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UN SI LOURD SECRET : Épisode 21

Je reviens à la maternité pour finir ma journée ; lorsque je m’apprête à partir, Adèle ma collègue me fait attendre pour me parler ;

- Djenabou, j’ai le regret de te faire savoir que je ne serai plus disponible pour témoigner à ton procès dans quelques jours.

Je fronce les sourcils, étonnée ; je l’interroge :

- Mais Adèle, pourquoi ?

- ma mère est malade depuis deux jours ; je vais prendre un congé et me rendre à son chevet au village.

-  oh, désolée, c’est si grave ?

- à vrai dire non, les maladies de vieillesse ; mais en dépit de tout cela, il faut dire que cela fait un moment que je n’ai pas vu ma mère ; on se parle au téléphone uniquement.

- ok ; je te comprends ; mais tu sais que c’est important que  tu témoignes ; plus il y a de gens qui attestent de ma bonne moralité, plus j’ai des chances de ne pas être accusée. Si la maladie de ta mère n’est pas si grave, pourrais-tu, s’il te plait, aller la voir après le procès ? C’est dans cinq jours ;

- ah Djenabou, c’est ce que je me disais aussi que j’allais faire ; mais j’ai eu une discussion avec Rosalie et elle m’a dit quelque chose qui m’a troublé ; alors je ne suis plus tranquille.

- qu’est-ce qu’elle a bien pu te dire pour te faire changer d’avis si ce n’est pas indiscret ?

- elle m’a dit que ma mère est vieille ; et que la mort ne prévient pas ; qu’il vaut mieux que j’aille la voir très vite et rester près d’elle quelques semaines pour ne pas avoir à le regretter.

- vu dans ce sens, Rosalie a raison. Dommage pour moi ;

- non Djenabou, garde la foi ; avec ou sans mon témoignage, si Dieu le veut, tu seras déclarée innocente.

-  Merci Adèle ;

- ma mère est dans a N'zerekore, c’est loin, sinon j’allais revenir juste pour témoigner et repartir ;

- aucun problème Adèle, j’ai compris tes motivations. Ne te fais pas de souci pour moi ;
comme tu l’as dit, Dieu sera au contrôle.

Quand bien même j’ai compris les raisons avancées par Adèle, je me suis posée des questions ; j’espère juste qu’elle n’est pas coupable ; je sais que la coupable est parmi mes six collègues ; j’exclus d’office Juliette car elle n’était pas là, c’est elle qui était de garde et m’a passé le témoin ; Anne-Marie était en voyage ; j’ai d’ailleurs fini par comprendre ce voyage brusque ; c’était la mère de son mari  qui était souffrante au village et on les appelé  car la vieille était dans un état critique. Elle a d’ailleurs finir par mourir.

Je ne sais pas pourquoi mon cœur exclut aussi Safiétou.  Il reste donc Adèle, Rosalie et Hawa. Si je dois raisonner humainement, c’est Adèle la plus suspecte car après que je lui ai passé le témoin, elle était seule dans la salle en attendant que les autres n’arrivent ; je suppose qu’à l’arrivée des autres, c’est qu’Adèle est déjà là donc les autres n’auraient pu rien faire ; or, Béatrice a bien dit que ma collègue était seule avec Habiba. Logiquement, c’est Adèle et voilà qu’elle ne peut même plus témoigner. J’espère que sa mère est réellement souffrante. Quel manque de chance pour moi que Rosalie lui ait suggéré de partir tôt. Rosalie est la moins bavarde d’entre nous mais elle est très proche d’Adèle comme je le suis de Safiétou. Dans tous les cas, c’était déjà une déception pour moi de savoir que l’une de mes collègues est une criminelle ; j’ai en même temps la chair de poule.

un si lourd secret Où les histoires vivent. Découvrez maintenant