THERE WHERE CAN SEE THE STARS

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Car « si » est purement panique,
et « quand » est une peine solennelle.

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- Si c'est le propriétaire que vous cherchez, sachez qu'il a déménagé depuis pas mal de temps déjà.

Je sursaute avant de me retourner. Une dame dans la cinquantaine se tient derrière nous sur la dernière marche de l'escalier, en train de frotter la rampe avec un chiffon.

- Vous êtes la concierge ? demande Louis.

- En chair et en os.

- S-Savez-vous où il est parti ? je balbutie.

- Je suis désolée pour vous jeune fille, mais si je le savais je vous l'aurais déjà dit.

Le regard vide, elle mâche son chewing-gum la bouche ouverte, laissant apercevoir quelques bouts du plastique rose à travers ses dents. Elle a dit ça... comme si ce n'était pas grave.

- C'est pas grave madame, merci quand même. - Allez viens, dit-il en me poussant avec sa main dans mon dos.

Nous sortons de l'immeuble dans le calme le plus absolu, à part le bruit de nos pas résonnant sur le béton. Une larme m'échappe.

- Eh, dit-il en essuyant la larme avec son pouce. On va le retrouver t'inquiètes pas. C'est pas une histoire de déménagement qui va nous repousser, ok ?

- Mais on ne sait même pas où il est ! Londres est tellement grand ! Il n'y est peut-être même plus il-

- Eh calme-toi. Ce n'est pas comme ça qu'on va le retrouver.

- Alors comment ?

- On va aller à Camden Town. J'ai des connaissances par là-bas. Ils connaissent beaucoup de choses sur ce qu'il se passe dans l'ombre. Ils savent peut-être quelque chose sur Luke, et donc nous aider.

Après une vingtaine de minutes de taxi supplémentaire, nous arrivons sur Camden Town. Le chauffeur nous dépose le long d'une longue avenue, devant un magasin attrape-touriste. Louis paie, et nous sortons du véhicule. À y regarder de plus près, il s'agit de ses fameux magasin remplis de multiples objets reproduisant l'atmosphère des films Harry Potter. La vitrine laisse voir aux plus envieux quelques de ses trésors comme la baguette de Dumbledore, les écharpes des différentes maisons ou encore les fameux bonbons de Bertie Crochue. Si j'avais eu quelques années en moins, j'aurais donné m'importe quoi pour finir ma vie dans un endroit pareil. J'en connais une qui serait de mon avis - pas vrai, Lisa ?

- Tu viens ? la voix de Louis me sort de mes pensées.

- C'est l'adresse que tu as donné pourtant, non ?

- Je n'allais pas me risquer à lui indiquer où nous allions exactement. Je préfère qu'il nous prenne pour des fans qu'à nous voir dans un lieu, disons, moins enchanteur.

- Tu veux dire, que ce n'est pas très accueillant là-bas ?

- Tout autant que le Saule Cogneur.

Génial.
Nous longeons l'avenue sur une centaine de mètres avant que Louis ne tourne à l'angle d'une petite ruelle étroite, privé en grande partie de lumière naturelle. Effectivement, ça l'est beaucoup moins que la belle devanture décorer pour donner envie aux passants. La rue est sale, parsemée de débris et de déchets en tout genre. Elle est vide, à part un homme adossé contre le mur, à côté de la seule porte donnant sur le passage. Au dessus, une enseigne aux néons roses à la lumière vacillante « Welcome to the Hell », se balançant au gré du vent. Les vitres sont tellement crasseuses qu'on ne peut rien distinguer de l'extérieur. Chaleureux comme endroit.

BLACK HEART - Everybody's got their demonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant