Chapitre 12 : Et si...

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— Allez ! Allez ! On passe aux matchs en un contre un, maintenant ! ordonne la prof de sport lorsqu'on revient sur le terrain.

Je feins de refaire mes lacets. En partant se rafraîchir du côté des vestiaires, Olivia m'a demandé si cela ne me dérangeait pas qu'elle rejoigne l'équipe de Leroy pour la deuxième heure et moi je lui ai assuré que non. Bien sûr que oui ! 

Mais, il paraît qu'il a quelque chose d'important à lui dire. Mon œil ! Il veut surtout profiter de sa compagnie. Et je le comprends ! Qui ne voudrait pas profiter de la compagnie d'Olivia ?

Bref. Difficile pour la nouvelle un peu coincée -beaucoup- que je fais de ne pas me retrouver dans pareille situation : larguée au milieu de toute cette familiarité que partagent mes camarades de classe. En clair, ce que j'ai toujours redouté en venant vivre à Boston. Fâcheuse et triste situation lorsqu'on a pour seule copine une des filles les plus populaires du lycée. Je soupire. 

Pourquoi précisément aujourd'hui les paniers de basket sont en panne ?

De l'autre côté, je vois les deux miss j'me plains alias Jennie et Molly. Olivia et moi avons joué contre elles pendant la première heure. Je pourrais donc les rejoindre à défaut d'avoir un adversaire. Mais, il en est hors de question ! Jouer avec Jennie et Molly est tout aussi pénible qu'avoir Jolan dans ses pattes. Elles sont chiantes ! Tout à l'heure, on a eu droit à ce genre de remarques pendant toute l'heure :

« Quand est-ce que ça sonne ? J'en peu plus, là ! » ; « Hé, Molly ! J'te laisse ma place. J'vais m'asseoir un peu »

En réalité, elle partait checker son téléphone. On a eut droit à ça aussi :

« Benedict, Oli ! Vous voulez pas jouer à notre place jusqu'à la fin de l'heure ? Façon, la prof surveille que dalle ! »

Ou encore :

« J'ai faim ! Tu m'passe un cookie, Jennie ? »

Sans blague. Jennie et Molly sont vraiment allées se goinfrer de cookie que la première cuisinait la veille. Avec la plus grande discrétion, bien entendu. Il fallait surtout pas que Campbell les grille sinon elle aurait demandé au grand dam des deux copines :

« J'peux en piqué un, les filles ? »

Trop possible, oui ! C'est pas pour rien que cette prof aux allures d'ado extravertie se confond si bien avec nous. Sans prévenir, les portes du gymnase s'ouvrent sur un garçon.

Daniel.

Ça fait qu'un bond dans ma poitrine. J'oublie souvent qu'on partage un autre cours que les maths. Avec le temps pourri dehors, il se pointe habillé d'un simple T-shirt et même pas celui-ci a pris la peine de mettre un jogging. Non, il porte un jean au-dessus de ses Mid 77 ; et le blondinet est si nonchalant dans ses gestes qu'il en devient provocant. Tout bonnement insolent.

Comme il y a une semaine, jour pour jour, il s'entretient quelques secondes avec la prof installée contre la table de match. Après quelques mots échangés, il se réfugie comme la dernière fois dans les gradins, écouteurs branchés. Un truc m'échappe. Pourquoi avoir sport dans son emploi du temps si il en fait pas ? Je comprends pas.

Peu importe, une idée me vient en tête. Je fourre rapidement mes lacets dans mes baskets et pars m'entretenir avec Campbell moi aussi.

— Madame, c'est possible que j'fasse le un contre un avec... Daniel ? 

La prof lève la tête de sa fiche.

— Daniel ?

Ses yeux aux couleurs de l'océan passent successivement du solitaire à moi.

Un miroir à travers le regard.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant