La simple histoire d'une fille

38 7 2
                                    

J'aurais voulu être celle qui te fasse pleurer.

Je sais que c'est bizarre dit comme ça, mais oui, je pense que j'aurais voulu être celle-là. Pas pleurer fort tu vois, ce serait trop cruel, pas les gros sanglots qui éclatent, juste la larme à l'œil, suite à l'attendrissement. Puis le petit sourire qui s'y accompagne et le souffle léger que tu relâches après.

Ce soir j'ai envie d'ouvrir les vannes tu comprends, j'ai trop de choses à relâcher à propos d'un amour qui n'aura jamais eu la chance d'exister. Et qui ne le pourra jamais. Je le sais, tu vois. Je le sais que tu ne veux pas de moi, qu'avec moi c'est pas possible. Et ça me rend triste. Je pense que j'aurais seulement voulu un peu plus... D'attention, du moins. C'est égoïste, c'est très égoïste, et c'est drôle mais je déteste l'égoïsme ou être égoïste et pourtant je suis celle qui l'est tout le temps.

Il ne se passe pas un jour où je ne me mets pas à être jalouse, à me retenir de pleurer. Il ne se passe pas un jour où je ne cherche pas à t'impressioner. D'une manière quelconque, peut être juste suffisamment pour que... Tu tombes amoureuse de moi. Oui, c'est ça, juste ça que je veux. Putain, j'ai vraiment l'air de l'adolescente mythique des films pour ados.

Je veux être une danseuse, je veux être ta danseuse, pour pouvoir danser mille et une nuits avec toi, au clair de lune. Parfois j'en rêve. Je rêve de nous deux, on est ensemble et on est heureuses, et c'est beau tu sais, je te vois rire, fort, et mon sourire à moi n'en devient que plus grand.

Je sais bien que toi qui est là tu es un peu égaré.e, quelque part tu te demandes si ce n'est pas toi dont je parle, mais avant toute idée, je vais te dire que non. Ce n'est pas toi. Parce que ça éveillerai trop de tes soupçons si je disais "oui", si je disais "peut-être", tu pourrais te mettre à croire que c'est toi. Alors que non. Enfin je sais pas si c'est toi. Mais j'ai pas le droit de dire un nom, ni même une lettre. J'adorerais que tu te reconnaisses pourtant, même secrètement, mais j'ai pas le droit d'espérer ce genre de choses. Je sais que j'ai plus le droit. Que je suis censée ne plus en avoir le droit, je suis censée avoir tirer un trait sur toi. Mais j'y arrive pas.

Mais j'me dis, qu'on aurait pu être quelque chose, quelque chose de beau. En attendant je te vois tomber presque amoureuse d'une autre personne, ça me rend très triste, alors... Je me mets à imaginer tous mes défauts, à les compter, à me les citer, sinon ça ne serait pas très drôle. J'empire chaque jour et c'est un fait, la place de mes défauts cache celle des minimes qualités.

Ce soir, je pourrai mourir. Je pourrai m'ôter la vie. Je veux dire, je pourrai m'envoler, avec les nuages, parmi les étoiles, près de la lune. Peut-être que là au moins, je réaliserai enfin quelque chose de grand, qui sauve la vie, qui trompe la mort, qui déglingue, enfin, le blizzard quoi.

Tu sais, je la souhaite tellement notre putain de belle histoire. Tellement, que je désespère, que je perds espoir, pour contraster avec la musique, tiens.

C'est une très triste soirée qui se prépare là. Le genre de soirée où je m'endors très, très vide. C'est une mauvaise soirée. Merde alors, si seulement tout n'était pas si compliqué.

J'ai pas d'autre chose à ajouter, alors je vais finir avec ça : C'est la simple histoire d'une fille, qui était là, et qui oubliait souvent pourquoi parfois. C'est la trop affreuse histoire d'une fille, qui a l'interdiction de vivre sa putain de belle histoire d'amour.

Les sentiments abstraits d'une fille abstraiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant