On marchait maintenant depuis deux jours. J'évitais de me retrouver seule avec Aaron et m'étais rapprochée de Mathéo. Après tout ce qu'il s'était passé, on formait une équipe tous les trois.
Les premiers bâtiments d'Austin pointèrent le bout de leur nez. Ils semblaient vides, ayant souffert du tremblement de terre.
Une image chaotique s'offrait à nous au fur et à mesure que l'on avançait. Certain des plus hauts bâtiments s'étaient effondrés. La plupart des magasins avaient été pillés. Des voitures abandonnées gisaient au milieu de la route.
Une légère couche de glace recouvrait à présent le sommet des plus hauts buildings. Le soleil se cachait depuis que nous avions commencé à marcher.
Le visage à moitié recouvert par une écharpe, je fis un signe de tête vers un supermarché.
- On devrait voir s'il reste quelque chose de comestible là-dedans. On commence à manquer de provision.
Mathéo s'y engouffra en premier, l'arme à la main. Aaron sortit la sienne, celle qu'il avait récupéré sur le cadavre d'Alvaz.
- Prends ça.
Je le regardais.
- Mais... et toi ?
Il ne répondit pas. Son regard se durcit et il posa le revolver contre mon buste. Je fini par prendre l'arme avant d'entrer dans le magasin. Est-ce qu'il se souciait vraiment de moi ou est-ce que tout ça était une stratégie afin que je lui dévoile mon passé ?
Le magasin était sombre et témoignait du chaos qui avait dû régner dans la ville il y a quelques jours. Une odeur insupportable flottait dans l'air.
Du coin de l'œil, j'aperçus un tas de lampes de poche posées sur le comptoir de la caisse. Nos yeux s'étaient peut-être habitués à l'obscurité, un peu de lumière ne faisait pas de mal. J'en mis plusieurs dans mon sac à dos et en alluma une. Mon regard fut tout à coup attiré par une chose sombre, posée sur le sol derrière le comptoir. Je l'éclairai pour mieux voir et posais la main sur ma bouche, parcourue d'effroi.
Un cadavre y gisait. Je détournais les yeux. Le malheureux avait été tué d'une balle dans la tête et avait l'air d'avoir été dévoré par des animaux. Cette image ne fit qu'accentuer la mauvaise impression qui m'habitait depuis qu'on avait franchi l'entrée de la ville.
Je continuais ma visite du magasin et mis tout ce que je pouvais dans mon sac. Parmi les choses qu'il contenait, on pouvait y voir de l'eau, de la viande séchée et quelques biscuits qui trainaient.
Je rejoignis ensuite les garçons à l'extérieur. Dehors, il avait commencé à neiger à gros flocons. On se remit à marcher sans un mot, la neige craquant sous nos pas. À vrai dire, on ne savait pas très bien où on allait.
La blessure à ma jambe me faisait très mal mais je prenais sur moi pour ne pas me plaindre. Ce n'est pas de cette façon que nous allions avancer.
Soudain Aaron s'arrêta, regardant frénétiquement autour de nous. Je posais mon regard sur son corps alerte.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- On nous observe, murmura-t-il.
Sur ces mots, Mathéo se rapprocha de moi et me pris la main. Je ne savais pas s'il voulait juste me rassurer ou me protéger mais j'appréciais son geste.
Je posais les yeux autour de nous.
Il avait raison. Quelque chose ne tournait pas rond.
Soudain, une ombre attira mon regard, à l'abri d'un building sur notre droite. J'alarmais les garçons et Mathéo et moi pointèrent notre arme vers la forme.
Celle-ci commença à se mouvoir et à avancer vers nous. C'était un enfant, un petit garçon. Soulagée, je baissais mon arme et passait une main dans mes cheveux.
Mais Aaron plissa les yeux et marchais doucement vers l'enfant. Celui-ci s'immobilisa, avait la tête baissée et ne disait pas un mot. Un silence effrayant résonnait autour de nous.
Aaron s'arrêta à quelques centimètres de lui. À ce moment, le garçon se jeta brusquement sur lui, révélant un visage déformé et de longues dents.
Surpris, Aaron tomba à terre et je laissais échapper un cri. Mathéo visa l'enfant et tira mais celui-ci était rapide et sauta sur la gauche. Il se déplaçait comme un animal, à quatre pates. Un cri strident sortit de sa gorge d'enfant et on fut soudain entourés par de nombreux enfants semblables à lui.
Aaron se releva rapidement et nous rejoignis. On était cernés.
Il devait y avoir une bonne dizaine de ses montres. Ils nous observaient, penchant leur tête sur la droite, puis sur la gauche. Se passant la langue sur les lèvres comme s'ils allaient faire de nous leur festin.
- Putain c'est quoi ça ?! lâcha Mathéo.
On se rapprocha les uns des autres.
Un autre cri strident se fit entendre et les enfants fondèrent sur nous dans des grognements, se poussant les uns les autres, leurs dents acérées pointées vers nous.
Mathéo et moi commençâmes à tirer. On en toucha quelques uns mais pas assez. Aaron avait sortit son couteau et se défendait tant bien que mal face à ces monstres qui sautaient sur nous.
Au moment où je perdis tout espoir de survivre, de nombreux détonements se firent entendre. Les enfants tombèrent les uns après les autres. Et le chaos laissa place au calme.
Un homme qui devait avoir la cinquantaine se dirigeait vers nous, un fusil à plomb en main. Derrière lui se trouvait plusieurs autres hommes et femmes, tous armés et le visage marqué par des peintures de guerre.
Le premier homme s'approcha de moi et me tendis la main que je serrais avec hésitation. Face à ma méfiance, il essaya de me rassurer d'un sourire.
- Henri pour vous servir. Et voici mon peuple, dit-il en désignant les personnes derrière lui ; vous avez eu beaucoup de chance qu'on soit dans les parages.
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Infierno
Science FictionLe monde s'éteint. Et cette fois, ce n'est pas un film. La terre est ravagée, la nature se défoule sur les humains et reprend ses droits. Parmi cet enfer, Eleana essaie de survivre coute que coute. Entre trahison, amour, survie, elle devra faire des...