Chapitre 29 : Egoïsme aveugle.

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Narrateur externe.

Quatre ans plus tôt.

— Un, deux, trois, le dernier s'ramène les pecs à l'air demain !

— Hé, mais...

— Putain !

Avec le torse nu, les garçons se bousculèrent telle une tornade sur l'herbe. Daniel, Vince, et Nelson se jetèrent en premiers à l'arrière du pick-up.

— Bande d'enfoirés ! jura Jim, fâché de finir dernier. Nel, t'es un tricheur !

— Et toi, tu pues l'seum !

— Moi, j'dis que c'est l'heure d'éradiquer la brioche. Hein, Jimmy ? plaisanta Charlie, pinçant la bedaine de son ami. Surtout, tu t'défile pas demain !

Le blond avec les cheveux hérissés lui mit une beigne et tout le monde partit en fou rire. Alors que Jim allumait à présent le moteur, pour se faire pardonner le bouclé avec des yeux émeraudes vint s'asseoir sur le siège passager. Enfin, le pick-up qu'ils empruntaient au grand-père de Vince prit la route jusqu'à leurs pâtés de maisons situées au Centre de West Hartford. Sur la peau, le vent doux et chaud de la saison vint éclipser les dernières gouttes de leur baignade.

C'était l'été et pour leur dernier jour avant le retour des devoirs et des interro, Daniel et ses copains décidèrent au petit matin de conclure les vacances en se jetant dans le lac. Entre batailles d'eau et éclats de rire, leur amitié s'était une fois de plus cristallisée.

Amitié que les garçons nourrissaient depuis la sixième -quand le petit râblé de Jim avait une classe de plus à son effectif- incluant six ans de bagarres, joies, rancœurs, galères, et quatre cents coup vécus bras dessus-dessous, mais surtout de souvenirs dont le cœur de Daniel en serait à jamais nostalgique.

Alors qu'Anthony Kiedis chantait à la radio, Charlie actionna la manivelle à moitié cassée de la portière avant de surgir de la fenêtre, ses boucles à contre-courant du vent.

— Hé, les mecs ! héla-t-il le trio qui se prélassait à l'arrière du pick-up.

Il leur proposa un pack de bières blondes sur lequel se ruèrent les trois bonhommes. Vince tonna ensuite :

— Pour Becky et son ex !

Mais, les garçons ne trinquèrent jamais alors que Nelson se rembrunit sous cette petite mèche de café s'échappant de ses cheveux humides.

— Vas t'faire foutre, Vince !

En face, le blond aux yeux de cristal éprouvait la même indignation tandis qu'il traçait d'un geste nerveux le goulot de sa bouteille.

— Oh, ça va ! se défendit le brun, replaçant en arrière sa longue chevelure de chocolat, à la manière d'un Johnny Depp -made in 90. T'étais à deux doigts d'nous mettre un plan pour une meuf pas foutue t'accorder du temps ! Faut bien que j'la remercie pour cette faveur, non ?

Eux tous savaient combien Rebecca et Vince étaient aux antipodes de l'amour. Ils se détestaient.

— Arrête un peu, Vince ! grogna cette fois Daniel. Elle t'as rien fait !

— Et toi remballe ! C'est ta meuf ou la sienne ? répliqua celui-ci en désignant Nelson.

Parce qu'il la détestait justement pour ce côté frivole qui poussait Rebecca à préférer une après-midi avec son ex plutôt que son mec, mais surtout ce côté frivole qui se jouait des sentiments de ses deux meilleurs potes amoureux de la même fille. Malheureusement pour le blond, c'est pour la beauté rebelle du brun que les yeux noirs de jais de Rebecca brillaient.

Un miroir à travers le regard.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant