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La mort est parfois la plus douloureuse des silences, la plupart du temps, elle laisse des milliers de non-dits, des questions sans réponses, des actes inachevés, des cœurs en lambeaux et pour Zahra, ce fut surtout la fin de ces espoirs. Elle avait su au cours des années entretenir ces derniers malgré le passé chaotique de sa famille : le mariage de ses parents lui avait fait voir de toutes les couleurs notamment à cause de la sévérité de son père, ses tendances à tout vouloir contrôler sans parler de ses idées arrêtées : pour lui la place de la femme, c'est au foyer. Et pourtant d'après sa mère, qu'il a d'ailleurs rencontrée à l'université, ses idées n'étaient pas aussi archaïques avant leur mariage et il avait parfaitement conscience que sa femme était prise par ses obligations de chirurgienne.

Leur divorce n'avait fait qu'atténuer la tension.

Zahra était optimiste, défaut (ou qualité) que lui reprocher sa mère qui n'avait plus foi en l'amour ni rien d'autre que la science et la médecine...Optimiste mal placé selon elle puisqu'elle pensait que sa fille, avec le physique qu'elle a ne devait s'attendre à rien des hommes puisque ses derniers, même avec des ouroul ayni étaient plus focaliser sur eux même.

Elle ricana en s'asseyant sur un des bancs publics sur la corniche. Elle était énervée parce que le monde suivait son cours alors le sien s'était écroulé et avec lui tout ce dont elle avait foi.

__ Je suis une idiote ! Une conne ! Sa voix avait atteint des notes suraiguës qui avaient évidemment été entendues par tous les passants, mais elle s'en foutait royalement puisqu'avant sûrement moins de six mois elle serait sûrement marié à un homme aussi détestable que son père, un homme qui lui avait volé son héritage.

__ J'ai eu tort d'espérer qu'il allait remarquer mes compétences sachant que j'étais son héritière, enfin je croyais l'être... Murmura-t-elle avant de commencer à rire avec hystérie. Dieu ne me doit plus rien enfin, j'ai souffert de toutes les façons en gardant le sourire me disant qu'il me réserve plein de jolies surprises. Le spaghetti noir sera bientôt femme malheureusement et sûrement cocue.

Spaghetti noire. C'est le surnom qu'elle a traîné de la maternité au lycée à cause de sa grande taille et sa finesse. À l'université les gens tiennent trop à leur semblant de maturité pour s'y mettre, mais parfois le regard est plus éloquent que les mots et ô combien plus blessant. Mais elle avait gardé le sourire avec la conviction que quelque part dans le monde se trouve celui qui ne l'aimera pas pour son physique. Elle serai sûrement au fond du gouffre elle n'avait ses trop amies mêmes s'il semble qu'elles formaient un drôle de quatuor.

Elle poussa un soupir, et eut l’impression qu’un étau lui comprimait la poitrine, les côtes et les poumons, et composa le numéro de Khadija. Elle eut comme réponse des sanglots à l'autre bout du fil.

Japon.

__Je vous ai transmis par mail les dernières propositions et offres ainsi que le bilan comptable concernant le projet immobilier à Tokyo. Le service juridique est aussi en train d'étudier votre contrat de mariage dans les détails.

Bachir tapota l’écran de sa tablette et ouvrit la pièce jointe du mail en question. Un instant plus tard, les chiffres remplirent l’écran. Ce projet représentait des profits considérables pour l'entreprise, mais également pour ses investisseurs et actionnaires. Cependant, les données auraient tout aussi bien pu être écrites en japonais ou en chinois, car son esprit refusait de se concentrer. La vidéo provenant de l'avocat de feu son mentor revenait sans cesse en boucle dans sa tête.

Lui, qui n'avait jamais projeté de se marier, se voyait aujourd'hui fiancé à son insu.

__Merci vous pouvez disposer, dit_il à son assistante avant de se tourner vers la baie vitrée. J'oublie, réservez moi un billet d'avion pour Sénégal.

Celle-ci s'exécuta et refermant la porte d'entrée derrière elle.

En homme pragmatique, ambitieux mais aussi reconnaissant de l'aide que lui a apporté le défunt, il devait d'abord penser à l'avenir de l'entreprise de son mentor avant de penser à celui relationnel. Ça faisait des années, cinq ans pour être précis, qu'il n'avait pas vu son futur... Bon sang, il n'arrivait même pas à utiliser ce mot sans que ça ne lui paresse bizarre. Il gardait vaguement en tête l'idée d'une jeune fille négligée. Avec l'âge, elle doit sûrement devenir l'une de ces héritières, dont l'opulence de leur famille a fait d'eux des gens capricieux et imbu d'eux même...

Mariage Sous Contrat Où les histoires vivent. Découvrez maintenant