C'était fini... Ils allaient venir me chercher. Il lui avait dit où j'étais. Bien sûr, il préférerait donner sa fille plutôt que d'être bânni de sa communauté et diffamé. Que dirait son entourage? Qu'elle humiliation! S'ils savaient ils perdrait tout, son argent, son statut et sa notoriété. C'est pour cela qu'il m'avait menacée quand j'avais su. Mon père pensait que j'avais fuit à cause de ses menaces; mais j'avais également fui à cause du choc et du dégoût que m'avaient suscitée cette révélation. Je sais que maintenant , il avait des problèmes, et s'il ne donnait pas l'argent je pouvais être en danger . Il n'hésiterait pas une seconde entre lui et moi. Maintenant, s'ils étaient là, il n'y avait rien d'autre que je ne puisse faire si ce n'était de courir à en perdre mon souffle. J'entendais les pas se rapprocher mais je dus m'arrêter de courir parce que ma cheville me lançait une douleur tenaillante. Je boitais alors, sur le point de fondre en larmes.
- Jill?, je reconnus la voix de Bradley, soulagée et tentais de ravaler mes larmes.
Il s'approcha de moi, les bruit de ses chaussures frappant les pavés humides de la rue. A cette heure tardive, personne ne se promenait dans la rue. Il faisait un froid mordant et tout le monde restait devant un feu de cheminée, à regarder la télévision ou bien autour d'un repas bien garni entouré de sa famille. Lorsque la température était infèrieure à 0, les autres élèves se déplaçaient en voiture, leur parents les conduisaient même si la destination était à 200 mètres de leur cocon. Le problème, c'est que je n'avais pas de parents pour s'inquiéter du rhume que j'allais attraper si je sortais de chez moi par ce temps, ou du danger que je pouvais courir si je rentrais si tard le soir dans les rues d'un quartier réputé pour sa violence. Je relevai la tête pour regarder Bradley. Il semblait désolé.
- Je voulais pas te faire peur tu sais..., dit-il ses yeux noisettes en m'observant.
Je reniflais en machouillant le cordon de mon pull bleu, je le sentis se rapprocher de moi.
- Attends, tu pleures?
- Je...
Le soulagement avait fait couler mes larmes. J'avais commencé à pleurer et je ne pouvais plus m'arrêter comme si j'essayais de freiner mon vélo dans une descente vertigineuse alors que j'avais pédalé au départ pour m'élancer. Je me dégageais en boitillant.
- Non , non , je vais bien, hoquetais-je, je vais rentrer chez moi.
Bradley me prit la main, je me retournai subitement vers lui. Mon visage devait ruisseler de larmes, quelle humuliation!
- Tu veux pas plutôt que je te raccompagne, proposa-t-il, ma mère va m'attendre juste là, ajouta-t-il en désignant la bibliothèque au loin.
Il me fixait toujours, j'acquiéçai et j'essuyais mes larmes du revers de la main n'ayant toujours pas lâché la sienne. Je le suivis en tentant de marcher le plus naturellement possible, même si ma cheville allait sûrement se détacher de ma jambe tant la douleur était intense.Nous n'avions quelques mètres à parcourir et pendant que nous marchions dans la rue sinistre et silencieuse je cherchais une excuse.
- Tu sais, je courais parce que tu m'a fais peur et tout. On peut dire là que j'étais au paroxysme de ma paranoïa...
Je bafouillai n'importe quoi et n'arrivais pas à construire mes phrases, mes yeux continuant de faire déferler des flotsde chagrin.
Lui se taisait.
- Souvent, j'imagine pleins de choses, et puis il fait sombre, et quelqu'un m'appelle ... Tu vois, tu aurais réagi comment toi à ma place?Jje ne veux surtout pas que tu me prennes pour une folle, ou quelqu'un qui collectionne les feuilles d'arbres ou qui a la phobie des pommes parce que c'est pas le cas. Je suis juste un peu poltronne , et si j'ai des larmes c'est parce qu'il fait froid et puis... En faite, je ne pleure presque jamais, enfin pas quand j'ai peur , ou quand je suis triste ou en colère mais ces plutôt après. Tu sais quand on est soulagé et rassuré et qu'on sait qu'on est sain et sauf ,que plus rien ne pourra nous arriver après avoir eu très très peur. C'est pour ça hein... Je suis pas folle tu sais.
Il se taisait toujours, me tenant la main et continuant à marcher.
- Je suis pas folle, je te promets Brad , je mange des compotes tous les jours et je déteste les feuilles des arbres, à vrai dire j'y fais pas trop attention.
- Ca ne prouve rien tu sais, me répondit-il finalement.
Je fronçais les sourcils.
- De, de quoi?
- Tu manges des compotes tous les jours, certes, mais peut-être qu'elles sont à la poire ou bien à la fraise.
- Idiot!, m'écrai-je en lui donnant un coup de coude.
On se mit à rire. On était devant la bibliothèque maintenant.
- Pourquoi tu m'as couru après ?
- Je t'ai vu , et je me suis dit que tu préférerai sûrement rentrer en voiture plutôt que de faire le trajet toute seule. J'ai eu raison.
- Tu sais j'aurai pu ...
Il me regarda d'un air moqueur frottant ses mouffles sur ses joues pour se les réchauffer.
- On est ami Jilly non? Les amis ça sert pour tout, même pour le taxis.
Cette révélation me fit chaud tout d'un coup la température de mon corps avait augmentée de 30 degrés. Ami? Mon coeur fit lui aussi un bond et mes joues rosirent. C'était la première fois que quelqu'un me disait que j'étais son amie, comme ça soudainement- bon d'accord Ollie aussi mais c'était "meilleur ami"-. Je l'examinais, il avait vraiment l'air sincère, et j'étais heureuse. A cet instant, sous la neige, tard le soir, frigorifiée, le visage larmoyant et les yeux rougis; j'étais heureuse. Alors quelque chose qui ne s'était pas produit depuis longtemps arriva. Je souris. Un vrai sourire. Pas celui que le cerveau commande, celui du coeur.
- Quoi?, chuchota Bradley perplexe et souriant lui aussi.
-Rien.
Un vrombissement de moteur se fit entendre, et une fiat bleu marine se gara près de nous. Les crissements de pneus progetèrent de la neige sur nos vêtements. Bradley me signe de monter. En ouvrant la portière il me chuchota quelque chose à l'oreille:
- C'est la première fois que je te vois sourire, ce soir. Et ça, ça prouve que tu n'es pas folle Joanna.
VOUS LISEZ
Going Nowhere- Bradley Simpson (The Vamps)
RomanceJill rencontre l'inconnu des bois Bradley qui va changer sa vie