La guitare n'était pas vraiment mon truc pour être honnête. Mais t'étais toujours plantée à côté de moi quand j'en jouais, avec tes étoiles dans les yeux,je pouvais pas m'empêcher de gratter en gueulant deux ou trois trucs sans queue ni tête. Tu pouvais pas t'empêcher de dire que j'étais un génie.
Ils avaient donné une heure au pif, tôt le matin,pour faire chier les honnêtes gens comme toi et moi qui bossaient,genre huit heures. J'en avais rien à foutre. Ils mentaient, tous, je le savais.
Je grattais mes cordes, une clope en bouche, sur notre lit. T'aimais bien notre lit, hein ? T'arrêtais pas de te lover dans les draps à m'attendre la nuit, tes yeux brillaient, encore.Comment tu faisais les tours de magie comme ça ? J'ai jamais réussi à comprendre, même pas aujourd'hui.
Je savais pas trop ce que je jouais, t'aimais un peu tout depuis que tu me côtoyais. Le punk, le rock, la country, le classique, le rap, tu t'étais ouverte.T'étais si captivante quand t'écoutais des sons avec ton casque planté quelque-part dans tes cheveux charbon bien cramé comme une boulangerie qui aurait prit feu.
Je ne savais pas où ils en étaient. Je m'en foutais. Ils marchaient ? Ils restaient debout comme des cons ? Rien à foutre. Ils auraient tout foutu en l'air. Tout. Même tes parents savaient pas ce que tu voulais, au final. Ils savaient même pas la couleur de tes yeux, ou de tes lèvres, mais ça, je crois que c'était plutôt normal et assez légal.
Tu voudrais écouter quoi, là, maintenant, tout de suite ? T'aimais bien Indochine vers la fin, Savoure le rouge et tout ça, les chansons d'amour un peu déprimantes. Je t'en avais pas joué depuis des mois. Tu pouvais pas savoir à quel point j'étais désolé, sincèrement. Géraldine avait carrément de la poussière.Pourquoi Géraldine ? Tu me l'avais jamais dit.
J'avais vraiment fait le con, hein ? La drogue, cette meuf, tout ça. Elle m'envoyait encore des messages, là.
« Tu veux vraiment pas qu'on se voit ? On s'entendait quand même pas mal... Tu trouves pas qu'on a passé une bonne nuit ? »
« Bon,ok, pas de sentiments, tout ça. Mais je suis sûre qu'on peut recoucher ensemble, non ? »
Lâche-moi les couilles.
« T'as paumé ton téléphone ? T'aurais répondu direct à l'époque. Tu sais plus bander depuis que ta meuf est un cadavre ? »
Pourquoi t'étais entrée dans ma vie ? Je voulais pas de tout ça.
« A moins que t'ai gardé son cadavre dans ton placard ? Petit dégueulasse.<3 »
La ferme.
« Enfin je sais que c'est pas possible. Je suis à son enterrement. J'ai fait croire que j'étais une de ses potes et c'est passé tout seul ! »
« T'es même pas venu, c'est pitoyable. Tu sais que je t'en veux toujours d'avoir gueulé son nom pendant qu'on était en train de baiser ?Et t'es même pas foutu de venir la voir se faire enterrer pour qu'on aille le faire dans un coin des chiottes ? »
J'ai pas pu me contrôler. J'ai foutu un gros putain de coup de guitare pile là où défilait ce venin, sur mon écran. Je savais que t'aimais pas ça.Mais c'était presque illisible du coup, y'avait que quelques mots que je fixais avec une putain de couille dans la gorge.
« T'es la pire des merdes. »
Ouais. Ça, ça résumait bien ce que j'étais. Milo, la pire des merdes.
La pire des merdes qui était pas foutu de trouver un vrai boulot, l'étron fumant au soleil qui avait défiguré une de tes potes avec une bouteille d'alcool et qui avait manqué de t'étrangler, la déjection étalée sur le trottoir qui allait être foutu à la porte dans même pas une semaine parce-qu'il était pas foutu de payer à lui seul la boutique dont t'avais rêvé depuis que t'étais gamine, le caca tournoyant au fond des chiottes et qui t'a poussée à te foutre une corde autour du cou...
Et toi tu m'aimais. Tu m'embrassais. Tu souriais. Tu riais, même, et tu me touchais, me parlais de tes journées. T'avais encore cette bague au doigt quand tu pendouillais au plafond, tes yeux brillaient aussi, mais pas vraiment parce-que t'étais contente de me voir. Ou peut-être bien que si ?
Je sais pas. Je sais plus.
Tu me manques.
Fallait que je me casse d'ici.
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How to Fly in a White Sky (vers.1)
General FictionOn dit que les punks sont tous des fils de pute ou des clochards. Toi, t'étais plutôt un prince avec des cheveux blancs en pétard et une gueule d'enfoiré rempli d'amour. J'ai beaucoup aimé notre rencontre, tu sais. J'ai aimé quand tu m'achetais des...