Chapitre 4

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21h45

Lorsque je franchis le seuil de la maison tout semble calme. Pas un bruit à l'horizon. Étonnant. Ce n'est pas vraiment l'accueil que j'attendais.

Alors que je monte une marche de l'escalier, une voix m'interpelle, me stoppant net dans mon élan.

— « Andreas ! »

Il s'agit de ma mère.

J'hésite un instant entre fuir ou... fuir. Ça va être ma fête, c'est certain. Être parti comme un voleur a dû gâcher l'ambiance familiale. Je vais passer un sale quart d'heure.

Je déglutis de travers.

— « Viens dans la cuisine, tout de suite. » M'ordonne-t-elle d'une voix grave.

Je tourne les talons sans protester une seconde. Il ne vaut mieux pas la contredire.

La cuisine est située à côté du séjour. Lorsque je traverse le séjour, je remarque mon père assis dans un coin du canapé, un bouquin à la main. Il relève les yeux et m'adresse un sourire d'encouragement.

Mon père est la personne la plus calme et réfléchie de la famille. Mais ne vous y fiez pas, son tempérament calme est trompeur. J'ai d'ailleurs hérité de son caractère. Nous avons toujours été assez proches, il me soutient souvent lors des conflits avec ma mère qui elle a un caractère bien trempé. Il paraît que les opposés s'attirent, au fil des années ça attire également les disputes. Elles ne sont pas rares dans leur couple, au contraire.

J'entre dans la cuisine d'un pas hésitant, la tête presque base. Ma mère est adossée au four, elle m'observe les bras croisés sur la poitrine. Lorsque j'ose relever les yeux vers elle, son regard rempli de colère me fait me sentir mal. Mes yeux se baissent aussitôt.

Mes joues rougissent, je n'ose prononcer un mot. Que suis-je censé dire ? Désolé d'avoir gâcher l'anniversaire de grand-mère en étant parti comme un voleur ? Désolé de n'avoir pas été capable de rester en présence de ces personnes hypocrites ? Dans tout les cas, elle va m'assassiner.

— « Écoute, je... » Commencé-je à dire, péniblement.

Elle me coupe.

— « Ton plat est dans le four, réchauffe-le et mange. »

Je la regarde étonné, sans bouger, sans voix.

Je m'attendais à recevoir la foudre sur moi, au lieu de ça elle me conseille de manger. Est-elle amnésique ?

En voyant que je ne bouge pas, elle se retourne vers le four et l'ouvre. Elle en sort une assiette pleine de nourriture et la pose sur la table.

— « Tiens, mange. »

Je baisse les yeux vers l'assiette puis les remontent aussitôt sur ma mère.

— « Merci, mais je n'ai pas faim. » Dis-je d'une petite voix, toujours intimidé.

— « Tu as déjà mangé ? »

— « Non, je n'ai pas faim. »

Pris d'un élan de courage, je tire une chaise face à moi et m'assoie. Je joins mes mains entre elles.

— « Assis-toi maman, je voudrais te parler. » Prononcé-je, d'une voix calme mais mal assurée.

Ma mère m'intimide. J'ai l'impression d'avoir à nouveau 15 ans et lui annoncer que j'ai fait une grosse bêtise.

Un silence s'installe. Ma mère ne bouge pas, elle ne semble pas vouloir s'assoir.

Agacé, je relève les yeux vers elle.

Le chemin du destin | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant