UN SI LOURD SECRET : Episode 05
Immédiatement après le coup de fil passé par Sona, mon téléphone sonne ; c’est Oumar; je regarde sonner ; je sais que c’est pour vérifier si j’étais encore à l’hôpital et par quelle magie c’est une certaine Rokia qui a fait la garde à ma place. Je ne sais pas si je dois décrocher ou si je laisse sonner. Il savait que par nuit, c’est une seule Sage-femme qui est de garde. Alors, c’est sûr qu’il est troublé et ne comprend plus rien.
Je laisse sonner le téléphone ; il rappelle encore ; là, je décroche.
- Allo
- Où es-tu ?
- Quelle question ! Où veux-tu que je sois ?
- Dis-moi, normalement c’est une Sage-femme pour la garde la nuit ou vous avez changé de politique?
- Oui, c’est toujours le cas. Pour la section maternité, c’est une sage-femme, un Gynécologue et une fille de salle. Pourquoi ?
- Pour rien, juste une question de curiosité ; la nuit a été paisible ?
- Plus ou moins ;
- Pas de femme qui ait accouché ?
- Mais pourquoi tu me poses des questions aussi étranges ?
- Juste pour faire la conversation ; tu rentres à quelle heure ?
- A la même heure que d’habitude.
- Ok, je serai partie au boulot à ton arrivée. A ce soir donc ; une fois à la maison, fais-moi signe.Oumar demande que je lui fasse signe une fois à la maison pour ainsi venir à l’hôpital voir Sona ; il attendra mon signe longtemps.
Les cris aigus de ma troisième patiente me poussent à rentrer dans la salle des femmes en travail. Je ne suis pas de bonne humeur, alors je l’agresse verbalement :
- Pourquoi cries-tu si fort Béatrice ? Tu m’énerves.
- J’ai trop mal Sage-femme ;
- Tu as mal ! N’est-ce pas tu te moquais de l’autre dame quand elle criait ?
- Oh Sage-femme, pitié !Je l’examine ; elle est prête à accoucher ; je l’aide à s’installer sur la table d’accouchement ; tout s’est vite passé avec elle : un beau bébé de trois kilos huit cent grammes pointe son nez. Je le nettoie puis revient vers sa mère chez qui les cris ont déjà fait place à la joie. Je n’ai eu que des garçons ce soir.
Mais mon cœur continue de chauffer ; les larmes viennent et je les refoule ; comment Oumar peut me faire cela ? Il l’appelle même « chérie » ; il dit qu’il a enfin son héritier et qu’il est comblé ; et pourtant, Oumar m’avait toujours dit que ses trois filles faisaient déjà son bonheur. Oh Mr Kallo ! Quel hypocrite ! Cet enfant sera une menace pour moi et mes filles.
Je jette encore un regard vers Sona, toujours sur la table d’accouchement ; elle a les yeux fermés ; c’est normal, elle vient de fournir un grand effort. Mais pendant que mon cœur est en tourment, elle se repose paisiblement ? Je ne vais pas la laisser tranquille ; alors, je m’approche et je la réveille brutalement en lui disant :
- Tu ne sais pas ce qui est arrivé à ton bâtard de fils et tu dors !
- Je t’ai posé la question mais tu m’as dit de fermer ma bouche. Pourquoi traites-tu mon fils de bâtard ? Il a bien un père et je viens de lui parler au téléphone.
Je la toise et je m’éloigne d’elle.J’examine à nouveau Béatrice qui vient d’accoucher ; j’avais à peine fini avec elle quand une de mes collègues arrive ; comme à l’accoutumée, je lui fais le point de la situation :
- Bonjour Djenabou
- Bonjour Adèle ; comme tu es la première venue, je te fais le point ; j’ai accouché trois parturientes ; les bébés sont tous mâles ; la première, c’est Madame Mabinty Diallo épouse Camara, elle est dans la chambre numéro 04 en maternité ; la seconde, c’est Sona Traoré ; elle n’a jamais suivi sa grossesse chez nous ; la voilà sur la deuxième table d’accouchement ; son bébé est en pédiatrie et respire difficilement ; la troisième, c’est Béatrice Loua; elle vient à peine d’accoucher ; le bébé est bien portant.
- Bien noté Djenabou ; rentre bien.