BLACK HEART - Everybody's got their demons

FOREIGN ACCENT

On ne s'en méfiera jamais assez;
pourtant, c'est troublant.

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- Autumn dépêche-toi !

- J'arrive !

Ma mère ne fait que de me le rappeler toutes les deux minutes. Je grappille encore du temps pourtant je ne vois pas vraiment pourquoi je m'attarde ici. Plus rien ne me retiens vraiment. Même si j'ai passé toutes mes années dans cette chambre, je n'y est jamais réellement attaché. Où c'est de quoi je veux me convaincre. J'observe une dernière fois la tapisserie décolorée par le soleil, avant de fermer définitivement la porte et de descendre les escaliers avec ma dernière valise. Je traverse le salon en jetant un dernier coup d'œil à la cuisine, avant de me retrouver sur le perron de la maison.

- Allez monte, tu vas rater ton avion si ça continue ! tempête ma mère en me prenant vivement ma valise pour la mettre dans le coffre. Vas t'installer je m'en occupe !

Je lui obéis sans rien dire et je m'attache sur la banquette arrière. Je soupire silencieusement, alors que mon père ne se cache pas d'être plus expressif - sans doute plus exaspéré par le comportement de ma mère que moi. Nous échangeons un regard complice dans le rétroviseur, avant qu'elle n'entre à toute vitesse dans l'habitacle et de lui ordonner de démarrer.

Je n'ai jamais été très proche ni de ma mère, ni de ma famille en général. Excepté mon cousin, Luke. Le seul avec qui je me suis toujours sentie bien. On a grandi ensemble à tenter les quatre cents coups si bien qu'il soit d'un an plus âgé que moi n'a rien changé à notre complicité. Mais à cause du travail de son père, ils ont dû déménager en Australie il y a cinq ans de cela, et tout s'est compliqué. Nous avons fini par nous perdre de vue.

Cette fameuse soirée passe en boucle dans ma tête. Je rentrais des cours, et ma mère a décroché l'appel quand nous étions à table. Elle m'a passé le téléphone sans rien m'expliquer et c'est là que j'ai entendu sa voix.

- Salut Autumn.

- L-Luke ?

Sur le coup je n'y croyais pas. Je me pensais dans un rêve, ça me semblait tellement irréaliste. Pourtant, c'était bien lui. Après tout ce temps...

- Je sais que ça fait beaucoup de temps et qu'on a de nombreuses choses à se dire mais... j'ai quelque chose à te demander. Voilà, voudrais-tu venir faire tes études avec moi, à Londres ?

J'étais tellement abasourdie que j'ai failli tomber de ma chaise. J'étais complètement perdue, je ne savais pas quoi lui répondre. En à peine quelques secondes, alors qu'il avait presque disparu de ma vie, il resurgissait, lui et tous mes souvenirs. Je n'avais aucune idée vers où et quoi m'orienter, et les bulletins d'inscription n'étaient pas encore bouclés. Ça me faisait peur, mais en même temps, une voie d'enfant me soufflait d'accepter. Et c'est ce que j'ai fait. L'inconnu m'effrayait peut-être, mais peut-être était-ce ce qui m'a séduit.

Mon père arrive à se garer après d'interminables minutes à chercher une place dans ce labyrinthe bétonné. Je sors de la voiture et ma mère m'aide à descendre mes bagages du coffre, avant de nous diriger vers le hall de l'aéroport.

- Les voyageurs du vol 347 en partance pour Londres sont priés de se rendre porte d'embarquement 4.

À peine la voix se met à résonner dans le bâtiment que ma mère me prend dans ses bras.