Chapitre 16

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Déjà la mi-octobre. C'est le début d'après-midi à Londres. Le temps est ensoleillé mais les températures se sont rafraîchis. Je me pose sur un banc libre, devant une immense étendue d'herbe verdoyante. Les oiseaux chantent dans les arbres et une légère brise me caresse le visage. Les rayons de soleil me réchauffent. Je ferme les yeux quelques instants pour profiter de cette délicieuse sensation et de se calme.

Mais la sonnerie de mon téléphone vient interrompre ce paisible moment. Je soupire d'agacement et attrape mon téléphone en décrochant.

— « Allo... »

— « Andy !! Où es-tu ? » M'agresse une voix féminine.

Évidemment, il s'agit de Lucy, ma patronne devenue mon pire cauchemar. Elle me remet immédiatement les pieds sur terre.

— « J-je... » Bafouillé-je.

Elle m'interrompt.

— « Tu as déjà cinq minutes de retard sur ta pause, ça sera décompter de ta paie. »

Je soupire et lui raccroche au nez.

Salope.

Cette femme est une véritable sorcière. C'est l'une des pires personnes que je connaisse. Depuis mon premier jour, je suis devenu son souffre-douleur. Je la déteste.

Trois semaines se sont déjà écoulées. Je ne les ai pas vu passer. Trois semaines à faire le cuisinier dans un endroit que je déteste, avec des personnes que je déteste. C'est donc ça être dans la "vie active" ? Faire 55h de travail par semaine pour être martyrisé, et ne plus avoir aucune vie sociale. La seule satisfaction c'est pour ma mère, elle semble soulagée de me voir partir travailler et nos relations se sont nettement apaisées.

Tandis que je me lève du banc pour repartir prendre mon poste, la sonnerie de mon téléphone m'interrompt sur ma lancée.

Agacé par cette harcèlement, je décroche énervé.

— « Quoi encore ! » Je m'exclame avec rage.

— « Andy ? C'est moi, je te dérange ? »

Je mets un instant à reconnaître la voix rauque d'Oliver.

Aussitôt, la honte s'empare de moi. Cela fait trois semaines que j'ignore les messages de mes amis, faute de temps. Ce genre de chose ne me ressemble pas. Seul Adam est au courant de mon travail qui me vide de toute énergie. Oliver va sans aucun doute me demander des comptes, peut-être s'imagine-t-il que je le fuis ?

— « Andy, t'es là ? » S'impatiente-il devant mon silence.

Je me racle la gorge.

— « Oui, pardon. Comment tu vas ? »

— « Ça va bien. T'es occupé ? Je voulais te parler de quelque chose. »

Ca serait plus raisonnable de rappeler Oliver. Mais non, tant pis. L'autre salope attendra encore un peu. Pour une fois mes amis passent avant.

Je remets mes fesses sur le banc.

—« Non, j'ai tout mon temps. Je t'écoute. »

— « Ce matin j'ai rendu visite à mon cousin. Il m'a confié rechercher quelqu'un pour travailler avec lui, alors j'ai pensé à toi. »

— « Oh, c'est gentil mais j'ai déjà un travail pour le moment. »

— « Oui je sais, Adam m'en a parlé. Mais je pense que ça pourrait t'intéresser, ce n'est pas un travail de cuisinier. »

— « Qu'est-ce que c'est comme travail ? »

— « Mon cousin travaille dans une agence d'urbanisme pour la ville de Londres. Son rôle est de proposer de nouveaux projets pour la ville. Il recherche une personne sachant manier les montages vidéos, c'est plutôt ton domaine ça, non ? »

Le chemin du destin | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant