Il me pourchasse. J'entends ses grosses pattes taper contre le sol. Il est puissant, très grand, plus que moi, il va me rattraper en un rien de temps. Mais moi je suis vive et agile. Je continue ma course folle sans m'arrêter. Je ne sais pas ce qui m'a pris de le chercher comme ça, et maintenant il me court après, au sens propre comme au figuré.
Je perçois le bruit de l'eau. Une cascade. Ma cascade. Celle que j'ai trouvé quelques jours plus tôt. Elle n'est qu'à quelques mètres, mais je ne la vois pas encore. J'aperçois un peu plus loin en face de moi, un éboulis, il y a d'immenses rochers superposés les uns sur les autres au pied d'une paroi. Sans plus attendre, je fonce vers eux et bondis sur le premier, puis le deuxième, et ainsi de suite jusqu'à arriver au sommet de cette petite falaise. Je me retourne vivement et le vois au pied de ce tas de roches. Il me regarde, amusé. Je lui lance une œillade espiègle puis me remets à courir. Mais putain... qu'est ce qu'il me prend. Je l'entends à son tour bondir sur ces immenses blocs.
Je trouve la fameuse cascade, je me jette vers elle. Je la contourne par la droite et m'approche d'elle du plus que je peux. Je jette un coup d'œil vers le mur rocheux, Eros n'est toujours pas en haut. Je me retourne vers ce jet d'eau qui tombe dans un certain vacarme, les gouttes s'éclatent avec force sur la surface lisse du bassin ou bien sur des grosses pierres.. Il y a un passage, je me faufile entre la paroi et la cascade. J'arrive dans une petite grotte, faiblement éclairé par les rayons filtrés par ce rideau d'eau. Je me recroqueville dans un coin et attend.
J'entends la respiration saccadée d'Eros qui s'approche de la cascade. Je me recule du plus que je peux dans cette cavité sans faire le moindre bruit.
"Je t'entends tu sais."
"Ah oui? Alors qu'attends-tu pour me rejoindre?"
Il ne me répond pas. Il tourne tout autour de la cascade sans trouver l'entrée de ma cachette. Puis, plus un bruit. Je ne l'entends plus. Je me redresse vivement et me concentre attentivement sur le moindre son qui pourrait m'indiquer où il est passé.
Soudainement, une énorme masse trempée me percute de plein fouet et nous sommes projetés au sol à plusieurs mètres. Je suis sonnée. Je ré-ouvre finalement les yeux et croise un regard vert émeraude, une flamme malicieuse danse dans ses yeux. Je lui lance un regard noir, grogne et me défais difficilement de son emprise. Il se redresse à son tour et s'approche de moi pour me tourner autour.
"Arrêtes ça tout de suite!"
"Arrêter quoi?"
"Ça la, de tourner comme un vautour autour de moi. On dirait que je suis un petit agneau égaré et que tu veux me bouffer!"
"Mais moi j'ai envie de te manger, et toute crue."
Je grogne.
"Même pas en rêves!"
"Je t'assures que si. Tu vas céder Silva, et ce dans pas longtemps."
Il s'arrête de tourner et s'assoit à quelques pas de moi et plonge ses yeux dans les miens. Je perçois les battement de son cœur accélérer. Je me fige. Le mien aussi, il recommence sa petite danse. Comme la dernière fois, j'ai l'impression qu'il va jaillir hors de ma poitrine afin de rejoindre celui d'Eros. Je ne comprends rien. Aucun de nous deux ne parle ou n'ose bouger. Nous sommes en symbiose, nos cœurs vibrent en phase. Mon corps est parcouru de micro décharges électriques. Je frémis. Que se passe-t-il. Je le vois tressauter.
Il fait un pas vers moi. Je gémis. Je ne contrôle plus rien. Plus il avance et plus je recule, jusqu'à ce que je ne puisse plus. Je suis bloquée, la paroi de la grotte, faisant obstacle dans mon dos. Je me recroqueville sur moi même. Je ferme les yeux, mais même là je ne parviens pas à lui échapper. Ses grands yeux verts s'imposent à mon esprit. Alors j'ouvre un œil puis l'autre quant je sens son souffle chaud sur le haut de ma tête. Je me redresse et lui fais face. J'ancre mes yeux aux siens une nouvelle fois.
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La louve et la lune
Hombres LoboMes parents m'ont nommé Silva, un rapport avec la lune et la louve originelle je crois. Pourtant depuis ma tendre enfance, j'ai entretenu une relation chaotique avec la déesse lune, elle est responsable de mes malheurs. Morts et violence sont les m...