Les voix de l'âme

une réponse inattendue

Il relut encore et encore la lettre qu'il venait d'écrire, mal à l'aise.

Tout s'enchaînait trop vite ces derniers temps.

D'abord sa première véritable conversation et maintenant sa première lettre...

Ça lui avait pris la matinée et plusieurs recherches dans les livres de grammaires de la bibliothèque pour arriver à un résultat potable.

Il n'avait jamais écrit de lettre auparavant, c'était une première pour lui, alors il s'était appliqué mais restait très maladroit avec les mots.

Après avoir retourné sa lettre de Poudlard dans tous les sens et décortiqué chaque ligne, Harry avait quitté sa colline pour rejoindre la bibliothèque publique de son quartier.

Le bâtiment n'était pas très grand, ses murs étaient décrépits et leurs couleurs d'origines indiscernables, seul un étage était dédié aux livres, séparé en 3 pièces, dont une salle de lecture munie de deux ordinateurs totalement dépassés et d'une vieille photocopieuse.

En été, l'air dans chaque pièce était étouffant, saturé par l'odeur de papier ancien, et avec le nombre de visiteurs avoisinant zéro, le jeune sorcier était certain d'être tranquille.

Harry adorait cet endroit, c'était presque sa deuxième maison.

Il y venait presque tous les jours, chaque fois qu'il trouvait un instant de libre, séchant même parfois les cours et passant des jours entiers coincé dans ses rayonnages, dévorant livre sur livre.

Même la présence de la bibliothécaire, une vieille bique qui cherchait à le faire bannir depuis des années, et ce malgré qu'il soit le seul visiteur, était supportable, presque agréable même.

Elle avait un esprit cynique et sarcastique très amusant et faisait partie du petit groupe très restreint de personnes qui ne le voyaient pas comme un attardé mental, mais plutôt comme un délinquant, venu perturber son sanctuaire.

Pourtant, il venait depuis des années maintenant, et il n'avait jamais été bruyant, ni même dérangé ou abîmé un seul livre...

Malgré cela, elle continuait de lui vouer une haine totalement injustifiée pour envahir son territoire...

Les gens pouvaient vraiment être illogiques parfois.

Il soupira, se laissa aller dans sa chaise favorite, ses yeux s'égarèrent sur les rayons avec affection.

Cette bibliothèque n'était pas très reluisante, et ce n'était certainement pas la mieux fournie en ouvrages divers et de qualités, mais c'était entre ses murs qu'il avait trouvé le savoir.

Sans cet endroit, il n'aurait pas su passer sa première primaire du premier coup.

Il avait toujours été incapable de suivre les cours, sa surdité l'en empêchant et puisque aucun élève n'écoutait vraiment le professeur, il était impossible de se baser sur les voix mentales pour s'en sortir.

Très vite, il avait compris que le seul moyen d'apprentissage à sa portée serait la lecture.

Lentement mais sûrement, il avait fait toute son éducation dans ces pages, apprenant tout ce qu'il pouvait dans divers manuels et encyclopédies.

Il aimait particulièrement la science et la biologie, principalement car la science ne mentait pas, c'était des faits et on ne pouvait pas mentir avec des faits, tout comme les mathématiques qui lui venaient naturellement.

A l'opposé, l'histoire le révulsait, chaque livre lu sur le sujet lui avait appris que seuls les vainqueurs rédigeaient l'histoire, et qu'une grande partie de ce qu'elle racontait n'était que des mensonges.