Je pensais que je devais y aller. C'était important, ce travail de groupe. Pourtant, je ne pouvais pas m'y résoudre parce que j'avais peur. Je ne me contrôlais plus, enfin pas devant lui. Quand Bradley était avec moi , tout ce que je gardais caché avait soudainement besoin de sortir, j'aurai pu tout déballer d'une traite, sans même m'arrêter pour respirer . Depuis deux jours, je songeais à tout annuler, parce que je m'étais promis de ne jamais rien dire. A vrai dire, je ne me confiais pas, j'avais toujours eu du mal à parler de moi trop longtemps. Les mots ne sortaient pas tout simplement. Avec Bradley, c'était comme si tous ces mots s'étaient transformée en lave qui bouillait depuis trop longtemps dans son volcan. Je craignais que Bradley soit succeptible de déclencher l'éruption; et si, je savais ô combien la terre tremblerait.
De toute manière ce que je dirais ne l'intèresserait pas.
Je n'avais pas réussi à me concentrer pendant le cours de biologie, et comme mon coeur battait fort , je focalisais mon cerveau sur ma respiration parce que le stresse monte vite, parfois. Je triturais le sédatif qu'Ollie m'avait donné le matin même:
- Je te connais Jilly, tu en auras besoin, avait-il dit.
Il était heureux que j'ai un camarade d'exposé, je crois et il me connaissait assez pour savoir que je serai terrorisée, parce que la peur me caractèrisait. Je scrutais les aiguilles de la montre de ma voisine comme un bombe à retardement prète à exploser.
Explosion. Trois.Deux.Un.Zéro.
Il m'attendait devant la porte, le sourire aux lèvres un bonnet rouge vicé sur la tête.
- On y vas Jill.
Je voulais lui demander comment on allait se rendre chez lui , si nous devions rentrer avec d'autres personnes - que je ne connaissais pas- mais je n'eus pas assez de courage et le suivis vers la sortie.
- J'habite assez loin , à Higham Gobion, c'est à une vingtaine de kilomètres d'ici donc on va prendre le train.
J'acquiéçai.
La gare était mitteuse et le train que nous avions pris était tant délabré que je craignais qu'il n'aille pas jusqu'à notre station. Bradley s'assit sur un siège rouge tâché et sortit un livre de son sac. Mes mains tremblaient alors j'avalais ma pilule.
- Tu ne t'assoit pas?
- Si.
- Le trajet est assez long donc j'emmène toujours quelque chose avec moi, se justifia-t-il, lorsqu'il s'aperçut que je fixais son livre. Je hochais la tête, toujours perplexe.
-Quoi?, demanda-t-il sur la défensive.
- Non, je suis juste en train de lire ce livre aussi.
Le train démarra avec de vives secousses. Un air satisfait apparu sur le visage de Bradley.
- Je sais, tu l'avais le soir du match, ça m'a donné envie.
Je rougis gênée. Le livre s'appelait "Lost Guarland Paper", c'était un comte de Noël entre un adolescent et une vieille dame. Ils se rencontrent dans une station de métro, tardivement. Le jeune garçon n'a pas d'argent pour rentrer chez lui, il en demande à la vieille dame, celle-ci refuse, il tente alors de lui arracher son sac à main violemment et cette dernière fait un malaise. A la page soixante-et-une Sam décide de rester avec cette vieille en attendant l'ambulance.
Je ne répondis rien, je ne savais pas si je devais me sentir flattée qu'il lise le même livre que moi ou juste terrorisée. De plus, c'était mon père qui me l'avait conseillé durant l'été. Il disait que cet ouvrage m'aiderait à grandir, en me baratinant avec cette théorie cliché dans la plante- c'est à dire moi, l'enfant- qui, pour renforcer ses racines à besoin d'eau, eau, assimilée métaphoriquement aux connaissances. La première de couverture ne me plaisait pas et le nom de l'auteure était indéchiffrable, alors je l'avais laissé de côté.Je m'étais dit que si j'écoutais toutes ses bêtises, j'allais vite fâner. Etrangement, j'avais commencé à le lire après l'évènement tragique. Peut-être parce que je voulais en découvrir plus sur la duplicité du monstre. Ou bien alors tout simplement parce que c'était l'unique livre que ce dernier avait fourré dans le sac - de surpermarché, donc d'un petitesse extrème- qu'il avait donné à Ollie quelques jours après ma fugue-définitive-.
- Je croyais que tu l'aurais déjà terminé depuis le temps.
- Non, dis-je en secouant la tête, c'est peut-être idiot mais je lis en fonction des jours qui me rapproche de Noël, pour pouvoir plus le ressentir tu sais...
Je baissais les yeux, il me fixait l'air captivé.
- C'est une bonne idée, mais je ne sais pas si je vais réussir à être assez patient. Je suis à la page trente-neuf. Et toi?
Je lui répondit.
- C'est bizarre que tu aimes bien lire ça, je veux dire...
Bradley me lança un regard offensé.
- Tu veux dire pour un garçon , c'est ça.
J'avais encore parlé trop vite, parce que j'étais nerveuse, et je ne savais pas quoi faire pour me rattraper. Evidemment, j'avais voulu dire ça, je ne voulais pas le juger, j'étais juste surprise qu'un garçon s'adonne à la lecture, surout ce genre de livres. Mon père m'avait toujours dit que les livres que je lisais étaient peu subtiles, parce que les femmes étaient naturellement moins intelligente que l'homme. Dés qu'il me voyait lire des annales de biologie, il devenait irrité en disant que je ne devais pas lire des choses qui n'étaient pas de mon niveau de QI ce qui était totalement absurde. Il n'y avait que ses lectures à lui qui étaient sencées, et que les hommes devaient enseigner aux femmes. Bien sûre, comme j'allais à l'école j'avais fini par comprendre certaines choses. Tout d'abord, ses livres disaient faux, les femmes pouvaient être ausi intelligentes que les hommes - c'était Yamina qui obtenait souvent les meilleures notes dans ma classe-; et puis la plupart des élèves, garçons comme filles, optaient pour Itv1 plutôt que pour un bon bouquin.
La vieille machine s'arrêta brusquemment pour laisser sortir des gens, puis repartit dans un vacarmes torniturant.
- On sort au prochain arrêt, m'annonça Bradley.
Je hochais la tête toujours honteuse de ce que je venais de dire, mes yeux rivés sur la fenêtre, fixant le paysage qui défilait devant mes yeux. Tout semblait abandonné, les lieux étaient désafectés emplis de bâtiments en ruines et de déchet. L'Angleterre était morne. J'aperçu au loin une forêt, entourée de maisonnettes d'un côté, et de vieils immeubles de l'autre. Un sentiment familier me traversa l'esprit. Le convoi se stoppa brutalement, je sortis suivant le bonnet rouge de Bradley. J'avais l'impression d'être déjà venue ici. Plus j'avançais, plus cette sensation désagréable de déjà vu grandissait, tout mes sens étaient activés. Le grognement d'une usine de métallurgie, l'odeur âcre des égoûts , l'arrière goût amer dans la bouche qui venait après, et puis cette rue, ce lampadaire et la forêt derrière.
La forêt.
Mon coeur se stoppa. C'était là qu'il m'avait vu.
Je vis Bradleys'enfoncer dans la forêt, je ne pouvais pas bouger les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas me retenir, ça faisait trop mal, les souvenirs faisaient trop mal. J'avais couru jusqu'à Higham Gobion...
Je respirais fort, la boule de ma gorge si douloureuse que j'allais exploser.
Il s'était retourné car je ne le suivais pas. Il parut surpris.
- Jill?
C'était trop tard, les larmes déferlaient sur mes joues, je sanglotait bruyamment assise, recroquevillée sur le sol. Je n'arrivais même plus à penser juste de grosses larmes et des gémissements.
J'aperçu Bradley se rapprocher de moi.
Il l'avait fait exprès.
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Going Nowhere- Bradley Simpson (The Vamps)
RomanceJill rencontre l'inconnu des bois Bradley qui va changer sa vie