, on aurait dit les longues aigles d'un aigle entourant le trésor des cieux. 

"Magnus. Tout va bien, toi et le bébé allez bien." 

Magnus avait changé au cours de sa vie mais il n'a jamais eu l'honneur de grandir. C'était un acte réservé aux mortels et Alec avait grandi. Il était devenu confiant et Magnus se livrait sans crainte à la force de son amour. 

"Je t'aime. Je t'aime si fort et ce bébé, il a besoin que tu ailles bien, il a besoin que tu l'aimes."

Magnus ferma ses paupières, chassant les larmes de frustrations et de frayeurs inconscientes. L'enfant se tut alors que Magnus posait ses yeux sur lui. Un nouveau regard. Un regard doré et brillant. Et l'enfant ria, jamais Magnus n'avait entendu une telle joie de cette toute petite chose. 

Magnus observa Alec, l'air hagard. Magnus ne vit qu'un océan de bonheur dans ses yeux bleus. Son attention revint à l'enfant et du creux de sa main fit naître un papillon turquoise et brillant. L'enfant tendit ses mains pour l'attraper et ria plus fort lorsque l'illusion vint se déposer sur sa joue.

"Bisous papillon" Baptisa Alec ce merveilleux enchantement. 

Cette nuit-ci Alec s'endormit sur le canapé, la tête contre la cuisse droit de Magnus et Myrtille s'endormit sur son bras gauche. Jamais Magnus n'a eu autant de crampes mais jamais aussi il n'a connu une telle symbiose. Le sentiment d'être à sa place et en paix. Les pleurs avaient emmené le stress, les inquiétudes et la magie avait apporté une touche de douceur et de joie au sein du loft de Brooklyn. 

"Tu es comme ton papa, bien trop charmant pour mon propre bien." Murmura Magnus en caressant le visage du bébé endormi. 

"Je t'aime aussi Magnus." murmura Alec en ouvrant les yeux. Magnus se demanda s'il pouvait figer cet instant dans l'espace et dans le temps. Il souhaita pouvoir conserver l'image des traits de son amant,  mémoriser l'amour dans son regard.

"Nous devrions l'appeler Max, ce serait un bel hommage à ton frère." 

Alec cligna des yeux de surprise et des larmes d'un futur bonheur naquirent dans ses yeux. 

"Max Michael Lightwood-Bane" 

Un nom d'ange pour un enfant de l'Enfer. 

Un nom de souvenirs pour l'enfant d'une famille entre Paradis et Edom.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 05, 2018 ⏰

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