Chapitre 15

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Recroquevillé dans un coin de la chambre, les jambes remontés contre la poitrine, mes bras sont enroulés autour de mes genoux, j'ai le cœur lourd.

Mon esprit repasse en boucle les images de la nuit dernière et surtout, de ce matin.

Ce départ a été brutal, trop brutal. Je devrais être soulagé, ressentir cette forte attirance pour cet homme n'est pas une bonne chose. C'est paralysant, dangereux. Ça aurait pu me détruire. Il aurait pu me détruire. Pourtant, je ne cesse de me dire que j'aurais pu agir différemment. C'était un gentil garçon qui ne voulait que mon amitié. Il ne méritait pas ma froideur, en voulant me protéger j'ai été un connard. Voilà comment je suis désormais, un salaud, égoïste et borné. Je continue sur ma lancée en décevant toutes les personnes qui osent m'approcher d'un peu trop près.

Je vais finir seul, sans travail et malheureux.

On frappe à la porte. Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle s'ouvre et une femme en blouse bleue entre. Celle-ci se fige en me voyant assis au sol.

— « Oh, pardon. Je pensais avoir vu quelqu'un sortir de la chambre... »

— « Ce n'est pas grave, j'allais m'en aller. » Dis-je en me redressant et en me mettant debout.

La femme de ménage m'observe intrigué.

— « Vous êtes sûre ? Je peux repasser... »

— « Non, c'est bon. »

Je m'habille et rassemble mes affaires à la hâte comme pour fuir cet endroit au plus vite.

— « Vous avez perdu votre montre. » Me signale-t-elle.

Je me retourne, elle me tend une montre au bracelet bleu turquoise.

— « Ce n'est pas... »

C'est la montre de Mika. Merde.

Je lui prends la montre et l'observe un instant. C'est une montre en caoutchouc, ce n'est pas une grande marque mais peut-être avait-elle une valeur sentimentale pour lui ?

— « Monsieur ? »

La femme de ménage me sort de mes pensées.

— « Tout va bien ? »

Pas vraiment. Pourtant je hoche la tête, incapable de parler dans l'immédiat. Je mets la montre dans ma poche et pars sans me retourner.

***

Déjà vingt minutes que je marche dans les rues de Londres, avec ma chemise pour seul vêtement sur le dos. Le froid est plus dense que celui de la nuit dernière, le vent est faible mais il pénètre dans chaque recoin de mon corps et m'attise des frissons, je grelotte de froid. Mes membres s'engourdissent de minute en minute. Je me maudis d'avoir oublié mon manteau hier soir.

L'automne est bien installé. Le ciel est gris et l'air humide. Les arbres perdent de plus en plus leur joli feuillage verdoyant. Les feuilles tombent au sol et envahissent les rues, les routes, les parcs. L'automne est déprimant, tout comme mon état en ce moment.

Lorsque j'arrive chez Adam et Matt, je me précipite presque sur la sonnette de la porte. Je crois n'avoir jamais ressenti autant d'impatience d'entrer chez mes amis.

Adam ouvre la porte.

— « Salut... » Commence mon ami.

Je me précipite sans attendre à l'intérieur. Adam remarque que je grelotte de froid.

— « Mais... qu'est-ce que... Pourquoi tu n'as pas de manteau ? »

Je me jette vers le premier radiateur que je trouve. Mes dents claquent, je ne sens plus mon corps.

Le chemin du destin | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant