Le train

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Le train lui ne pense pas. Il se contente de tracer.
Le train efface le présent pour le transformer en passé.
Le train qui quelques jours auparavant, m'emmener tout joyeusement, me promettant de ne pas revenir de si tôt, fait maintenant le chemin retour.
Le train refuse de s'arrêter, de tomber en panne.
Le train ne fait pas attention aux larmes, aux peines.
Le train, sournois, m'emporte maintenant loin d'aventures qui m'étaient si importantes chaque jour, pour transformer mes péripéties en souvenirs.
Le train part, le train roule, ne faisant pas attention aux silhouettes qui derrière lui s'effacent au fur et à mesure, en même temps que les plus beaux jours de mon existence disparaissent peu à peu dans les abîmes de l'Univers.
Le train barre, il barre des rires incessants, les blagues, les sourires, la joie, pour ne laisser place qu'à la peur, la tristesse, les pleurs.
Le train ignore, il ignore les cinq petits êtres qui courent après lui, tentant vainement de le rattraper, pour l'arrêter, pour me tirer de lui.
Le train force, il me force à entrer, à m'installer pour un voyage de deux heures.
Le train ferme, il ferme les portes, fermant en même temps la porte de ce passage de nos vies.

Le train abandonne un bonheur qui lui s'en va tout doucement avec le temps, ne laissant rien que le goût amère d'une peur qui elle, ne se gêne pas pour arriver rapidement.

Le train ne fait pas le chemin inverse, marquant en même temps une fin.
La fin de vacances surréalistes, la fin de vacances extraordinaires, intrépides, joyeuses, joviales, la fin d'une grande et merveilleuse anecdote contenant d'autres anecdotes, la fin de mésaventures, d'expéditions, la fin d'histoires.

La fin d'une vie.

Les sentiments abstraits d'une fille abstraiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant