Nous suivions Henri depuis une demi-heure environ. Nous étions toujours sur nos gardes mais pour ma part, je trouvais qu'il dégageait quelque chose de chaleureux.
On ne recroisa plus un des monstres qui nous avait attaqués. Une femme nous confirma qu'il s'agissait bel et bien d'enfants. D'après ses dires, la ville – comme plusieurs autres dans le pays – avait subi une maladie qui ne touchait que les plus jeunes. Ça les transformait en des bêtes féroces qui n'hésitaient pas à tuer leurs propres parents. Ils les appelaient los lobos, ce qui signifie « loups » en espagnol. Les gens de la ville avait fini par la déserter mais certains d'entre eux avaient voulu rester et s'étaient réfugiés dans un motel au nord d'Austin.
Une fois arrivée au motel, je restais figée. Les rescapés avaient commencé à construire une barrière afin de protéger le bâtiment et elle était presque finie. Ils avaient également commencé à faire pousser des légumes et gardaient des cochons dans un coin.
Aaron posa une main dans le bas de mon dos afin que je continue de marcher.
- Je vais vous montrer vos chambres, nous dit Henri. Seulement, il n'en reste que deux. Nous sommes de plus en plus nombreux et nous n'avons toujours pas eu le temps d'en construire d'avantage.
Aaron me regarda fixement. Je savais ce qu'il allait dire et je devais l'en empêcher. Il allait parler quand je me tournais vers Mathéo.
- On partage notre chambre ?
L'intéressé afficha un grand sourire et acquiesçai. Je jetais un regard furtif sur Aaron. Il semblait en colère. Tant mieux.
Nos chambres étaient l'une à côté de l'autre. Elles possédaient toutes deux un grand lit et étaient très spacieuses. Mathéo se précipita sur le lit.
- Je prends le côté de droite !
Je rigolais.
- Comme tu veux !
Je me dirigeais en premier lieu dans la salle de bain, en prenant soin d'emporter des habits avec moi. La douche me fit le plus grand bien et j'y restais de longues minutes.
Une fois propre et les cheveux attachés, Mathéo prit ma place dans la salle de bain.
La porte de ma chambre s'ouvrit, d'abord doucement, puis rapidement. Aaron entra dans la chambre et posa un doigt sur sa bouche pour me faire signe de ne pas faire un bruit. Je fronçais les sourcils tandis que Mathéo commença à faire couler l'eau.
Aaron s'approcha d'un pas décidé vers moi et me poussa contre le mur à côté du lit. Ses deux bras me tenaient prisonnière.
- À quoi tu joues Eleana ? chuchota-t-il contre mon oreille.
Mon prénom sonnait comme une caresse dans sa voix. Je relevais le menton, essayant d'ignorer ce que mon esprit me dictait de faire.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Oh si, tu vois très bien.
Sa bouche effleura ma joue et se retrouva en face de la mienne.
- Je ne vais pas supporter de te voir avec lui.
Son souffle caressait mes lèvres.
- Parce que tu as peur que je lui révèle mes petits secrets à lui plutôt qu'à toi ?
Il pencha la tête sur le côté, un sourire en coin.
- Je trouverai ce que tu caches ELeana.
Un de ses mains descendit jusqu'à ma hanche.
- Mais ce n'est pas tout ce dont j'ai envie.
Il déposa un léger baiser sur ma mâchoire et remonta sa main jusqu'à mon visage. Un de ses doigts me caressait les lèvres et il me couvrait d'un regard de braise.
Avant que je n'aie pu répondre, l'eau s'arrêta de couler dans la salle de bain et Aaron sortit de la chambre.
Je restais contre le mur, incrédule tandis que Mathéo sortais de la salle de bain.
- Est-ce que tu vas bien ? me demanda-t-il le front plissé.
Je revins à moi en quelques secondes.
- Oui !
Il s'approcha de moi. Il était torse nu mais paraissait plus fin qu'Aaron. Il remit une de mes mèches de cheveux en place puis s'éloigna. Je lui lançais un faux sourire, toujours préoccupée par ce qu'Aaron venait de m'avouer.
Ayant besoin d'air, je sortis de la chambre. La neige qui recouvrait le sol avait gelé et les personnes marchant dessus faisaient de leur mieux pour ne pas tomber.
Je me dirigeais vers le potager. À côté de celui-ci se trouvait un pommier dont les fruits me donnaient l'eau à la bouche.
- Prends-en une, c'est cadeau.
Je tournais la tête vers la voix et sourit à la femme enceinte qui venait de me parler.
- Merci ! Je m'appelle Eleana, dis-je en cueillant le fruit.
- Sarah. Il parait que tu viens de Charlestown.
Je baissais les yeux. Est-ce qu'elle savait que j'avais été une prisonnière ? J'acquiesçais lentement.
- Tu en as fait des kilomètres ! s'exclama-t-elle ; est-ce que c'est vrai que c'est horrible, à l'extérieur de la ville ?
Je mordais dans la pomme bien rouge.
- Oui. Mais on n'avait encore jamais vu d'enfants mutants.
Son regard se remplit de tristesse.
- J'ai choisi de rester en ville parce que l'un de ces enfants est le mien.
Je manquais de m'étouffer avec mon morceau de pomme.
- Oh mon dieu, je suis désolée, je ne voulais pas...
- Ne t'en fais pas, me dit-elle avec un sourire amical.
Elle posa une main sur son ventre rond et soupira d'inquiétude.
- J'espère que la maladie ne l'emportera pas lui aussi.
Je lui offris un sourire chaleureux et posais la main sur son bras.
- On le protégera coute que coute.
Elle hocha la tête en signe de remerciement et se détourna de moi pour rejoindre son mari.
Le froid me poussa à retourner dans ma chambre lorsque je fus attirée par un bruit. Tout le monde dans la cours semblait également l'avoir entendu car ils se figèrent. Un homme rentra dans notre semblant de forteresse, essoufflé et le visage ensanglanté.
- Ils arrivent ! Hurla-t-il, les Lobos ! Ils sont une centaine.
Et d'un coup, se fut le chaos. Les femmes partirent se cacher tandis que les hommes, armés se positionnèrent à l'entrée de notre camp.
Pour ma part, je partis chercher l'arme que j'avais laissée dans mon sac à dos. Je ne voulais pas faire partie de ceux qui se cachaient. J'allais me battre et leur montrer de quoi j'étais capable.
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Infierno
Science FictionLe monde s'éteint. Et cette fois, ce n'est pas un film. La terre est ravagée, la nature se défoule sur les humains et reprend ses droits. Parmi cet enfer, Eleana essaie de survivre coute que coute. Entre trahison, amour, survie, elle devra faire des...