La peur est un puit sans fin...

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Je n'étais pas retournée à l'école la semaine suivante. La nuit précédente une crise d'angoisse m'avait paralysée au lit. Mes mains tremblaient, mon ventre se tordait de douleur et la peur contrôlait mon corps. Ollie était resté là avec moi toute la nuit, tentant de tout faire pour me rassurer.

- Si tu parlais de ce qu'il s'était passé, ça te soulagerai..., m'avait soufflé celui-ci pendant la nuit.

Mon corps et ma bouche ne pouvaient pas lui exprimer mon refus catégorique mais la lueur qu'il avait perçu dans mes yeux lui avait fait comprendre.

Le matin, il devait partir au lycée après une nuit blanche. Il n'avait pas voulu me laisser seul dans cet état là, trop inquiet il avait appelé Jenna sa petite amie. Jenna était plus âgée et n'était plus au lycée mais étudiante en droit. Elle était alors venue dans l'appartement avec ses livres d'étudiante et son ordinateur. Celle-ci avait essayé de me calmer de me parler mais en vain. L'angoisse était trop forte et plus elle s'occupait de moi plus l'angoisse était forte et je ne pouvais l'expliquer.J'aimais beaucoup Jenna, mais elle ne pouvait rien faire pour moi, ni Ollie d'ailleurs.

Le lendemain, je n'arrivais plus à manger. Jenna avait du revenir tous les jours de la semaine. Elle me faisait manger, je n'arrivais même plus à parler. La seule chose, que j'arrivais encore à faire sans aide c'était pleurer.Ollie s'inquiétait, il ne dormait que quelques heures par nuit, et je savais que si ça continuait, il allait appeler le docteur et puis... Je savais qu'il n'allait pas me supporter longtemps.

Le Vendredi soir mon état était critique. Ol' a voulu appeler les urgences et tout a basculé. Je tremblais, je pleurais et mon meilleur ami était exténué et terrorisé depuis trop longtemps. Il m'a tenu pes mains et:

- Jill, je ne peux pas te garder comme ça. C'est trop dur et trop dangereux, une larme coulait sur sa joue,Tu ne manges plus, tu n'as pas bougé du canapé depuis 4 jours. Tu ne dors plus, je ne dors presque plus. On doit te porter pour que tu ailles aux toilettes. Tu pleure, hoquète et aucun son ne sors de ta bouche. J'ai peur. J'ai très, très peur. Je ne sais pas quoi faire mais tu as besoin d'aller aux urgences. Je ne veux pas que tu crois que je t'abandonnes mais... Je ne peux plus et on va avoir de gros problèmes et tu devras retourner vivre chez tes parents parce que tu n'as que 16 ans. Il faut que tu réagisse, que tu me donnes un indice.Tu ne me dis pas ce que tu as, je ne sais pas comment t'aider. Ça me tue de te voir dans cet état et de savoir que tu vas me détester pendant le reste de ma vie si j'appelle à l'aide. Mon appel te renverra chez toi. Mais que ferai tu à ma place? Souviens-toi d'une chose, quoi que je fasse ce sera parce que je t'aime et que je veux le meilleur pour toi.

Il s'était tu. Les derniers mots avaient résonnés dans mes oreilles comme des boulets de canon.L'appartement était devenu silencieux. Il attendait une réponse. Il devait savoir s'il devait appeler ou non. Continuer ou abandonner. C'était à moi de faire mon choix.

Mon corps donna sa réponse et les convulsions se stoppèrent. Je venait réccupérer le contrôle de mon corps.

Mon ami me regarda stupéfait et je prononçai mes premiers mots après un mutisme de quatre jours et demi:

- Je n'ai pas de chez moi.

Silence.

- Ne les appelle pas Ol'. C'est le choc post-traumatique, je te promets que ça n'arrivera plus. Tout ira mieux.

Ollie se mit à pleurer à chaude larmes et me serra fort dans ses bras.

- Jilly, tu dois parler à quelqu'un. A moi, Jenna , à un psy de ton école, peut-être ou même à un inconnu rencontré dans la rue. A n'importe qui mais tu ne peux pas garder ça pour toi. T'es pas seule okay? Je suis là et Jenna aussi.

Des larmes roulèrent sur mes joues.

- Merci Ollie, m-merci pour tout, balbutiai-je.

- Je ne te laisserai jamais seule Jilly. Trop de personne l'on fait mais pas moi.

J'acquieçai mais je n'arrivais pas à le croire. Je savais que ma crise d'angoisse n'avait pas été due seulement au choc post-traumatique mais également à cette appréhension de la solitude. Un jour Ollie m'abandonnerai, je savais que l'on m'abandonnerait encore. Cette peur irrascible me hantait.

Assuré que j'allais mieux, ce dernier partis dormir sa première nuit depuis 5 jours.

C'était un bruit. Un simple bruit m'avait ramené à la raison. Ce n'était pas les mots de mon meilleur ami comme il l'avait cru, c'était le son des touches du téléphone composant le 115.

Non il ne pouvait rien faire. Personne ne pouvait rien faire pour moi. La panique qui avait engendré ma crise l'avait stoppé par une autre.

"Je vivais coniçée entre les 4 murs de la peur et je devais vivre avec, me promis-je avant de sombrer dans un profond sommeil"

Going Nowhere- Bradley Simpson (The Vamps)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant