Une mélodie. Douce, des cordes à peine effleurées. Un enchaînement tout simple, régulier, des accords assez graves de notes. Comme du blues. C'est dansant, sombre aussi.
Trois heures du matin... Elle se retourne, tente de voir par la fenêtre, passe un peignoir, va se poser au balcon.
Il fait nuit noire. Pas une étoile dans le ciel, on discerne à peine la lune. Quelques lumières éclairent le jardin, celle de la piscine et une forme de belvédère gothique.
La musique... Elle accélère, prend un peu plus de corps.
Cela vient bien de dehors, un peu plus loin que la piscine, dans le petit bois en face. Janie intriguée hésite un moment.
Stéphane dort à point fermer.
Curieuse, séduite aussi par la mélodie, Janie se lève. Vise par la fenêtre , cherche un moment d'où cela peut provenir. Elle n'y voit rien décidément.
Pourquoi ne pas aller voir ?
Après tout, elle n'a pas sommeil, elle passe rapidement un peignoir léger, celui qui est proposé dans la salle de bain. Elle se couvre en ceinturant le cordon de tissus.
Elle sort de la chambre, descend les escaliers en marbre froid, elle est nue pieds. Le silence de l'hôtel, les lumières réduites des issus de secours lui permettent de se repérer, un léger halo verdâtre des LED lui permet de discerner les détails des murs, la position des meubles.
Le plat de ses pieds claque sur le carrelage.
Elle se faufile comme le ferait une voleuse, passe dans le grand salon, la grande porte vitrée est ouverte. Les petits déjeuners, la vaisselle en porcelaine, les couverts y sont déjà parfaitement alignés, des fruits, des bacs avec du thé, une cafetière... tout semble préprogrammé, ritualisé.
Marie la parfaite maitresse des lieux a tout anticipé.
Dehors, Janie prend un temps pour s'habituer à la lumière, l'ambiance. Le ululement d'une chouette, les quelques moustiques agressifs. La chaleur du béton brut sous ses pieds, celui dardé toute la journée par le soleil.
La musique vient de l'orée du bois. Pas loin de la piscine, là où plusieurs chaises longues ont été regroupées la veille par le trio de rockeur.
Elle se laisse bercer un moment, le rythme de la mélodie ralentit, fléchi, comme si elle était perturbée.
Elle fait un premier pas, trouve l'herbe sèche, cela lui chatouille les orteils, c'est agréable.
Une note résonne plus haute que les autres.
Plus aiguë. Fausse ?
Janie s'est fait repéré elle comprend alors. Elle se tord de l'entre bâillement de la baie vitrée et sort. La musique reprend doucement, calée sur le rythme de ses pas.
Cela la fait rire, elle s'arrête, la musique ralentit, puis silence. Les grillons reprennent leur sifflement, elle pose un pied, la musique repart.
Plus blues, plus grave aussi. Comme dans un film. Chaque pas est alors alimenté par une nouvelle tonalité, c'est un peu magique, son cheminement est alors « illustré », son pas devient une musique.
Janie s'avancera alors. Impressionnée, ou subjugué par le jeu.
Elle s'approchera doucement, pour y reconnaître une silhouette, un homme tordu sur sa guitare, celle du batteur, Charlie.
Tordu sur son instrument
Guitariste à ses heures aussi.
Il tape sa guitare tord les cordes, il se met alors à chantonner en la voyant, quelque chose de furtif, un ronronnement plus qu'un chant distinct, la ritournelle est légère.
VOUS LISEZ
Un ange passe
RomanceJanie, quarantenaire va vivre une aventure érotique d'une semaine, loin de sa famille...