-IX- The sun was as white as the moon

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Cooper était capable d'apprécier n'importe qui. Les fonctionnaires, les patrons, les stars, les punks, les goths, les hippies, tant qu'ils ne faisaient pas de mal à qui que ce soit, il s'en foutait. Même les SDF, surtout les SDF. Il ne leur donnait pas d'argent, mais il était capable de leur donner son sandwich, son cookie, sa bouteille d'eau,sa veste, il souhaitait juste que les gens qu'il considérait comme« gentils » aient la meilleure vie possible. Après être passé dans ma boutique, il passait son temps à étudier à l'université, espérant un jour devenir un médecin talentueux, voir même un scientifique. Il devait sans doute faire ça pour sa mère.Je n'ai jamais su de quoi elle pouvait souffrir, mais il devait avoir cessé d'avoir des illusions par rapport à sa survie potentielle.Pourtant, il dépensait toujours beaucoup d'argent pour lui apporter des bouquets chaque semaine. Il a été en couple avec une fille plutôt mignonne au vu de l'unique photo qu'il gardait dans son portable, mais elle l'a quittée au bout de trois ans, prétextant que 500 kilomètres de distance était « trop pour elle à supporter ». Elle se mit en couple sur facebook avec une autre personne à peine deux semaines plus tard. Puis, il m'a rencontrée,ainsi que Milo, et enfin Jude. Il n'aimait pas trop que Milo fume,mais bon, il l'aimait bien, surtout que Milo l'avait menacé la seule fois où il lui avait fait la réflexion.

Il arriva à notre lieu de rendez-vous, nous saluant avec un large sourire accroché sur son visage. Peu importe à quel point on le toisait gentiment durant les soirées, il nous traitait comme si nous étions ses amis. C'était une des raisons pour lesquelles on l'aimait bien, il nous causait pas de problèmes et riait toujours à nos blagues les plus merdiques.

« Je suis là ! Vous avez une préférence pour le film ?
- Non. J't'avoue que je sais même pas ce qu'est sorti, dernièrement.
- Sérieusement ?Bon, j'ai regardé rapidement sur internet avant de partir, il y a un bon film d'action, un de romance qui a été plutôt bien noté, une tragédie qui... »

Trop tard. J'étais déjà rivée devant une affiche, la fixant avec toute mon âme. Jude et Cooper s'approchèrent de moi, l'air un peu intrigué.

« Monty Python : Sacré Graal, rediffusion spéciale, places à -50%...Aiden, vous êtes sûre ?
- Oui, oui, oui, oui !
- Jude, je ne pense pas qu'on puisse lui refuser ça, regarde, elle saute partout.
- Oui, oui, oui, oui, oui !
- Ce film est si bien que cela ?
- Quoi, tu connais pas ? Bon allez,on va regarder ça ! Je vous invite, vous voulez quelque-chose à manger ?
- Oui ! Oui ! Oui ! »

Personne ne pouvait m'empêcher d'aimer autant cette bande d'idiots qu'étaient Monty Python. Leur humour était juste parfait. Milo n'avait pas vraiment accroché au film mais ça ne lui déplaisait pas pour autant. J'étais plutôt contente lorsqu'il acceptait de découvrir les choses que j'appréciais. J'aurais pu tomber sur quelqu'un qui me laisserait regarder seule un film que j'aimais pendant qu'il draguait quelqu'un d'autre en étant sur son téléphone ou son ordinateur à côté. Mais Milo n'était pas vraiment comme ça, il était gentil,assez souvent.
Nous avions pris plein de bons trucs dégueulasses qui nous permettraient de rajouter des bruitages bien énervants pendant la séance. La salle était vide à notre arrivée, ce qui me permit de courir un peu entre les allées après avoir fait tenir le paquet à Jude.

« ...Demoiselle...
- Quoi ?Pour une fois que j'ai une salle de ciné à moi toute seule !
- Quelle gosse. Bon, on s'assoit où ? »

Le centre était pile le bon endroit pour pouvoir apprécier un film. Le son était égal des deux côtés, l'écran était bien centré, et il n'y avait pas trop de personnes qui se mettaient devant car l'éclairage leur faisait extrêmement mal aux yeux. Après nous être installés, nous commencions lentement à manger, à discuter entre nous, à nous ouvrir. Tout le monde souriait. Je me sentais plutôt bien, pour une fois. J'avais l'impression d'oublier un peu.

Personne d'autre n'entra dans la salle avant que le film ne commence, le pur bonheur. Nous pouvions parler pendant le film, rire à gorge déployée ou discuter entre nous à haute voix. Personne ne nous virerait pour ça.

How to Fly in a White Sky (vers.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant