DARLING HARBOUR

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Et si tout avait été différent;
que serions-nous aujourd'hui ?

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Il fait nuit noire sur Darling Harbour. Les dernières lueurs du soleil se sont estompées il y a plusieurs heures déjà, mais on peut voir encore quelques mouettes virevolter au gré du vent dans un silence impérissable. Il est presque deux heures. La rue est vide, si l'on oublie le sans-abri adossé à la porte d'un immeuble à quelques mètres de nous. Il n'a rien, ni chien ni couverture, si ce n'est le peu de vêtements qu'il porte. Je l'observe gesticuler contre le mur, essayant de trouver une position plus confortable pour dormir. Son regard s'attarde dans ma direction, je jurais qu'il me fixe de ses yeux vides.

- Bon on y va quand Gordon ? J'entends souffler dans mon dos.

Mon attention se détourne sur le rétroviseur intérieur, par lequel je le fixe d'un regard noir.

- Je te jures que si tu recommences je t'explose les burnes.

- Calum arrête franchement c'est pas le moment, gronde Ashton à côté de moi.

- Oh ça va, on ne peut même plus se détendre cinq minutes avec vous, râle le basané.

Ashton n'a pas quitté la porte des yeux, tandis que Calum continue de grommeler sur la banquette arrière. Quelques habitués sortent de l'établissement, mais rien en ce qui nous concerne. Mes yeux reviennent sur le trottoir - il a disparu.

- C'est bon, la voie est libre, prévient Ashton en éteignant son portable.

- Ah enfin, c'est pas trop tôt ! s'exclame Calum en bondissant de son siège.

Nous sortons du véhicule, et nous nous hâtons de franchir l'entrée en question. Nous entrons dans un petit restaurant bourgeois du centre-ville, où se pavanent les clients - exhibant leur richesse à qui voudra bien le voir. Un petit monde bien loin du nôtre, de nos jeans troués et de nos docks, ce qui ne manquent pas d'attirer le regard des plus curieux soulevant le nez de leur champagne, plus inquiets qu'étonnés. J'esquisse un sourire au lèvres. Se sentir redouté, faire peur.
Voilà ce que j'aime.
Nous traversons la pièce principale et nous enfilons directement sur un petit couloir, débouchant sur une unique porte marquée de l'inscription « Privé ».

- Trop facile, se moque Calum en tournant la poignée.

La porte s'ouvre sur un autre couloir bien différent, puis nous arrivons dans une pièce plongée dans le noir avec seulement quelques faisceaux de lumière la traversant de part et d'autres. La musique est assourdissante, bien loin du calme du restaurant. Une boîte de nuit où l'alcool coule à flot, tout autant que...

- Hey, j'entends derrière moi.

- Salut, dis-je en me retournant.

- Moi c'est Lydia mais tu peux m'appeler comme tu veux, glousse-t-elle en effleurant mon épaule.

- Michael.

- Et bien Michael, il y a-t-il quelque chose qui te ferait plaisir ?

- Et comment...

- Dans ce cas dis-moi t-

- Que tu fermes ta gueule et que tu dégages de mon chemin.

BLACK HEART - Everybody's got their demonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant