Je sais que ça va pas te faire plaisir. Ça me fait pas plaisir non plus.
Après un long moment sans que ça n'arrive, mon drôle de cœur nuagé s'est remis à faire apparaître sur mes deux joues beige pâle sa rosée habituellement, uniquement matinale. Je vois plus rien maintenant, mes lunettes sont tâchées par mes larmes salées.
Je ne le dis à personne ça, j'y accorde plus vraiment d'importance. Mais quelque part dans mon anatomie existe toujours cette envie de tout lâcher. De ne plus me confier à la gravité terrestre, en devenant si légère qu'elle n'aura plus le choix de me laisser m'évaporer dans l'espace, et là je me poserai sur un astéroïde, sur Mars, ou sur la lune.
C'est joli, cette manière de dire que j'ai quelques fois envie de mourir. Mais c'est parce que je suis remplie d'une tendre brume qui veut se propager, qui veut aimer, mais à qui on l'interdit. Alors elle fait comme elle peut en s'infiltrant dans mon écriture.
Ça fait mal, ça fait mal d'être bleue avec des éclaboussures arc-en-ciel mais que, les seules personnes accessibles autour de moi, soient grises, noires, blanches. C'est un papier uniforme qui jamais, au grand jamais ne deviendra coloré. J'ai besoin de couleurs, j'ai tout le temps besoin de couleurs, mais ce serait plus...Gratifiant, si ce n'était pas moi qui leur fournissait de la couleur, le temps d'une journée.
Tout est faux ici, les arbres, le ciel, les fleurs, les maisons. Et puis eux, aussi. Ils sont horriblement faux. Ils se haïssent entre eux et moi je suis au milieu de leur bataille, et moi j'essaie de m'y fondre. Je ne comprend pas leurs guerres. C'est pas faute d'avoir essayé, c'est incompréhensible. Alors j'essaie de me ranger d'un côté, en espérant que ce soit le plus moral pour l'échelle de l'Univers... Mais je me suis trompé sur ce coup là. C'est le mauvais. Alors encore une fois, je le déçois, l'Univers.
Et je me forge comme ça tu vois, en essayant perpétuellement de me fondre dans leur gigantesque masse et dans leur superficiel; ils sont plus des moutons de Panurge plutôt qu'autre chose, au final. Je me cache, je cache ce cœur anormalement fait de nuages. J'essaie de pas trop en faire, mais d'en faire aussi. Car je sais qu'ils me jugent, que quelque part dans ce coin là de la pièce se cache cet ouragan qui me fixe, et qui attend patiemment pour faire tomber la principale esquisse de mon visage avec laquelle j'essaie de montrer que j'aime. Ça aussi, c'est très embêtant. Qu'en plus de me rejeter moi, l'étrange extraterrestre, on rejette mon amour. Pourquoi les humains sont-ils si stupides ?
C'est pas beau du tout, de se sentir si rejetée alors que l'essentiel est tout le temps là, dans mon cœur en nuage, entrain de me crier "Reste avec nous Millou", ou un joli "On t'aime, Mille". Je le dis pas assez, à cet essentiel, qui logiquement lui aussi est extraterrestre, que c'est lui qui m'aide chaque jour, à dépasser ces faux arbres, à surpasser ma solitude, à essayer avec tant bien que de mal de propager de l'amour, dans un monde où "guerre" a toujours été le mot directement associé à notre planète.
Mais tu comprends, quelques fois, mon cœur nuagé devient tout triste, et il craque, et il me fait pleurer. Il est jalousement triste en réalité, il est jaloux que tous les extraterrestres qui constituent son essentiel peuvent être tout le temps ensemble s'ils le souhaitent. Parce que malgré l'illusion de l'essentiel qui est tout le temps là, il n'est pas réellement là. Il est caché à plusieurs kilomètres de là, dans une ville où le soleil règne dans le ciel toute l'année. Il est aussi jaloux de ça, mon cœur.
Parce qu'ici, le monde est faux, le monde est gris, le monde n'est pas coloré. Mais là-bas, tout est coloré, tout est plein de couleurs qui ne partiront jamais, parce que l'univers là bas devient le jardin d'éden, un énorme amphithéâtre rempli de béatitude, une poésie de Jean de La Fontaine sans fin, un de leur livre qui ne se finit jamais.
Mais c'est pas vraiment très grave tout ça, parce que le cœur en nuage surpasse tout ça, ou il finira bien par le faire. Il a pas peur de la mort qui lui hurle qu'elle est toute près, des couleurs qui ne veulent pas devenir indélébiles, des méchantes personnes qui ne sont que fausses, du soleil qui n'est pas toujours visible aux côtés d'un ravissant ciel bleu, de l'essentiel qui n'est pas géographiquement parlant près de lui.
Parce qu'on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
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Les sentiments abstraits d'une fille abstraite
SaggisticaBienvenue à ma ville aux étoiles, Précédemment se trouvaient ici des résumés qui décrivaient ce "livre". C'est bien le principe d'un résumé tu me diras, mais cette fois, je vais seulement dire que ce n'est pas... une histoire, mais plus un recueil d...