Chapitre 7

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Lorsque Petite Céleste me remit mon foulard entre les pattes, je cru bien que j'allais agoniser. Il était tout poussiéreux, déchiré et sentais mauvais ! Au moins, je pouvais encore le mettre, mais bon... Ce foulard me mettait en valeur, quoi ! Je décida d'aller le laver au lac, qui était tout près du camp. Je marcha donc à pas lents ; après tout, il fait chaud à cette période de l'année. J'haleta un peu, et, arrivée au lac, je plongea le cache-col dans l'eau. Quand je l'en ressorti, j'ai eu l'impression qu'une lumière m'aveugla. J'ouvris mes yeux et vit mon foulard tout propre. 

C'est une bénédiction du Clan des Etoiles, ça c'est sûr ! J'en aurai une sacrée dette à leur faire... Je me rappela de Petite Obscurité. Il faut que je la retrouve ! D'abord, je mets mon joli foulard à nouveau tout neuf autour de mon cou, c'est prioritaire à tout, ça. Et ensuite je pris la route et sortit discrètement du camp. Ouf, personne ne m'a vu !

C'est le vent qui apporte les odeurs... Sauf que y'a pas beaucoup de vent. 

- Petite Obscurité ? Petite Obscurité ! appelai-je. 

Nul part je ne trouvais son odeur. J'espère qu'elle n'est pas blessée, elle ne peut survivre seule en pleine forêt. Je scruta chênes, saules et buissons sans trouver sa trace. Si elle s'est prit dans un buisson de ronces je vais l'entendre au moins ! Je continua mes recherches autour du territoire, tandis que mon cœur battait la chamade. C'est si vaste ici ! Et si... elle était morte ? Non, non, c'est pas possible. 

Après avoir fouillé le territoire pendant plus d'une heure, j'étais épuisée. Mon cœur se sera. Elle est peut être sur un territoire ennemi... Je pris mon courage à quatre pattes, pria le Clan des Etoiles de veiller mes pas et m'élança sur le territoire ennemi le plus proche, celui du Clan Lunaire. Leur odeur imprégnait l'air. Beurk ! Je fronça le nez. Ils empestent ! Leur territoire est différent de mon Clan, celui des Météores. Eux, possèdent beaucoup d'arbres, ce qui couvre la lumière du soleil, et donne une étrange impression qu'il fait nuit. 

- Petite Obscurité ? appelai-je à nouveau.

Toujours rien. C'est pas possible, elle est sur la lune ou quoi ? Soudain, plusieurs odeurs se mêlèrent au vent. Elles s'approchaient et j'en fus certaine lorsqu'un cliquetis de griffes se faisait de plus en plus entendre. Une patrouille du Clan Lunaire ! Vite, une cachette ! Je me réfugia dans un buisson. Mince, il a des ronces celui-là aussi ? Mais quelle boulette ! Aie, ça pique ! 

Lorsqu'ils arrivèrent près de l'endroit où je me cachais, mon cœur battait si fort que je cru bien qu'il allait lâcher. Je me fis un peu plus petite lorsque je vis une patte blanche près de mon buisson. Mince, je me suis pris la patte dans une ronce ! Je ne sens plus ma patte... Je me retint de pousser un cri aiguë de douleur et respira plusieurs fois en faisait le moins de bruit possible. Mais derrière de moi arriva, quelque chose me figea d'une peur glaciale, comme si elle me gelait d'un coup mon cœur. Une peur encore plus grande que la vision avec la pierre bleue... 

Je jeta un coup d'œil derrière moi, ne pouvant pas me tourner à cause de la ronce à ma patte, et vit Petite Obscurité, son regard qui fiche la trouille rivé sur moi. Mais j'eu l'impression pendant un instant qu'elle me souriait étrangement, mais son sourire disparu si vite que je pense avoir rêvée. Je fis un léger pas en arrière pour tenter de me dégager de la ronce, au lieu de ça, je me prit une autre patte dans une ronce... Quelle boulette ! Je poussa un cri rauque et aiguë sur le coup de la douleur qui me donnait l'impression que le sang qui coulait dans ma patte se figea d'un seul coup. Je crois que la patrouille m'a entendue ! Crotte de souris ! 

- Quelqu'un est dans les parages... fit la voix soudaine d'une femelle. 

- Et s'ils nous espionnaient ? ajouta une autre voix étrangement rauque que j'eu du mal à identifier. 

J'entendis des pas s'éloigner un peu, sûrement pour voir où j'étais cachée. Mais je dois me libérer de ces foutues ronces ! Je me débattit tel un fauve mais rien à faire, elles accrochaient ma patte, et me faisait si mal... Soudain j'entendis les pas craqueler les feuilles et s'approcher de mon buisson. Là j'eu une idée ; cette ruse beaucoup d'apprentis l'exécutaient et s'entraînaient souvent à la faire dans le camp. Je vais faire le mort ! J'essaya malgré l'handicap que m'infligeait les ronces d'être allongée par terre et de ne plus bouger. C'est fait, j'ai réussi ! Même si mon dos est un peu entortillé. 

J'entendis les ronces bouger, et j'en déduit que ça devait être la patte d'un chat qui dégageait les épines. Je sentis qu'on me sortit violemment du buisson, et à ce moment je compris quelle douleur intense avait ressentit Petite Obscurité quand je l'avais dégagé des ronces l'autre jour. D'ailleurs que va t-il lui arriver ? Elle, n'a pas fait le mort... Peut être qu'elle ne sera pas repérée. Je me retint de gémir mais une larme se lâcha sur ma joue. Je serra les dents. Le chat me prit par la peau du cou et je l'entendis marcher sur le sol fertile. Il me posa près d'un gros arbre et l'entrevu repartir à vive allure. J'étais près d'un chêne. Je sentais l'odeur de mon Clan ! Mais je ne veux pas laisser Petite Obscurité seule... Malgré le picotement qui parcourait ma patte à chaque pas, je me redressa, m'ébroua et me lança de nouveau à sa recherche. Ne fut pas ma surprise de la trouver près d'un arbre non loin de mon chêne, affalée sur le sol feuillu. 

- Petite Obscurité ! m'écria-je. 

Je me précipita vers la chatonne, écouta sa respiration un peu faible et constata qu'elle dormait. Son pelage était couvert de quelques éraflures, et une énorme plaie sur son flanc. C'est sûr, ce ne sont pas les ronces qui aurait put lui faire une plaie si profonde. Qui pouvait lui avoir fait ça ? 

- C'est moi qui l'ai blessé, fit une voix derrière moi. 

Je dressa les oreilles et fit volte-face : 

- Qui est là ? 

Seul le léger souffle du vent me répondit. Je deviens complètement parano ou quoi ? Cette matinée, trop prise d'émotions pour moi, m'avait fatiguée. Je me coucha près de la petite boule de poils dorée, si mignonne sans son regard effrayant. Quand je pense que je ne suis encore qu'une chatonne et que je vis toute cette aventure ! 


LGDC Powers 1. Les Lucioles de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant