Chapitre 2 : Bastardo

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Après une heure de course environ, on se stoppa devant un petit cabanon. Il était très délabré, le toit menaçant de s'effondrer.

Comme les autres filles, j'essayais de reprendre mon souffle. Il faisait toujours une chaleur écrasante. Les mains posées sur les genoux, je regardais autour de moi. L'endroit était entouré par les arbres.

Alvaz nous obligea à rentrer dans le cabanon et à nous asseoir au fond. C'était très poussiéreux. Les autres filles se disputaient et Alvaz dû élever la voix afin de les faire taire.

- Est-ce qu'on peut avoir un peu d'eau ? demandais-je.

J'étais peut-être d'origine mexicaine mais je n'étais pas habituée à une telle chaleur.

Le regard froid et malsain du gardien se posa sur moi. Il me toisa quelques secondes avant de répondre.

- Tu t'es crue à l'hôtel ?

- Pas besoin d'être désagréable.

Un éclair de colère passa dans son regard.

- La prochaine fois que tu ouvres la bouche, Perkins, tu vas passer un sal quart d'heure.

Pas besoin de me le dire deux fois. Alvaz était connu pour ne pas être tendre avec les détenues. Un jour, une des filles avait raconté qu'il en avait frappé une tellement fort qu'elle avait finit à l'hôpital de la prison. Je ne sais pas si c'était vrai mais je préférais ne pas prendre de risque. En même temps, le poids de l'arme accrochée dans mon dos me rassurais quelque peu.

Je pensais instantanément au gardien Gonzales. Est-ce qu'il avait survécut ? Je ne comprenais pas pourquoi il m'avait donné son arme. Il s'était mit en position de faiblesse en faisant ça et il avait enfreint le règlement. Si jamais les secours me surprenaient avec, c'était retour à la case départ pour moi. Je me promis de m'en débarrasser dès qu'ils arriveraient. Je ne connaissais même pas le prénom de ce nouveau gardien.

Le soleil descendit dans le ciel petit à petit. La nuit commençait à se montrer et les autres détenues s'étaient endormies. Je ne sais pas comment elles faisaient.

Je trouvais l'attente très longue. Les secours auraient déjà dû être là depuis longtemps maintenant. Peut-être qu'ils ne savaient pas encore qu'il y avait ce point de rassemblement ?

Mon regard se porta sur Alvaz. Il avait les yeux fixés sur l'extérieur. Ses doigts tâtaient son arme.

Il dû sentir mes yeux sur lui car il se retourna pour me regarder. Il me fit un signe de tête pour que je m'approche de lui.

J'hésitais un instant avant de le rejoindre.

- Tous ça n'annonce rien de bon, murmura-t-il.

- Pardon ?

- Tu n'as pas remarqué la chaleur qu'on subit ? c'est tout bonnement impossible pour un mois comme celui-ci. C'est comme ça partout dans le monde. Et ce tremblement de terre... Ce n'était pas normal. Il se passe quelque chose.

Je restais incrédule face à ce qu'il venait de dire.

- Je suis sûr que ce n'est qu'une catastrophe naturelle comme une autre. Certes, c'est triste mais malheureusement ça arrive. Quand les secours seront là, on pourra...

- Mais tu ne comprends rien !

Il avait crié maintenant, réveillant les filles. Je ne comprenais pas ce que j'avis pu dire pour le mettre ainsi en colère.

- T'es débile ou tu le fais exprès ? S'il y avait eu des secours, ils seraient déjà là. Ils connaissent cet endroit. Le monde touche à sa fin Perkins, et ça ne fait que commencer.

Il me toisa de nouveau de la tête au pied en passant la langue sur ses lèvres. Un frisson d'appréhension me parcouru l'échine.

- Alors... pourquoi ne pas profiter des derniers instants qu'il nous reste ?

Sur ces mots, il me poussa contre le mur en bois, à l'extérieur de la cabane, une main autour de mon cou. Je pouvais entendre les filles pouffer, mais ça n'avait rien de drôle.

Je le fusillais du regard.

- Lâchez-moi tout de suite.

Il ricana.

- Sinon quoi ? Tu n'es pas en mesure de dire quoi que ce soit.

Son autre main se promenait sur mon ventre. Il me donnait envie de vomir. Son regard était mauvais, vraiment mauvais. Il me faisait peur. Il avait l'air prêt à tout, de n'avoir plus rien à perdre. Et, justement, ce sont ces personnes qui sont les plus dangereuses.

De ma main gauche, je cherchais l'arme. L'emprise d'Alvaz s'accentua sur mon cou et j'avais du mal à déglutir. Il tira un peu sur ma blouse et sa bouche se posa sur mon épaule.

- Ne me dit pas que tu n'en a pas envie, Perkins...

Je fini enfin par toucher mon arme. D'un coup, je levais mon genou aussi fort que je le pouvais et lui touchais l'entrejambe. Il se plia en deux en grognant. Je le poussais d'un coup de pied et pointa mon arme sur lui.

Pendant ce temps, les filles en avaient profité pour s'échapper. Je ne pris pas la peine de les retenir. C'était chacun pour soi maintenant.

- Combien de fois est-ce que tu as fait ça, hein ?! Combien de fille est-ce que tu as harcelé ?!

Il ricana.

- Je me réservais pour toi chérie. J'attends ce moment depuis tellement longtemps. Je n'allais pas laisser passer l'occasion, tu comprends ? Et puis, c'est ma parole contre la tienne.

Je resserrai ma main autour du flingue et baissa la sécurité.

- Tu sais pourquoi je suis en prison non ? ça ne te fait pas peur ? dis-je d'une voix que j'espérais menaçante.

- Tu ne vas pas tirer.

- Qu'est ce que tu en sais ?

- Tu ne vas pas risquer de...

Je ne le laissais pas achever sa phrase et tirait une balle dans sa jambe. Il hurla et appuyait ses mains sur sa blessure.

Je devais partir d'ici et je ne voulais pas risquer qu'il me suive. Tirer cette balle ne m'avait fait ni chaud ni froid. Il faut dire que ce n'est pas la première fois.

Je pris son arme à lui et récupérait les munitions qu'elle contenait avant de le lui jeter au visage.

- Sale ordure.

Je reparti d'où nous étions venus. Je ne savais pas où aller d'autre qu'à la prison. S'il y avait des secours, ils seraient là-bas. Dans le cas contraire, il fallait que je retrouve Gonzales. Si c'était vraiment la fin du monde, je ne pouvais pas m'en sortir seule. C'est quelque chose que j'avais déjà appris auparavant.

InfiernoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant