EPISODE 01

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UN SI LOURD SECRET : ÉPISODE 01

- Où vas-tu encore ce soir, Djenabou?
- Mais quelle est cette question que tu me poses, Oumar?  Je suis de garde ce soir et tu le sais.
- Je t’ai pourtant dit de négocier avec ton patron pour ne travailler uniquement qu’en journée ;
- Il m’a dit que c’est impossible. Je suis Sage-femme et l’accouchement peut survenir à tout moment, jamais mes collègues n’accepteront qu’il me fasse cette faveur. Tout le monde déteste le travail de nuit ; alors nous sommes obligées de faire avec.

Oumar, mon mari, ne me répond plus ; il se dirige vers la cuisine et prend un verre d’eau qu’il avale sans mot dire. Je prends mon sac, donne des instructions à ma femme de ménage qui m’aide en même temps à m’occuper des enfants ; j’en ai trois, toutes des filles. Lorsque je serai de retour demain, elles seront déjà parties à l’école ; même Oumar aussi serait déjà au boulot ; je ne les verrai que le soir et le lendemain, jour de repos que je prends lorsque j’ai été de garde la veille.

Le métier de Sage-femme m’a toujours passionné ; je trouve noble le fait d’aider à donner la vie. La profession de sage-femme est une profession médicale spécifique réglementée par le code de la santé publique.
En tant que sage-femme, je suis une spécialiste des grossesses normales. Je suis les femmes enceintes dont j’ai la charge, du diagnostic de la grossesse, jusqu'au jour de l'accouchement.

Au fil des mois,  j’anime des séances de préparation à la naissance, je  prescris et effectue tous les examens nécessaires. Responsable du déroulement de l’accouchement, je pose le diagnostic du début du travail, dont je suis l’évolution.

J’assure seule la plupart des accouchements. Si des complications surviennent, j’agis très vite pour faire appel au gynécologue-obstétricien ou au chirurgien.

Après l’accouchement, je m’occupe du nouveau-né, vérifie qu’il est en bonne santé et  j’accomplis les gestes de réanimation si nécessaire. Je surveille aussi le rétablissement de la mère, puis je la conseille sur l’allaitement et l’hygiène du bébé. Parfois, j’assure également le suivi gynécologique (prescription de contraceptif, pose de stérilet et implant...).

Mon rôle de Sage-femme ne se limite donc pas à la grossesse puisque je dispose aussi des compétences nécessaires pour assurer au quotidien le suivi gynécologique des femmes (contraception, diagnostic de grossesse, rééducation périnéale)...

Ma profession implique de lourdes responsabilités et des conditions de travail souvent difficiles : horaires irréguliers, gardes de nuit, stress, pour ne citer que celles-là. Une grande résistance à la fatigue physique est donc nécessaire car je me dépense beaucoup.

A cause de mes gardes nocturnes, je ne passe pas toujours les nuits auprès de Oumar. Je sais qu’il aurait voulu le contraire mais je n’ai pas d’autre choix pour le moment ; dans tous les cas, il se montre compréhensif jusque-là ; il fait d’ailleurs partie de ceux qui m’ont encouragé  à embrasser ce métier car j’adore les enfants.

C’est toujours un bonheur pour moi d’aider un bébé à voir le monde pour la première fois. Personnellement, j’ai toujours voulu expérimenter ce mode d’accouchement naturel pour mesurer l’ampleur des sensations qu’une femme pouvait ressentir ! Mais hélas !  Comme à chaque fois, la taille du bébé  est trop élevée par rapport à la taille de mon bassin, j’ai toujours accouché mes filles par césarienne. La césarienne est une pratique chirurgicale pour sortir le bébé du ventre de la maman lorsque c’est dangereux ou impossible par voies basses. L’avantage de la césarienne est que la mère sera en très bonne forme pour l’arrivée du bébé, car elle aura fait moins d’efforts qu’au cours d’un accouchement par voies basses. Comme la cicatrisation dure de six mois à un an, j’observais toujours deux ans avant d’avoir un autre enfant.

un si lourd secret Où les histoires vivent. Découvrez maintenant