Les tréfonds du passé (Katsuki X OC)

Chapitre 8

PDV Katsuki

    Lorsque la nuit est tombée sur le camp, j'avais encore l'esprit embrouillé. Mais maintenant qu'il est l'heure de retrouver Uliana, je sens le stress monter en moi. Est-ce parce que j'appréhende ce qu'elle pourrait me raconter ou s'agit-il de mes propres sentiments qui me jouent des tours ? Depuis que j'ai eu cette pensée au réfectoire, elle ne m'a pas quitté de la soirée. Je sais que Uliana est bien plus qu'une professeur pour moi, mais est-ce qu'elle pourrait être encore bien plus ? Je n'ai jamais ressenti ce type de sentiments avant. Bien sûr, j'ai déjà été attiré par d'autres filles avant, jusqu'à même ressentir des sentiments pour certaines. Mais avec Uliana, tout est différent. Lorsque je suis avec elle, j'ai l'impression de ne pas être obligé de lui montrer mon côté digne et fier. Les barrières tombent lorsque nous nous parlons, tout est différent.

    C'est donc avec les jambes flageolantes que je me dirige vers le bâtiment. Lorsque je l'aperçois, elle a le regard tourné vers la lune brillante dans le ciel. Cette fois-ci, elle est vêtue d'un pull blanc qui recouvre ses épaules, gardant tout de même son ensemble noir. J'ai toujours trouvé Uliana belle à regarder, mais maintenant, je la trouve juste magnifique. Lorsqu'elle tourne la tête vers moi, la puissance de son regard me fait presque chavirer. Ce soir, nos regards sont différents de d'habitude. Ils sont plus profonds, plus sondeurs. C'est donc déstabilisé que je viens m'assoir à côté d'elle.

    Sans un mot, elle me fait une petite place tout en frottant ses paumes. Je peux ressentir son stress qui émane de son corps tendu. J'ai envie de la rassurer, mais je ne sais pas comment faire. Elle esquisse un sourire contrarié tandis qu'elle doit chercher par où commencer. Après une grande inspiration, elle finit par continuer là où elle s'était arrêtée la nuit dernière.

    Pendant de longues minutes, elle me raconte comment elle a dû quitter la famille de Isaak qui n'avait pas assez de provisions pour la nourrir. Elle me raconte comment elle a réussi à survivre à travers les rues de la ville la plus proche, en faisant la manche, en volant quand elle le pouvait. Elle me raconte les longues nuits qu'elle a passé à dormir dans le froid, les fois où elle a bien failli succomber face à la froideur des hivers. J'ai tout de même du mal à l'imaginer, à me dire que ce qu'elle a vécu est réel. Cela me parait tellement horrible dans notre monde actuel que c'en est presque surréaliste.

    — A douze ans, je suis entrée dans un gang, lâche t-elle après une courte pause.

    — Un gang ? demandé-je tout de même surpris.

    — Oui, un gang.

    Ses mains viennent s'enrouler autour de ses épaules. On pourrait croire qu'elle a froid, mais si on la connait bien, on sait qu'elle fait ça lorsque ce qu'elle s'apprête à dire est bien trop dur.

    — Ils... ils m'ont sauvé alors que je me faisais battre par un groupe d'hommes saouls. C'est de là que me vient cette cicatrice.

    D'un doigt tremblant, elle me montre sa paumette qui arbore un cicatrice nette et précise.

    — L'un d'eux était armé, ajoute-elle.

    — Oh...

    Car je ne sais pas quoi répondre d'autre.

    — Alors, ils m'ont sauvée et apportée avec eux. J'ai découvert qu'ils avaient tous un alter. Comme je te l'avais expliqué, les alters n'étaient pas très courants pour des gens comme nous.

    — Oui, je m'en souviens.

    Puis elle détourne à nouveau le regard. Cette fois-ci, ses lèvres se plissent. Ce qu'elle va me raconter après ne doit pas vraiment l'enchanter.