Un ange passe

Chapitre 3

Un petit hôtel, isolé en pleine campagne, niché dans un petit parc immense, boisé et fleuri. Un silence complet, pas une route à proximité, par même un pylône électrique pour polluer le panorama.

Un brouillon de végétation complexe, plusieurs nuances de vert et des touches de couleurs comme un tableau impressionniste.

Le vide absolu quand on sort du train-train quotidien d'une vie de citadin.

Un bâtiment coquet planté là. En pierre du coin, du gré , du granit, une façade claire, entretenu, un peu de vigne vierge qui grignote un pignon, de magnifiques fenêtres immenses. Une cour imposante avec plusieurs voitures déjà là. Gravillonner de petits cailloux bleu nuit.

Discrétion assurée. Un lieu magique, impossible à trouver.

Tout juste une quinze de chambres, trois étages, classieux, une architecture de fin dix neuvièmes siècles, très coquettes. Des rhododendrons qui grignotent la façade ouest, ils sont bleus et roses ouverts. Les roues de la voiture croustillent sur les gravillons.

Janie admire un moment le lieu, reste dans la voiture le temps que Stéphane termine sa manœuvre.

- C'est très beau. Elle est impressionnée.

- Calme surtout. Rassure Stef qui se gare. Il arrête le moteur, détend sa colonne vertébrale, avant de sortir pour ouvrir la portière

Janie saute d'un bond de la Mercedes, lui saisit le visage. Heureuse comme jamais, elle l'embrasse fougueusement, tendrement, pose sa main chaude et moite sur son visage, elle rayonne.

Une princesse.

Janie est comme une gamine. Oublie tout, d'un coup. Elle passe un long moment à marcher, éclater de joie, laisser même un rire lui échapper.

Ce moment efface tout. Un rêve. Une légère brise tiède vient lui caresser le nez, seul le sifflement des moineaux résonne dans les alentours.

Depuis combien de temps n'a-t-elle pas vécu un moment comme celui-là ? Excitant, exaltant, un cadeau, particulier, juste pour elle.

« Passer une semaine, ensemble, loin de tout. Juste ça. Passer du bon temps ! »

C'est ce que lui a promis Stef, il y a deux semaines.

Il lui avait promis. Ils venaient à peine de s'embrasser, de se caresser rapidement à l'arrière d'une voiture de service de la boite.  Dans cette bagnole, à la banquette crasseuse, une safrane floquée, dans un parking isolé, fougueux, ils allaient pour.... non... pas maintenant avait chuchoté Janie, pas là, pas sur un parking... Ailleurs...

Elle avait imaginé le plan, lui avait trouvé le lieu.

Ils étaient là, planqué, à se peloter comme des gosses, lui cherchant à tripatouiller maladroitement ses seins au travers un vieux soutien-gorge aux armatures en métal. Une relique que Janie déteste porter, mais qui la maintien parfaitement.

"Ailleurs ?" Janie ne savait pas. Hésitait...

Ailleurs !

Stéphane avait réfléchi. Il avait passé une ou deux heures avant de lui envoyer un texto. Tout simple : J'ai trouvé notre « ailleurs ».

Il lui avait promis un coin de paradis.

« Une semaine seulement, tu prends une semaine » on fait comme tu as dit. : que tu pars en formation. Un scénario a vite accouché. Steph avait adhéré de suite !

Il lui avait surtout promis... « Un ailleurs exceptionnel ». Il lui avait promis un beau moment, plus tard...

Prise de remords, terrorisée à l'idée juste de l'avoir embrassé et maintenant de ... Janie avait encore hésité. Tout allait trop vite !