BLACK HEART - Everybody's got their demons

PRIDE & BLIND TRUST

Comment fait-on pour s'éloigner
de soi dites-moi.

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- Et voilà. La salle de bain est de l'autre côté, m'indique Liam en pointant du doigt la porte vernis. Si tu as besoin de quoique ce soit n'hésite pas, et le dîner est servi à 20h.

Comprenant que je ne suis pas d'humeur il quitte la pièce sans rien ajouter, et referme la porte derrière lui. Je pose mon sac sur le lit puis je laisse mon regard se balader sur la décoration d'une couleur vert d'eau. Les meubles sont d'un bois foncé imposant que cette pièce me donne l'impression d'étouffer. Je contourne le lit à baldaquin pour ouvrir la fenêtre et laisser la légère brise remplacer cette vieille odeur de poussière. Je déteste les lits à baldaquins.

Je ne range que partiellement mes affaires dans la commande - tout en veillant à bien dissimuler la boîte, puis je décide d'exploser le reste de la demeure. Je soupire presque de soulagement en ne voyant personne dans le couloir. J'entends des échos de voix sur ma gauche, alors je décide de partir dans le sens opposé. Je découvre deux petits salons et plusieurs chambres inoccupées, toutes semblables à la mienne. Je contemple chaque pièce et leur décoration luxueuse et extravagante digne d'un château de la Renaissance, comme ceux que j'ai pu visiter enfant. Des bribes de souvenirs me reviennent. Nous étions dans le jardin du château de Chambord, et ma mère venait de nous acheter des sucettes à la cerise, mes préférés. Alors qu'elle m'en tendait une, Luke s'en empara et à partir de là commença une longue course poursuite dans les allées de gravier sous les ordres incessants de ma mère nous criant de revenir.

La suivante est semblable à une grande salle de réunion. De nombreuses chaises entourent la table, pièce maîtresse du lieu, avec en son bout une chaise beaucoup plus imposante qui me fait penser à celle où seuls les rois, princes et ducs avaient l'honneur de pouvoir s'y asseoir. Au dessus de celle-ci est accroché au mur un tableau de plusieurs mètres d'envergure, surplombant la pièce avec immensité. L'œuvre représente une scène de guerre, le chef de son armée militaire brandissant fièrement le drapeau de son pays, prêts à se battre corps et âme contre l'ennemi.

« Soulèvement des patriotes Irlandais contre le Royaume de Grande-Bretagne, Floréal-Prairial mai 1798 »

Un bruit de craquement du parquet retentit soudainement dans la pièce, la surprise m'obligeant de me retourner. Une femme plutôt âgée et petite, habillée en tenue de gouvernante, passe le plumeau sur le secrétaire en acajou.

- Pardon Mademoiselle je ne voulais pas vous effrayer, s'excuse-t-elle tout en continuant son travail.

- Vous, vous travaillez ici ?

- Dans ma famille nous travaillons au service de la famille de Monsieur depuis plusieurs générations. Même si je suis la dernière, nous sommes deux à œuvrer ici.

- Et qui est cette deuxième personne ?

Le son de la pendule retentit, annonçant sept heures et demie, coupant le cours de notre discussion.

- Je dois aider à la préparation du dîner mademoiselle, si vous voulez bien m'excuser.

Elle part aussitôt, me laissant à ma contemplation. Puis j'entends d'autres pas s'approcher, et Niall se met à ma hauteur.

- C'est une magnifique pièce, dis-je.

- Si tu le dis, je ne suis pas très sensible à l'art.