-XV- There is some snow in your throat

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Beaucoup de gens aimaient aller à la piscine, histoire d'aller faire du sport tout en s'amusant à montrer un bout de son cul ou de son thorax pour faire mouiller les autres.Nous, on n'aimait pas vraiment ça : trop de gens, douche trop chiante avant d'atteindre l'eau pleine de produits chimiques dégueulasses, de toute façon on n'aimait pas se faire engueuler quand on pissait dans le grand bassin. On avait bien mieux que ça.

Milo avait repéré ce coin depuis longtemps. A quelques kilomètres de la ville, on pouvait se garer tout près d'un lac pas tant pollué que ça et pas vraiment fréquenté, surtout de nuit. On laissait ma voiture avec nos affaires dedans, verrouillée car il faut quand même pas déconner avec ce genre de choses, puis on allait se baigner à la belle étoile, tous les deux avec le cul encore plus nu que celui d'une chatte en chaleur. Après s'être battus quelques minutes en se faisant gicler de l'eau l'un sur l'autre, en plongeant discrètement pour en attraper un par le pied et le faire couler ou encore en chopant un crapaud qui avait le malheur de traîner par-là pour le mettre sur l'épaule de l'autre histoire de le faire flipper un peu, on s'allongeait sur l'eau, l'un à côté de l'autre, en étoile. On faisait de notre mieux pour continuer à flotter, près l'un de l'autre, tout en parlant,toujours d'un peu tout et n'importe quoi.

« T'sais, j'aimerais bien qu'on aille vers Édimbourg un jour. On se les caille comme pas possible mais c'est vachement beau, il paraît.
- T'yes vraiment jamais allée ?
- Non, j'ai pas vraiment eu l'occasion depuis que je suis là.
- K'kay. Tu fermeras la boutique exceptionnellement, je t'y emmène demain.
- Hein ?
- C'est bientôt ton anniv', non ? Tu peux rêver pour rester derrière ton comptoir toute la journée. On va voyager un peu, tu seras putain d'heureuse et j'te ferais voir tous mes coins préférés.
- Même les ruelles sombres pour faire l'amour ?
- Surtout les ruelles sombres pour te faire voler jusqu'au cinquante-cinquième ciel.
- Je t'aime, espèce d'idiot. »




Je pouvais pas vraiment savoir si j'étais à ce niveau-là du ciel, mais j'avais du mal à ni chialer ni gueuler tellement je tombais rapidement. Cette vieille peau m'avait peut-être joué un tour de magie de merde, du genre me téléporter aussi haut que possible pour que je m'écrase lamentablement contre le sol. J'aurais préféré une mort un peu plus digne, pour tout avouer.

Ma vision était un peu floue, mais je commençais à discerner la forme d'une ville qui se rapprochait,ou plutôt sur laquelle je tombais. En voyant l'église, le cinéma,en reconnaissant le toit de la boutique, je reconnu rapidement l'endroit où j'étais. Tout était recouvert d'une épaisse couche de neige, j'étais en plein milieu des flocons et je piquais droit dans ma rue, comme un pigeon qui aurait eu une tendance suicidaire.

Pouf. Même pas mal. J'avais l'impression d'avoir atterrit sur le plus doux des nuages mais, pourtant, j'avais bien le cul sur le sol. Je me levai, c'était bizarre, j'avais pas l'impression d'avoir trop froid ou de grelotter. En fait, la tempête de petits cristaux de neige me traversait de part en part. J'étais comme un fantôme. Cette situation ne me foutait pas du tout à l'aise et je commençais vraiment à croire en ma théorie. En tout cas, je devais faire vite, trouver cette putain de fleur et, si possible, surtout, revoir Milo. Je commençai à marcher, rabattant un peu la veste adorée sur ma petite robe rouge.

Mes pieds transperçaient à peine la neige. A chaque fois que je me retrouvais au milieu d'un brouillard de blanc pareil, je me demandais ce que pouvaient faire les gens en attendant. Certains partaient peut-être à l'aventure, profitant qu'il n'y ai personne dans le paysage pour faire ce dont ils ont envie : buter quelqu'un, aller le plus loin possible à pied, monter le plus haut dans le ciel pour regarder le sol, n'importe quoi. Il n'y avait jamais vraiment d'oiseaux par un temps pareil, c'était un peu con. Aucune lumière n'était allumée,toutes les rues étaient bloquées, peut-être que tout le monde en profitait pour dormir, c'était pas trop mal de dormir ces temps-là.Les enfants devaient certainement jouer aux jeux vidéos, écouter de la musique, dessiner des princes charmants en string qui fouettaient leurs princesses, ils avaient tellement d'imagination.

How to Fly in a White Sky (vers.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant