Chapitre 14

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La violente clarté du matin m'agresse à travers mes paupières closes. Mon crâne est très douloureux et ma bouche pâteuse. Lorsque je réalise qu'une main inconnue est posée sur ma hanche, mes yeux s'ouvrent sous la panique.

Je m'efforce de rassembler des souvenirs et de déterminer l'identité de la personne allongée là, près de moi, et avec qui de toute évidence j'ai passé la nuit. Je m'applique à ne pas bouger, tout mouvement brusque risquerait de le réveiller. Je préfère éviter une confrontation tant que mon amnésie est présente.

Une partie de mes vêtements m'ont été retirés, mais mon jean est encore présent. Étrange. Je n'ai aucun souvenir de les avoir retirés.

Réfléchir, réfléchir. Pas évidant avec cette sensation terrible qu'un marteau-piqueur me perfore le crâne. Plus jamais je ne bois une goute d'alcool, ça ne me réussit jamais.

Hier soir, ma mélancolie a été la plus forte. C'était pourtant la fête, j'aurais dû m'amuser avec mes amis, mais rien n'y a fait. Je me suis sentis terriblement seul, délaissé par tous, sauf par l'alcool.

Peu à peu, quelques souvenirs me reviennent en mémoire. Je me revois dans les toilettes avec Oliver, sa main dans mon boxer et sa bouche humide dans mon cou. Il m'a terriblement excité. Seigneur non. Pourvu que ça ne soit pas lui qui dort derrière mon dos.

D'autres bribes de la nuit me reviennent, dont un regard intense et deux fossettes. Les souvenirs défilent dans mon cerveau avec une rapidité et une précision éprouvante. Cette fois je sais qui est derrière moi, je me rappelle de la fontaine, de la chute et de ce taudis où nous avons fini la soirée avant que je m'effondre dans ses bras. La honte.

Doucement, pour ne pas aggraver ma migraine, je me tourne face à mon compagnon de chambre.

Il s'agit bien de Mika. Il est étendu sur son flanc droit, une jambe tendue et un genoux remonté vers l'estomac. Son drap est à moitié sur sa taille, laissant deviner aisément son caleçon gris. Ses cheveux châtains, toujours assez ondulés, tombent en désordre sur une partie de sa figure, l'autre partie forment un sac de noeud sur le haut de son crâne. Je m'attarde sur sa bouche légèrement entrouverte, sa respiration calme et profonde me fait réaliser son paisible sommeil. L'observer dormir me procure un effet apaisant, j'admire en détail les traits de son visage, la forme de ses yeux et la courbe fine de ses lèvres. Mon dieu ses lèvres. J'aime tant les goûter.

Subitement, en imaginant nos bouches qui se retrouvent, un frisson me parcourt. Je me redresse et m'appuie sur un coude.

Je ne peux m'empêcher de continuer à le contempler. Son bras droit est négligemment passé sur le drap, ses doigts sont légèrement repliés. Mon regard s'égare plus bas, sur l'une de ses cuisses totalement découverte. Subitement mon pouls s'accélère.

Je me retourne sur le dos et me force à fixer le plafond.

Je dois avouer que certaines choses m'échappent. Cet homme éveille en moi un désir irréel, une attirance si forte qu'elle me terrorise. C'est physique, il dégage un truc qui me rend dingue. C'est effrayant. J'ai l'impression d'être un jeune adolescent en pleine puberté.

Je tourne le dos à Mika, bien décidé à ignorer cette chaleur qui grimpe en flèche dans mon bas ventre. Les yeux clos, je tente de profiter des dernières heures de sommeil que j'ai devant moi.

Tandis que je retombe peu à peu dans les bras de Morphée, une sonnerie bruyante et inconnue, vient me sortir définitivement de mon sommeil, réveillant ma migraine au passage.

Allongé sur le ventre, je tourne ma tête vers Mika. Au même instant, ce dernier se lève d'un bon et saute sur son téléphone, posé sur le vieux bureau.

Le chemin du destin | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant