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L'écran afficha le numéro de Bachir. Zahra soupira en se tournant vers Kya hésitant entre ne pas décrocher ou faire preuve de maturité. Le regard que lui envoya Kya la dissuada de n'agir autrement que ce dernier pour ne pas lui donner chose à redire.

__ Allo , fit elle d'une petite voix avant de se racler la gorge. Allô.

__ Allo, répondit la voix grave de Bachir à l'autre bout du fil. J'espère que je ne te dérange pas.

__ Aucunement j'étais justement sur le point de revenir au bureau.

__J'aurai dû attendre ton retour alors, mais il fallait que je confirme avec toi quelque chose.

__C'est en rapport avec l'entreprise ? Demanda-t-elle en donnant une accolade à Kya avant de lui faire un signe d'au revoir pour se diriger vers la sortie.

__ Je ne sais pas encore, mais le meilleur ami de ton père m'a contacté pour nous inviter à dîner ce soir.

__ Ça à peut-être un rapport avec le scandale d'aujourd'hui... Murmura Zahra pour elle-même.

__ Quoi ? Demanda Bachir.

__ Quelque chose que j'ai entendu d'une amie, je t'en parlerai avant le dîner. Mais c'est ok pour moi, pour le dîner, je veux dire.

__ D'accord je vais le lui confirmer alors. Je te laisse, à tout à l'heure alors.

__ D'accord, termina Zahra avant de raccrocher.

À peine mit elle fin à la communication avec Bachir que le numéro de sa mère s'afficha sur son écran. Ce coup si, elle ne voulait absolument pas prendre l'appel. Les appels téléphoniques avec sa mère étaient toujours signe de problème, de reproches et très souvent de critiques. Elle devait être l'une des rares personnes à appréhender de parler avec sa mère. Zahra n'avait jamais été proche de cette dernière, et pour elle le travail de chirurgien de sa mère n'était pas en cause, après tout de nombreux parents alternait la vie de famille et travaille. La jeune femme mit plutôt en cause l'éducation qu'avait reçue sa mère.
Elle l'ignora et arrêta un taxi pour se rendre au travail. Derrière la vitre, les rues de Dakar étaient déjà animées à cette heure. Zahra sentit vibrer ses tempes, signe précurseur d’une migraine. Elle se massa les tempes en fermant les yeux consciente de la profonde lassitude qu'elle ressentait depuis la mort de son père. Son corps et son mentale n'avait toujours pas eu de moment de répit.

Contre toute attente, on la prévint aussitôt arrivée que sa mère l'attendait dans son bureau. Les gens ne pouvaient pas comprendre que parfois la famille n'est pas toujours la bienvenue (au Sénégal). La "sacralité " de la famille amenait certaines personnes à ne pas comprendre qu'être de la même famille ne voulait pas toujours dire être proche et en bon terme. Résignée, Zahra entra dans son bureau en soupirant et traîna presque les pieds.

__ Marche avec élégance, attaqua tout de suite sa mère.

Pour être élégante, sa mère l'était. Assise avec les jambes croisées sa mère avait l'air d'une affiche tout droit sortie d'un magazine dédié aux femmes d'affaires. L'âge semblait ne pas avoir eu raison d'elle. De ses cheveux crépus qu'elle portait avec fierté aux ongles parfaitement manucurés de ses pieds que supportaient des escarpins élégants et visiblement confortables, tout, absolument, respirait l'élégance. Elle était habillé avec recherche et discrétion avec seul signe de frivolité une chaîne en or au motif de serpent.

__ Bonjour mère je vais bien aussi et ah mon lune de miel ? Ça a été, marmonna -t-elle en prenant place devant elle.

__Ah Épargne moi ta condescendance, tu es assez grande pour ne plus m'inquiétais.

"Comme si tu t'inquiétais avant " eut envie de répondre Zahra, mais soupira à la place.

__ Qu'est ce qui me vaut l'honneur de ta visite ? Demanda Zahra en posant les yeux sur visage maquillé avec sobriété de sa mère.

__ Pourquoi tu ne prends pas mes appels ? ça m'aurait évité de venir jusqu'ici, dit sa mère avec un mou exaspérée aux lèvres.

__ J'étais occupé, répondit elle simplement en soupirant.

__ Bref, ta cousine sera bientôt au Sénégal et elle va loger chez toi..

__ Comment ça chez moi ? Et puis quelle cousine ? L'interrompit Zahra.

__Laisse moi terminer, Katy fait des siennes en Espagne. Mon frère l'a envoyé faire une formation ici et m'a demandé de la surveiller, mais je n'ai pas son temps, je pars à Londres dans trois jours et je ne vais sûrement pas la laisser chez moi.

__ Et donc ça sera à moi de l'héberger ? Loue un appartement pour elle plutôt.

__ Son père veut qu'on la surveille, bref laisse la vivre chez toi seulement, elle est assez grande pour prendre soin d'elle-même, ce que mon frère et ma belle-sœur ne comprennent pas. Et puis il me semble que vous étiez proches, petites.

Proches ? Zahra s'empêcha de rire avec amertume.

__ Je te laisse, fit sa mère en se levant avec sa grâce naturelle qui ne laissait sûrement pas beaucoup d'hommes de marbre.

__ Je ne peut pas la laisser logée chez nous sans en parler à mon mari, protesta Zahra.

__ Ne me dis pas que tu es une de ces femmes soumises à leur mari qui demande toujours l'autorisation de leur mari ?

__ Il ne s'agit pas de soumission, mais de respect mutuel et ce n'est pas ma maison à moi seule.

__ Quoiqu'il en soit, elle sera là demain, je ne sais pas à quelle heure, termina -t-elle en ce sortant ne laissant pas le temps à Zahra d'en placer une.

Typique de sa mère ni au revoir ni un regard encore moins d'une petite embrassade, nota Zahra avec amertume. Et par-dessus le marché, elle la forçait presque à vivre avec une personne qu'elle voulait éloigner coûte que coûte de sa personne. Une personne qu'elle aurait aimé oublier jusqu'à l'existence. Katy était la fille cadette de son oncle maternel et contrairement à leur fille aînée, Zahra ne gardait pas de bons souvenirs avec elle aussi loin qu'elle se souvient.

Décidément, il semblerait qu'elle n'ait pas plus de mots à dire dans le déroulement de sa vie, pensant elle en appuyant sa tête sur son bureau.









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