s'élever soi-même, en silence

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Harry n'aimait pas les gens.

Ça n'était pas vraiment un grand secret, ses professeurs s'en étaient même un peu inquiétés au début, avant de retourner à leurs ignorances hypocrites.

Harry n'aimait pas parler, il n'aimait pas interagir avec les autres et n'en avait jamais vu l'intérêt. Il ne pouvait pas tenir une conversation sans entendre son interlocuteur de toute façon, alors pourquoi se forcer ?

Bien-sûr, ça lui avait posé pas mal de soucis en grandissant, notamment pour apprendre à parler.

Comme il n'était qu'un bébé et que personne ne lui avait jamais dit qu'il avait un problème, ou même remarque qu'il en avait un, il avait dû apprendre seul certaines compétences basiques et ce avec un gros handicap. Même son don ne lui avait pas facilité les choses.

Petit, les voix étaient trop fortes et trop nombreuses pour comprendre quoique ce soit. Impossible pour un bébé de tout juste 1 ans d'apprendre un seul mot dans cette bouillie de paroles et de sons étranges.

L'anglais fut une étape longue et éprouvante de son éducation. Aujourd'hui encore il se sentait fier de ne pas être complètement aphasique.

À trois ans, il avait réussi à les contrôler un minimum, parvenant à les isoler une en ce concentrant dessus.

C'est à quatre ans qu'il put enfin et avec beaucoup de retard, apprendre sa langue maternelle.

Mais si apprendre l'anglais fut difficile, apprendre à parler le fut beaucoup plus.

On pourrait penser que, sachant comprendre une langue, l'utiliser serait facile. Mais ce fut encore plus fastidieux que d'apprendre à cuisiner.

Étant sourd, il ignorait complètement comment produire les sons correctement avec sa voix.

C'était comme essayer de jouer d'un instrument pour la première fois, seul et avec des bouchons d'oreilles. Il savait comment cela devait sonner, il voyait les mouvements que les autre faisait avec leurs bouches.
Mais il était incapable d'en tirer le bon son ou même de vérifier si celui-ci était correct. Il avait d'ailleurs dû se ridiculiser pas mal de fois en se trompant sur certaines syllabes ...

À ses cinq ans, il arrivait à dire quelques mots en jouant à un jeu de chaud et froid avec les pensées de ses tuteurs et en observant leur bouche constamment.

Cela resta cependant un échec amer et aujourd'hui encore, il ne pouvait rien dire de plus élaboré que « oui monsieur » « non, monsieur » ou encore « merci monsieur ».

Pas grand-chose en somme.

À cause de ses difficultés, on lui avait collé une étiquette d'attardé mental, ou de débile pour citer les tendres pensées de sa famille.

Les autres enfants l'évitaient pour cela, se moquant de lui et de sa bizarrerie. Les adultes étaient plus discrets, le traitant, soit avec une gentillesse toute hypocrite et des pensées pleines de pitié, soit un désintérêt à peine caché par des pensées pleines de mépris.

À ce moment-là, Harry avait déjà compris qu'il lui manquait quelque chose, que les gens "normaux" pouvaient capter "quelques choses" qui lui échappait.

Il dut redoubler sa 1er primaire deux fois, étant incapable de vraiment « écouter » le professeur et ses tuteurs refusant tout frais supplémentaire pour une éducation "adaptée à sa condition mentale" .

Il finit par apprendre à lire par lui-même, après de longues heures à étudier des livres pour enfants et ses propres feuille de cours.

Ce fut sa libération, un nouveau départ.

Les voix de l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant