BLACK HEART - Everybody's got their demons

FEELINGS

Je pourrais me montrer prudent
mais je sais que je vais plonger.

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Le temps que nous arrivions au village, la nuit est entièrement tombée. Tout le monde est réunit sur la place. Les guirlandes et les lampions sont allumés, autour desquels les petits insectes virevoltent. L'atmosphère paisible, presque féerique. Mon corps semble se détendre. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti un tel apaisement, au point que je sursaute lorsque je l'entends absorbée dans mon dos.

- Je t'ai fait peur ? me dit Michael dit-il au sourire mi-amusé, mi-surpris.

- Il m'en faut un peu plus pour m'effrayer, dis-je avec un petit sourire.

Il sourit aussi. Je regarde autour de nous, mais je ne vois plus Louis. Je n'arrête pas de repenser à ce que nous nous sommes dit, ses paroles résonnantes comme une boucle infinie dans ma tête.

- S'il a fait tout ça, c'était uniquement pour te protéger.

Pourquoi... pourquoi rien n'est si simple ?

- Autumn ?

Je sors de mes pensées.

- Tu vas bien ? me demande Michael l'air soucieux.

Mes yeux ne quittent plus les siens, comme s'ils cherchaient une réponse à travers eux. Pourquoi, pourquoi il a fallu que ce soit en de telles circonstances ?

- Eh, dit-il en plaçant mon visage entre ses mains. Si tu ne vas pas bien on peut rentrer.

Son contact me fait ressaisir.

- Non ça va, je ne veux pas rater ça, dis-je en enlevant ses mains. Allez viens, on va tout rater sinon.

Les gens commencent à se diriger vers la plage. Des enfants, tous vêtus de tenues folkloriques, devancent le cortège en tenant des torches allumées au creux de leurs mains. Leur file s'écarte, laissant passer six hommes soulevant une barque, qu'ils déposent à la naissance de la mer. Plusieurs femmes arrivent à leur tour, qui apportent plusieurs robes comme celles qu'elles portent. Je reconnais Norah, concentrée sur ce qu'elle fait. Elles les déposent à l'intérieur de la barque, puis s'écartent de l'embarcation. Un jeune homme s'approche, vêtu d'une longue cape noire, son visage recouvert par une capuche. Je l'aperçois, l'espace d'un instant.

- Tu n'aurais jamais dû te mêler de ça.

Un frisson d'effroi me parcourt l'échine. La voix de l'homme. Je tombe dans le vide. Non, c'est impossible. Ma vision se brouille et je perds l'équilibre. Mais mon dos rencontre le torse de Michael. Je me retourne vivement, m'excusant. Je ne fais pas face à Michael mais à visage de fumée noire. J'étouffe un cri et je reporte mon attention sur la cérémonie.

- Ce n'est pas vrai, ce n'est qu'une illusion, c'est Michael qui est derrière toi... je me répète inlassablement.

Soudainement, une masse noire se met dans mon champ de vision. Un vêtement - Michael vient de m'enfiler son pull sur la tête.

- Mets ça. Tu trembles comme une feuille, chuchote-t-il pour ne pas troubler le silence.

- Non tu vas-

- Ne t'occupes pas de moi, mets-le avant de tomber malade.

S'il savait que le froid n'en était pas la raison... mais j'obtempère. Je sens son odeur, réconfortante et apaisante à travers le tissu. Et pour une raison que j'ignore, j'attrape ses mains et les posent sur mon ventre, de façon à ce que ses bras m'entourent. Il semble surpris, puis il resserre son étreinte, m'emprisonnant dans son aura.