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UN SI LOURD SECRET : Episode 07

- Et si personne ne vient  réclamer le bébé ? Que ferez-vous ?

Monsieur s’inquiète pour son fils ; alors je lui réponds :

- Je ne sais pas ; ce n’est pas moi qui décide. Ce serait le comité de direction.
- Mais Djenabou, si une personne se présente comme son parent, exigera-t-on des pièces d’identité ?

Je n’arrive pas à croire que Oumar veuille récupérer l’enfant en cachette. Comment compte-t-il l’élever alors ? De toute façon, quand il se retrouvera dos au mur, il n’aura d’autre choix que de tout avouer. Mais quand se décidera-t-il à m’en parler ? Je réponds néanmoins à sa question :

- Toi aussi Oumar ! Que t’arrive-t-il ? On ne va quand même pas remettre l’enfant à n’importe qui. Comment allons-nous justifier si un jour les vrais parents se montraient ? Ou encore si la dame qui l’avait accompagnée revenait ?

Je savais là où Oumar voulait en venir ; il est en train de réfléchir à la possibilité d’envoyer un ami ou quelqu’un de sa famille chercher le bébé ; mais en même temps, il se dit que si des pièces d’identité sont exigées, je saurai qui a récupéré le bébé, ce qui peut faire remonter jusqu’à lui. Je ne comprends pas qu’il ne veuille rien me dire malgré la situation.

Pour quelles raisons ? Si Oumar ne me fait pas confiance, je ne peux pas prendre le risque de tout lui raconter ; il se pourrait qu’il ne me comprenne pas ; je commence même à me poser des questions sur l’homme que j’ai épousé : est-ce que je le connais vraiment ? Aujourd’hui, Sona est morte et le bébé est seul ; pourtant Oumar s’obstine à garder son secret. Je ne comprends pas. J’ai même peur de lui.

Toute la nuit, je réfléchis à la situation ; quand bien même ce bébé est le fruit de l’infidélité de mon mari, je n’ai pas envie qu’il soit abandonné ; je suis une mère aussi ; mais dans le même temps, j’ai peur d’être arrêtée si Oumar connaissait la vérité. Comme il m’a raconté l’histoire de Sona et dit qu’il y avait peu de chance que quelqu’un vienne réclamer le bébé, alors je décide de le récupérer à l’insu de Oumar; S’il ne veut pas assumer ses responsabilités, j’aurais au moins eu le mérite d’avoir aidé ce petit garçon.

Avec l’attitude que Oumar me montre, je suis de plus en plus convaincue qu’il ne faut pas qu’il sache la vérité pour la sécurité de mes filles et pour la mienne ; car si cette histoire se savait, je serai accusée d’avoir tué exprès Sona par jalousie.  Ma vie paisible se transformerait alors en cauchemar. Je ferai la prison et mes filles en souffriront.  Plus personne ne condamnerait la trahison de Oumar ! C’est moi qui serais accusée de meurtre par préméditation alors que je ne suis qu’une victime.

Je réfléchis pendant quelques jours ; comme je travaillais à l’hôpital, je m’arrange pour convaincre les décideurs à me laisser le bébé. Je vais voir le directeur de l’hôpital :

- J’ai une amie qui vient d’accoucher et qui a perdu son bébé ; elle doit encore avoir du lait ; je propose qu’on la lui confie en attendant qu’un parent ne vienne réclamer l’enfant. J’en serai responsable alors.

Le  Directeur posa le problème au comité de direction qui n’y trouva aucun inconvénient et le bébé me fut confié. Jusque-là, Oumar n’a pris aucune initiative ; il ne faisait que me demander comment se portait le bébé : c’est tout ; je me souviens pourtant que quand Sona lui avait annoncé le sexe de l’enfant il avait jubilé.

Alors pourquoi aujourd’hui, il tient plus à sa réputation qu’à son fils ? Quel genre d’homme ai-je épousé ? Le peu d’amour que j’avais encore pour lui commence à disparaître. Je n’ai plus aucune envie de rester près de lui. Depuis cette garde de nuit, je me sens mal car ma vie est devenue mensonge sur mensonge.

un si lourd secret Où les histoires vivent. Découvrez maintenant