The five dark boys and me [ Supprimée ]

Chapitre 46 | Lewis

J'avais trois ans. Trois putains d'années quand on m'a séparé de ma petite sur. La seule famille qu'il me restait, on m'en a privé. J'ai pleuré pendant des jours et des jours. Tous les soirs je pleurais. Tous les soirs j'espérais la retrouver. Jusqu'à ce qu'elle se pointe devant chez nous. Elle était là. Je l'avais retrouvé. Après tant d'années, nous étions de nouveau réunis. Et tout est fini. Encore une fois, je l'ai laissé partir. Je ne l'ai pas retenu comme j'aurai dû le faire.

J'ai décidé de me battre pour nous deux il y a bien longtemps. J'ai décidé de me battre contre la vie et l'injustice à partir de ma séparation avec elle, à mes trois ans. La vie m'avait mise tellement d'épreuves, je devais enfin relever la tête.

Alors que je passais de famille d'accueil en famille d'accueil, je n'arrivais pas à retrouver une famille stable. Ma vie entière était instable. Mon état était instable. Je ne pensais qu'à une chose : la retrouver. Mais je savais que c'était impossible. Comment retrouver une soeur dont vous n'avez qu'une pauvre photo ?

Un soir, j'en ai eu marre. Marre de ne pas avoir de foyer fixe, parce que les parents qui m'adoptaient ne comprenaient que je puisse être parfois violent, avoir quelques excès de colère. Ils ne comprenaient pas que je puisse pleurer chaque soir. Ils ne comprenaient pas ma souffrance.

Excédé de tout ça, je suis parti. J'ai fait un sac et je suis parti, j'ai fugué, comme ma soeur l'a fait quelques années plus tard. J'ai tout laissé. J'ai seulement emporté cette photo et ma rage de vaincre, de me battre pour moi et ma soeur, peu importe où elle était, peu importe ce qu'elle vivait, peu importe si elle était vivante ou morte. J'espérais seulement qu'elle était vivante et qu'elle était heureuse, elle.

Dans la rue, la vie était dure. Je devais me battre très souvent, trop souvent. J'avais seulement seize ans et je ne faisais rien. Je n'avais pas d'argent, je n'allais plus en cours, donc je volais pour survivre.

Un jour, j'allais voler un paquet de chips du super marché quand je l'ai vu. Matthew était là, face à moi. Il avait compris ce que j'étais en train de faire. A cette période, il était responsable de sécurité dans ce super marché. Pourtant, quand il m'a vu, il ne m'a pas dénoncé. Il m'a donné un peu d'argent et m'a dit de m'acheter à manger, ce que j'ai fait en le remerciant. Je me suis acheté à manger. En sortant de ce magasin, je me suis dit que j'avais eu de la chance de tomber sur lui parce qu'un autre m'aurait dénoncé. Mais à ce moment précis, je ne savais pas qu'il n'allait pas seulement faire en sorte de me donner un peu d'argent pour manger. Je ne savais pas encore qu'il n'allait pas être qu'une personne de passage dans ma vie.

Une semaine plus tard, je suis retourné dans ce magasin. Je l'ai à nouveau croisé. Et en me voyant, il a eu l'air d'avoir pitié de moi, comme sil comprenait ma souffrance. Il s'est approché de moi, et j'ai eu peur de lui sur le coup.

- Je...je n'ai rien volé, je vous assure, avais-je affirmé.

- Attends moi devant le magasin à dix-neuf heures.

Je n'avais pas bronché. À dix-neuf heures pétantes, j'étais devant le magasin. Il m'attendait. Sans me demander mon avis, il m'a dit de le suivre, ce que j'ai fait. Nous sommes arrivés dans un genre de bidonville. Il m'a fait entrer dans cette cabane faite de bois, de boîtes de plastique, de conserves et de tôles. Une fois chez lui, il m'a demandé de lui raconter pourquoi j'avais voulu voler. Je lui ai expliqué que je vivais dans la rue. Alors il m'a dit de vivre avec lui. J'ai accepté directement.

À force de vivre ensemble, je lui ai raconté pour mes parents et pour ma petite sur, Lexie. Je lui ai tout dis. J'ai beaucoup pleuré en lui racontant, mais ça m'a libéré d'un poids énorme. Il m'a raconté qu'il vivait dans la même situation que moi quelques mois plus tôt. Il m'a dit qu'il comprenait ma souffrance. Qu'il me comprenait et qu'il allait me protéger quoi qu'il arrive. Il me l'a promis.