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UN SI LOURD SECRET : Épisode 28

Je m’y préparais quand mon téléphone portable sonne et je vois que c'est Béatrice.
- allo Béatrice, je vois que tu es déjà remise de tes efforts;
- oui j'ai déjà une chambre mais j'ai besoin que tu viennes tout de suite.
- pourquoi?

Elle répond d'une voix très basse. Elle chuchotait presque:
- la voix. Je l'ai reconnu.
- quelle voix ?
- viens, c’est mieux.

Mon cœur bat la chamade ; je pouvais même entendre les battements saccadés ; sur le champ, je ne sus quoi lui répondre. Elle poursuit :
- Je ne peux pas parler fort ;
- D’accord, je comprends, raccroche, j’arrive.

En une vitesse d’éclair, je suis déjà au volant en train de conduire. Le trajet de l’hôpital auquel je suis pourtant habituée, me paraît une éternité. Pendant que je roule, je pense à tellement de choses ! Avec quelle Sage-femme Béatrice a eu de contact à part Safi ? Mais non, je ne vais pas juger trop vite ; Maître Justine m’a déjà dit que l’évidence n’est pas une preuve et j’ai moi-même déjà fait l’expérience avec Lansinet ; cette journée, il y avait trois Sage-femmes puisqu’ Adèle est en congé ; je l’exclus d’office de même que celle qui sera de garde ce soir ; mais, si Safi était la coupable, elle n’allait pas vouloir que Béatrice témoigne en ma faveur ; elle allait donc préférer qu’on la césarise ; de même, Béatrice me l’aurait dit avant mon départ de l’hôpital. Oh mon Dieu, je suis confuse, faites que ce ne soit pas Safiétou !

J’arrive enfin. Je ne vois que ma collègue, Juliette celle-là qui m’avait passé le témoin pour la garde de malheur ; les autres sont parties.

- Salut Juliette ;
- Salut Djenabou ; tu es venue voir ta patiente ?
- Oui, elle est dans quelle chambre ?
- Chambre une ;
- Tu es encore là pour longtemps ?
- Non, c’est Hawa qui est de garde ; dès qu’elle vient, je vais partir.
- Ok,
- au fait, as-tu croisé Adèle ?
- Non, elle m’avait dit qu’elle voyageait ;
- Oui mais elle est revenue avec sa mère qu’elle compte soigner ici ; elle avait fait un saut à la maternité après ton départ; elle est à peine sortie d’ici quand tu es entrée.
- Ok, à tout à l’heure, je vais voir ma patiente.

Adèle était donc ici ? Alors, elle s’ajoute aux trois collègues qui étaient là en journée ; elle m’avait dit qu’elle resterait un moment près de sa mère ; bon, je suppose qu’elle a préféré que de bons soins lui soient prodigués en ville. Mais je la soupçonne fortement.
Je pousse légèrement la porte de la chambre de Béatrice que je vois devisant tranquillement avec son mari. Les bébés dorment à côté ; son mari me remercie une fois encore :

- Sage-femme, merci encore pour ce matin ;
- Je vous en prie, c’est mon travail ; alors, Béatrice, tu t’es remise ?
- Oui, je ne sens rien d’étrange, tout va bien ; chéri, est-ce que tu peux me laisser un moment avec la Sage-femme, s’il te plaît ?

Son mari acquiesce et sort de la chambre. Elle me fait signe de m’asseoir et de m’approcher d’elle. Elle murmure dans mes oreilles ;

- Djenabou, c’est imprudent que nous parlions ici ; c’est pour cela que je te chuchote dans les oreilles ; j’ai reconnu la voix de ta collègue en question.

Je réponds aussi avec une voix basse:
- C’est qui ?
- Je ne connais pas son nom ; je l’ai juste entendu parler ;
- Est-ce Safiétou ?
- Qui est Safiétou ?
- Celle qui t’a accouché ;
- Non, pas du tout ;

Mon cœur ne m’avait donc pas trompé ; Dieu merci, ce n’est pas Safi ma copine. Béatrice poursuit :
- Safiétou a même été très gentille avec moi. Elle m’a examiné et selon elle, c’est comme si j’avais un début de saignement ; alors, elle est allée appeler trois autres Sage-femmes pour venir m’examiner et donner leurs avis.

un si lourd secret Où les histoires vivent. Découvrez maintenant