DEADLY LETTER

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Mieux vaut être le chasseur
que la proie.

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Arrivant à pleine vitesse, je manque de glisser sur les marches ruisselantes du perron. Mes bras se stoppent contre la grande porte en chêne, m'empêchant de m'écraser contre celle-ci. Je me relève rapidement et tire sur la poignée de bronze. Je la referme derrière moi, luttant contre le vent qui s'y engouffre. Ce n'est qu'après être sûre d'avoir entendu le cliquetis solennel du verrou résonner dans le hall, que je me laisse tomber au pied du lourd battant. Bien qu'ayant passé de longues minutes à courir, j'ai l'impression de ne manquer d'air que maintenant. Pourtant je minimise le bruit de mes expirations bruyantes, essayant de percevoir le moindre son suspect. Mais rien ne me parviens dans les secondes suivantes, excepté le mécanisme redondant de l'horloge avoisinante. Ils sont tous sortis - ou du moins c'est ce que j'espère. Je me dirige à l'étage sans perdre plus de temps. Même si je pense être seule, je marche à pas inaudibles sur le parquet grinçant. J'arrive devant la fameuse porte, délimitant les deux parties de l'étage.

Malgré leur poignet de main, l'atmosphère est froide, pesante. Tout le monde semble le jauger du coin de l'œil, tandis qu'il les fixe avec une certaine méfiance. Niall demande à Liam de me conduire à ma chambre; nous les laissons donc dans le salon. Je jette un regard en arrière. Aucune voix, aucun son. Pas même un mouvement. Je me demande ce qu'il se passe, mais je chasse rapidement cette pensée. Je suis Liam à travers l'immense bâtisse. Je n'avais jamais entré dans un endroit d'une telle envergure, bien que j'ai visité des lieux beaucoup plus grands comme les majestueux châteaux français. Mais là c'est différent, c'est impressionnant, d'une autre manière. Après avoir monté les escaliers, je remarque qu'il dévie sur la droite, évitant une grande porte fermée, coupant le long couloir dans lequel nous venons d'entrer.

- Liam ?

- Oui ?

- Qu'il y a-t-il de l'autre côté ? dis-je en désignant l'entrée.

- Oh, il y a la chambre de Niall et les anciens appartements de ses parents, le bureau de son père entre autre.

Je sors de mes pensées. Après un long silence, j'enclenche la poignée glaciale, pénétrant dans la partie ouest de la demeure. Il faut quelques secondes à mes yeux pour s'acclimater à la faible luminosité. La lumière filtrant à travers les rideaux tirés sur la fenêtre au bout du corridor ne suffit à dissiper que partiellement la pénombre. Ma main cherche aveuglement l'interrupteur sur le mur. Je finis par le trouver, la lumière artificielle envahissant l'espace. Si la chambre de Niall se situe là, pourquoi plonger son accès dans le noir ? Sûrement pour y cacher quelque chose. Mais rien ne m'y fait vraiment penser. Elle est similaire à l'autre, comme le reflet d'un miroir. Les tapisseries sont encore plus maussades, abîmées. C'est presque pire que de l'autre côté. Je parcours le couloir, sans vraiment par quoi commencer. Je pourrais bien faire toutes les portes, mais je n'en ai pas vraiment l'envie.
L'une d'entre elle attire mon attention, celle-ci est entrouverte. Je m'en approche - la pousse doucement, mais celle-ci s'ouvre dans un grincement abominable. Je m'arrête instinctivement, vérifiant derrière moi comme si quelqu'un allait surgir soudainement. Mais comme on pourrait s'y attendre - rien ne vient, alors je l'ouvre entièrement.

J'entre à pas lent, observant la pièce de long en large. La décoration est resté dans son jus, avec des murs aux multiples boiseries et tentures.

C'est le bureau de son père.

Au milieu des tableaux et meubles anciens, se dresse un majestueux bureau au centre de la pièce. Je m'y avance, laissant glisser mes doigts sur la surface plane. Puis, j'ouvre le premier tiroir. Il est rempli de dossiers diverses, comme le deuxième et le troisième. Mais je n'arrive pas à ouvrir le dernier - il est verrouillé. C'est étrange, rien a bougé, pourtant son père n'habite-t-il plus ici depuis longtemps ?

BLACK HEART - Everybody's got their demonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant