Chapitre 4. Partie I : Intérêt.

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Je toque contre la porte de la salle 110 et le prof m'ouvre dans son pullover rayé.

— Désolée du retard ! J'étais dans l'bureau de Mr. Lambert, je m'excuse aussitôt.

Je lui tends le mot du proviseur. Une fois lu, le prof d'Histoire relève la tête sous les boucles de sa tignasse foncée.

— Donc, c'est vous la nouvelle ?

J'acquiesce.

— Allez-y ! m'encourage-t-il en se poussant sur le côté.

J'entre et naturellement l'ensemble des élèves me guette de long en large. Je ne m'y attarde pas longtemps et fonce vers une table libre au fond. C'est sans compter l'intervention de Mr. Austin dont le nom est indiqué sur mon nouvel emploi du temps.

— Hum, jeune fille ! Vous ne pensez pas oublier quelque chose ?

Je sourcille. Quoi ?

— Allez ! Demi-tour et faites-nous le plaisir de vous présenter.

Sérieux ? Ça n'existe pas que dans les teen movies  ces conneries ? Déjà que je suis arrivée en retard, on peut pas faire pire pour attirer l'attention.

J'étouffe un soupire et fais demi-tour. Quand je fais face aux élèves ensuite, tout le monde se redresse sur sa chaise, impatients que je me dévoile. Peu encline à m'étaler sur les détails, j'enchaîne d'une traite :

— Je m'appelle Benedict et j'ai dix-sept ans.

— C'est tout ? commente Mr. Austin, assis sur son bureau.

— Euh... j'crois... ouais ?

— Pas de passe-temps ? De matières préférées ? Des raisons de ce changement d'école ?

Il veut un coup d'œil sur mon journal intime, aussi ? -j'en ai pas. Bref, je réponds :

— Mon père a un nouveau travail pas loin d'ici alors j'ai quitté Miami. J'aime bien la physique-chimie, l'art plastique, et...

— Ah ! Je vois que vous êtes une mordue de ces bandes dessinées japonaises, vous aussi ?

— Quoi ?

Mr. Austin pointe mon sac du doigt. Dans la petite poche latérale, j'aperçois le bout de la couverture rose d'un *shojo dont j'ai acheté les trois premiers tomes cet été.

— Ah...

J'entends quelques-uns chuchoter et d'autres pouffer de rire dans la classe. Bon...

Je range le livre dans mon sac lorsque j'entends :

— Avec ça, je parie que vous vous entendrez bien avec Anthony et Malik.

Je repère très vite ces deux garçons qu'on me suggère, alors que les joues prennent déjà feu chez celui avec des yeux étroits et allongés, lorsque les sourcils touffus de celui typé indien au premier rang rident son front de mécontentement.

— Quoi ? tonne-t-il. Moi, j'lis pas ces histoires cucul la praline ! C'est pour les meufs, ça ! Hein, Tony ? lance-t-il en se retournant vers l'autre garçon.

Un miroir à travers le regard.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant